L’engrenage des camps dans la Seconde Guerre mondiale

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          Camps des démocraties

En 1939, la France entre en guerre des réfugiés allemands et autrichiens dès septembre 1939, et des italiens dès juin 1940 sont arrêtés. Même les russes sont arrêtés à partir de juin.  A partir du 13 mai 1940, les réfugiés allemands sont obligés de se rendre dans des endroits de rassemblement. La police française rassemble alors tous les ressortissants allemands âgés de 17 à 55 ans sans tenir compte de l’idéologie antifasciste que manifestent plusieurs réfugiés, ils doivent alors se rendre au stade Buffalo. On applique la même mesure aux femmes célibataires, sans enfants et âgées entre 17 et 65 ans le 17 mai 1940. Elles, doivent se rendre au Vélodrome d’Hiver. Ainsi se retrouvent dans les camps des réfugiés politiques, des citoyens allemands ou autrichiens, des juifs et quelques espagnols. On arrive environ à une centaine de camps. Les « sujets ennemis » (réfugiés allemands) sont parqués en province puis, face à l’avancé des allemands, ils sont transférés dans les camps du sud de la France qui se vident progressivement des espagnols. C’est ainsi qu’en mai 1940, sont transférés 2 364 femmes à Gurs; au mois de juin on en compte 63 056.  A partir de l’été 1940, le nombre d’internés diminue, car, avec la signature de l’armistice, on livre les opposants au régime d’Hitler qui s’étaient réfugié en France à l’Allemagne.

A partir de l’automne 1940, la France est divisée en deux. Les camps d’internement ne dépendent plus du ministère de la défense et de la guerre mais du ministère de l’intérieur, gouvernement de Vichy. On accorde alors à la police de nouveaux moyens pour surveiller les camps. Les internés doivent être répartis en trois classes : les dangereux seront placés au camp du Vernet, ceux à surveiller au camps de Gurs et les plus calmes à Argelès. A partir du 4 octobre 1940, la publication d’une loi par les préfets et sous l’influence des nazis permet l’internement de plus de personnes. C’est en 1942 que la situation des juifs de la zone occupée et de la zone libre change radicalement, avec la mise en place de la solution finale. Le régime de Vichy fait une distinction entre les juifs français et étrangers ; ce sont d’abord les juifs étrangers qui sont livrés aux allemands- puis les juifs français qui sont livrés et déportés à leur tour. La déportation est organisée par les préfets et les chefs de police. On fait même parfois appel à des habitants qui sont rémunérés de 8 à 12 francs pour procéder aux fouilles comme le 7 août pour un départ de Pithiviers.

Durant la guerre les camps commencent à s’exporter outre Atlantique. Le 7 décembre 1941 l’attaque de Pearl Harbor, entraîne l’entrée en guerre des américains, suivie de la mise en place de camp de concentration par les États Unis. Le FBI dresse, plusieurs mois avant cette entrée en guerre, des listes des personnes qui pourraient être des ennemis pour la nation : des Allemands, des Italiens et des Japonais. Les personnes arrêtées, 2600 en février 1942, sont le plus souvent des leaders de la communauté japonaise. Ils sont envoyés dans des camps dis de réinstallation. Dans l’administration et l’armée, les japonais sont mis à des taches peu importantes et parfois même renvoyés.

En janvier 1942, le pays connaît de nombreux changements ; des zones interdites ou ayant un règlement spécial pour les ennemis suspectés sont créées, puis un couvre-feu est mis en place et enfin une limitation de leurs déplacements à 8 kilomètres de leur domicile1. Les banques liquident les comptes des japonais et le ministère de l’agriculture confisque leurs terres.

L’internement se passe en plusieurs étapes ; il y a dans un premier temps l’envoi dans des centres de rassemblements, puis une minorité va aller dans des camps d’internement. Les autres vont dans des camps de transit. Les conditions de vie dans ces camps ne sont pas très bonnes (manque sanitaire, absence d’électricité) mais incomparables avec ce qui se trouve en Europe au même moment. Ces camps sont de véritables villes ; on y trouve une poste, un hôpital, des pompiers, une bibliothèque et de nombreux autres établissements. Sur place, on peut faire des travaux (aménagements, conduite d’eau) qui sont rémunérés. Bien que cela soit compliqué à organiser, les détenus peuvent également recevoir des visites.

Par la suite, les japonais sont envoyés dans des centres de réinstallation. C’est plus de 120 000 personnes qui sont concernées. Le premier de ces camps est le camp de Manzanar, ensuite neufs autres camps vont être construits selon son modèle, c’est à dire une infrastructure sommaire, des fils barbelés et des miradors. Les autres camps sont Amache, Gila River, Poston, qui sont construits dans l’ouest des États-Unis2. Ce sont bien des camps de concentration, cependant les conditions de vie n’ont rien à voir avec celles camps nazis ou soviétiques car il ne s’agit pas de punir mais de surveiller.

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1: KOTEK J. RIGOULOT P. Le siècle des camps : détention, concentration, extermination : cent ans de mal radical, Paris, JC Lattès, 2000, p. 476

2: Ibid., p. 479