La mémoire autour du camp passe par trois axes principaux. tout d’abord, on parle de mémoire s’agissant du site du camp du Vernet d’Ariège et de ce que les anciens internés et la ville du Vernet d’Ariège firent du camp et de ses vestiges. De plus, on parle de mémoire s’agissant des œuvres produites par des internés pendant leur passage au sein du camp pour, enfin, parler de mémoire s’agissant des œuvres produites et publiées par des anciens internés après leur sortie du camp.
Tout d’abord, le camp fut vidé entre 1946 et 1947 des différentes personnes qui y résidaient encore avant d’être partiellement rasé. Seuls subsistèrent le cimetière, le château d’eau, les tours entourant l’entrée et les maisons des gardiens qui étaient de l’autre coté de la RN20 et qui sont devenus par la suite des habitations. Parallèlement, une amicale des anciens internés politiques et résistants du camp du Vernet d’Ariège fut créée et encore aujourd’hui elle subsiste et cherche à faire perdurer la mémoire autour du camp. Le cimetière attenant au camp et présent sur la commune de Saverdun fut laissé à l’abandon par le propriétaire des terres si bien qu’envisageant de récupérer pleinement ses terres, le cultivateur souhaitait raser les lieux. Plusieurs pays exhumèrent leurs corps notamment l’Allemagne qui exhuma 44 corps et Israël qui exhuma 16 personnes. Le cimetière fut finalement vendu en 1972 et racheté par le Conseil Général puis réhabilité et réutilisé dans un but mémoriel. De plus, depuis 1986 fut créé un musée du camp au sein du village même du Vernet d’Ariège au sein duquel on peut retrouver notamment une maquette du camp. De plus, on peut retrouver au sein de ce musée des portraits effectués des prisonniers par l’encadrement dans un but administratif. En 1995, toujours dans un souci mémoriel, l’amicale réussit à racheter un wagon à bestiaux qu’elle installa à la gare afin de montrer la réalité des déportations au public. Plus récemment, un projet vient d’être mis en route afin de faire du secteur de la gare un lieu mémoriel avec une explication des déportations et de l’utilisation de la gare et du wagon entre les années 1939 et 1944, travaux lancés en novembre 2015.
De plus, afin de garder une santé mentale stable certains internés réalisaient des objets avec les matériaux trouvés dans le camp (bois, ferraille), on retrouve ainsi des jouets ou des sculptures fabriqués par les prisonniers qui sont conservés au musée du Vernet d’Ariège. Aussi des internés parfois anonymes ou de véritables artistes reconnus « le peintre hongrois Joseph Soos; le peintre allemand Otto Kuhns; le peintre roumain Isidore Weiss » ont dessiné des portraits de leurs camarades, ou encore du cadre de vie dans lequel ils évoluaient. Ces dessins sont en majorité réalisés avec ce qu’ils trouvent, de rares crayons, des bouts de tissus ou de papiers.
Ce paysage réalisé par Carlos Duchatellier, représente une vue générale d’une des section du camp, observée à travers les barbelés. On y distingue les allées de baraques dénuée de vie.
Cette autre réalisation de Duchatellier, propose une vision très désastreuse d’un des internés. On peut rapprocher cet individu à un des « Lépreux » que Koestler décrit dans son livre La Lie de la terre. On remarque le manque d’habits, alors qu’un homme en arrière plan possède une veste, ainsi que sa sous-nutrition.
Ce dessin de Constantin Sikatchinsky un interné Russe, semble avoir été réalisé avec du pastel. On remarque bien un baraquement typique du camp tout en longueur, avec les lavabos devant. Aussi les fameuses tinettes (la petite cabane à côté de la baraque) ainsi que la cuve qui devait être utilisée pour la corvée associée « Il fallait deux fois par jour, aller récupérer les tinettes, les vider par trois dans de grands baquets » .
Enfin, de nombreux internés décidèrent d’évacuer leur ressenti au sujet de leur passage dans le camp autour de différentes manières. Il y eut des dessins, mais aussi des livres qui sortirent dans les années suivantes. Ils ont été écrits par des personnes de lettres ou des journalistes qui furent internés au camp du Vernet. Arthur Koestler, dans son œuvre La Lie de la Terre publiée aux éditions poche en 1971 cherche à retranscrire la vie au sein de ces camps à travers sa propre autobiographie. Friedrich Wolf décrit à travers la vie d’autres prisonniers, la vie au sein du camp. Il écrivit Jules qui décrit la rencontre entre l’auteur et le personnage d’Aron Litère ainsi que leur vie au sein du camp, il écrivit aussi Kiki qui décrit la vie d’un petit chien qui aurait vécu quelques temps au camp du Vernet avant de se faire tuer par les gardes. Max Aub écrivit le Manuscrit Corbeau dans la langue qu’il parlait, l’espagnol, dans un genre satyrique et où l’œuvre est écrite d’une façon différente des autres autobiographies. Il utilise le point de vue d’un corbeau qui observait tout depuis les hauteurs du camp.