Camps des régimes totalitaires
A partir de 1939, avec l’entrée en guerre de l’Italie, le système Mussolinien change. En effet, dès le 1er septembre 1939 les camps de concentration apparaissent en Italie. On y enferme 1451 étrangers et 458 Italiens. C’est à partir du 10 juin 1940 que l’on décide d’arrêter les juifs par « mesure de sécurité », mais la violence ne sera jamais requise même lors de désobéissances. Fin octobre 1940, on compte 331 juifs détenus dans les camps, mais au fil des années de guerre le nombre de détenus s’accroît. Au début de l’année 1943 on compte 10 000 détenus et près de 51 camps de concentration situés dans le sud de l’Italie. Les camps sont rarement des baraquements de fortune entourés de fils de fer comme on pouvait le voir en Allemagne, ce sont plutôt des écoles, des châteaux, des couvents… Quelques camps sont uniquement destinés aux juifs, les autres sont mixtes. Les conditions de vie y sont difficiles mais pas inhumaines. En effet, un décret signé par Mussolini le 4 septembre 1940 précise que les détenus des camps ne devront pas subir de violences et que tout travail serait rémunéré. De plus, les détenus de nationalité italienne pourront sortir du camp le jour, chose impossible dans les camps nazis. Mais notons tout de même que cette politique n’a pas toujours été respectée, comme par exemple dans le camp de Ferramonti-Tarsia destiné aux juifs, qui a été l’un des camps les plus autoritaires. Même si le camp de Ferramonti-Tarsia est l’un des plus autoritaires, il reste très éloigné du fonctionnement des camps nazis ou soviétiques. En effet, les détenus sont appelés 3 fois par jour mais ils ne restent pas des heures dans le froid comme dans les camps de l’Allemagne nazie ou de l’URSS. De plus les détenus ont des droits de sortie pour se soigner, pour assister à l’enterrement d’un proche ou tout simplement pour assister à des concours ou à des examens. On y organise des matchs de football, des concerts, des organismes charitables peuvent intervenir dans le camp et les chrétiens du camp obtiennent la venue d’un prêtre. Il y a quand même quelques interdictions, comme les jeux de cartes ou les journaux en langue étrangères. Le 25 juillet 1943, suite à la perte de pouvoir de Mussolini, de nombreux détenus sont libérés mais rarement des juifs. Les choses vont empirer pour eux avec la création, en septembre 1943, de la république « sociale » de Salo, où l’on vit sous le contrôle Allemand. Les juifs sont alors considérés comme « nationalité ennemie », on confisque leurs biens et ont les enferme dans les différents camps depuis lesquels ils seront envoyés par la suite dans les camps d’extermination de Pologne ou d’Allemagne. De plus, le camp de Rainero (ancien entrepôt de riz) possédait un four crématoire et une chambre à gaz où auraient été gazées entre 1000 et 2000 personnes1.
La Seconde Guerre mondiale apporte aussi un changement des camps italiens et soviétiques. Après le Pacte Germano-Soviétique en Aout 1939, l’URSS entre en guerre le 17 septembre 1939. L’URSS occupe la partie est de la Pologne et en 1940 les Pays Baltes, la Bessarabie et la Bucovine du Nord. Plus de 500 000 habitants de ces pays sont déportés en janvier 1941. L’Allemagne nazie envahit l’URSS en juin 1941 et les Allemands de la Volga sont internés le 28 août 1941. Le chef du NKVD, Lavrenti Baria, déplace des milliers de prisonniers loin du front. Les usines furent déménagées et transformées en fabriques de matériel militaire. Cela amenait des milliers de citoyens soviétiques à être emprisonnés au Goulag pour « propagande défaitiste » ou « sabotage de l’effort de guerre ». Durant la Seconde Guerre mondiale, le taux de mortalité augmenta dans les camps soviétiques pendant l’hiver 1941-1942, la famine fit 25 % des décès dans les camps. Des lors que Staline prend l’avantage sur les nazis et retrouve les régions perdues, les peuples accusés de trahison sont déportés dans le Goulag. De 1941 à 1944, les troupes du NKVD déportent par vague des peuples entiers pour lutter contre l’ennemi intérieur. Dès les premiers mois de l’entrée en guerre de l’URSS, 82% des allemande qui vivent en URSS, soit 1.2 million de personnes, sont déportés. Entre novembre 1943 et juin 1944 plus de 900 000 Tchétchènes, Ingouches, Ukrainiens, Tatars de Crimée, Karatchaïs, Balkars et Kalmouks sont déportés dans les camps. 130 000 Grecs, Bulgares, Turcs, Arméniens et Kurdes sont arrêtés et internés dans les camps. Le gouvernement soviétique crée en 1944 un département spécialisé pour les prisonniers de guerre, séparé de la bureaucratie du Goulag. En 1945, plus de 4 millions de prisonniers de guerre s’entassent dans les camps.
Comme l’URSS, le Japon connaît une expansion de ses camps. Avec la Seconde Guerre mondiale, le Japon met en place de nouveaux camps de concentration qui sont bien plus nombreux que les précédents. Les prisonniers de guerre sont traités d’une manière très dure. Les conditions de vie difficiles entraînent énormément de morts. Par exemple, le camp O’connell dénombre entre avril et décembre 1942 plus de 1500 morts2 de soldats américains. Il y a aussi de nombreuses marches de la mort mises en place, des massacres et des privations de nourriture. On dénombre un fort taux de décès chez les civils, Américains, Britanniques, Hollandais et Indo-Hollandais. Les civils et les soldats durent effectuer des travaux pénibles et dangereux, comme la construction de ponts ou de voies ferrées. Ces gens vécurent un enfer entre les maladies (dysenterie, malaria), les moustiques, les punaises et autres. En un an, 23 000 hommes sont morts3. Les femmes et les enfants furent placés dans des camps provisoires avec des problèmes d’insalubrité. Après quelques mois, les femmes et les enfants sont placés dans les camps officiels. La nourriture manque vite, l’hygiène est déplorable et l’on rencontre des problèmes de surpopulation. Il y a une séparation des personnes dans les camps : séparation hommes et femmes, séparation des jeunes hommes et des jeunes filles ; car chaque camp a une utilité. Certaines jeunes femmes sont enlevées des camps afin de servir de « femme de réconfort » pour les soldats japonais.
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1 KOTEK J. RIGOULOT P. Le siècle des camps : détention, concentration, extermination : cent ans de mal radical, Paris , JC Lattès, 2000, 805p
2 : Ibid., p 484
3 : Ibid., p 487