Luis Garcia Gallo fait partie de ces nombreux exilés républicains espagnols qui se sont retrouvés dès 1939 dans des camps d’internement. Il fut quant à lui emmené successivement au camp d’Argelès-sur-Mer puis au camp de Judes de la commune de Septfonds. Très vite, dans ce dernier établissement, il prend volontairement la charge de « speaker », auprès de trois collègues internés. Le travail consiste à accueillir les visiteurs à l’entrée du camp, à rigoureusement noter ces entrées et sorties et à prévenir l’individu en question qui reçoit de la visite.

Mariano Marcos Lerena représenté par son ami Luis Garcia Gallo; remarquons la moustache ainsi que le mètre, ce dernier est-il une référence au métier d’architecte qu’exerçait Mariano Marcos ?

Luis Garcia Gallo, surnommé « Le Coq » se lie d’amitié avec ses compagnons de labeur, et notamment le madrilène Mariano Marcos Lerena. Avec le papier qu’il arrive à se procurer grâce à la charge qui lui incombe, il s’amuse à dessiner ce qui l’entoure. Ainsi, dans quelques caricatures, on le voit représenter son ami au travail, parfois de manière originale. Effectivement, dans la photo ci-dessous, on voit le madrilène portant une moustache bien taillée, alors qu’en réalité la vie et l’hygiène du camp ne lui permettent pas de l’entretenir. Peut-être est-ce un moyen de garder une part de soi, malgré l’instabilité ? C’est ce que veut croire Mariano Marcos Lerena.

De manière étonnante, le caricaturiste étend sa pratique à une clientèle plus large, le personnel du camp. Celui-ci est friand des portraits que peut ébaucher l’artiste et récompense son œuvre, ainsi que le travail volontaire des quatre speakers, par le biais de privilèges divers : nourriture supplémentaire, droit hebdomadaire de sortie, cigarettes etc.