Nous allons ici observer l’évolution de la provenance des cadres administratifs. Le directeur est le plus haut responsable dans le camp, il a autorité sur tous les personnels y compris les gardiens. Il sert de relais à l’autorité préfectorale dans l’application des directives gouvernementales et doit coordonner les différents services au sein du camp. Nous pouvons observer qu’à la mise en place de certains camps comme à Noé le directeur peut être un civil réquisitionné, qui tente d’installer de bonnes conditions de vie malgré l’enfermement. C’est le Ministère de l’Intérieur qui, à l’ouverture des camps, se charge de recruter des chefs de camp, un grand nombre sont des officiers en congé d’armistice (Denis Peschanski). Cependant ces directeurs sont rapidement remplacés par des militaires aux mœurs beaucoup plus strictes, à Noé le changement de directeur a lieu après seulement une semaine, c’est un commandant de la garde nationale qui lui succède et jusqu’en 1944, le chef de camp est un officier de réserve. À partir de 1942, nous assistons à un retour des civils aux commandes des camps d’internement. Ils sont sélectionnés dans la mesure où ils ont déjà exercé un métier en lien avec la gestion. Le salaire faible est un frein au recrutement de personnes plus qualifiées, au même titre que la difficulté de la tâche. Durant la période des déportations, ils ont la mission d’établir et de transmettre les listes des personnes destinées aux camps de concentration et d’extermination de l’Est de l’Europe. D’autres camps connaissent plusieurs changements de directeurs, quatre pour le cas de Brens. Le tout premier directeur de ce camp est un commissaire de police qui dirige déjà Rieucros. Le dernier directeur en 1944 est un lieutenant de gendarmerie anciennement gestionnaire du camp du Vernet.
Les comptables ont pour rôle de s’occuper des finances des camps, de réguler les dépenses liées au ravitaillement alimentaire et médical. Ils ont également la charge de veiller sur les liquidités et les biens de valeur parfois confisqués aux internés à leur arrivée. Nous pouvons observer une légère évolution de leur rôle après 1942. Effectivement leur tâche est rendue encore plus complexe lorsque le budget des camps d’internement est diminué. Ils doivent faire face à de nombreuses contraintes qui entraînent l’endettement de certains camps. Leur recrutement continuant à être inapproprié, on trouve de nombreux rapports de l’Inspection Générale des Camps dénonçant des prévisions erronées de dépenses ou de mauvais choix de fournisseurs qui imposent des prix trop élevés.
Nous pouvons ainsi voir que les fonctions administratives sont, bien que très importante pour le fonctionnement des camps, soumises à d’importantes difficultés de recrutement et de fonctionnement.