Le Personnel Médical

Une autre catégorie importante de personnel concerne le secteur médical, médecins et infirmières, chargés de la santé des internés et de l’hygiène générale du camp. On remarque dès la mise en place des camps d’internement, hôpitaux ou non, un manque d’effectif.

Effectifs généraux des camps de la zone Sud (Source : Denis PESCHANSKI, Les camps d'internement français (1938-1946))

Effectifs budgétaires prévus et réels sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur. Le personnel en fonction est visiblement insuffisant.

Il est intéressant de voir les effectifs budgétaires prévus par le Ministère de l’Intérieur en juillet 1942 et la réalité des effectifs en fonction. Au fil du temps les effectifs médicaux sont de plus en plus restreints avec par exemple une réduction du personnel médical à Noé en 1943.

Effectifs des camps de Noé et du Récébédou (Source : Tableau élaboré à partir des données des mémoires de Master de Noé et du Récébédou)

On note une disproportion entre le nombre d’internés et l’effectif médical proposé. En 1941 le camp de Noé pourtant trois fois plus peuplé que celui du Récébédou dispose d’un nombre équivalent de personnel.

En dehors des camps hôpitaux, il n’y a que très peu de médecins attachés directement à un camp(Denis PESHANSKI, La France des camps, 2002), il s’agit souvent de médecins qui pratiquent également en dehors de ces structures. En effet, à partir de 1942 c’est le médecin du village qui s’occupe des soins des internés à Noé. Une grande partie du travail médical est alors déléguée aux internés compétents en la matière qui ne sont en effet pas rares dans les camps. Du personnel extérieur comme des dentistes, en provenance des villes proches du camp (Muret pour Noé), intervient aussi de façon hebdomadaire. Au Récébédou, un ophtalmologiste et un dentiste se rendent dans le camp respectivement deux fois par mois et une fois par semaine (Eric Malo, Le camp de Noé des origines à novembre 1942, mémoire de maitrise sous la direction de Jean Estebe, 1985).

dessin d'internée-la visite médicale

Dessin réalisé par Dora SCHAUL, une internée du camp de Brens. Celui-ci met en scène le contrôle de la santé des détenues par le médecin du camp en la présence d’une interprète.

Après 1942, les médecins attachés aux différents camps sont en sous-effectifs et leur équipement de soin, déjà peu complet, devient de plus en plus insuffisant de par les coupes budgétaires des camps. Leurs conditions de travail sont également déplorables dans le sens où ils ne possèdent pas, ou très peu, de protections efficaces contre les maladies, de plus ils déambulent de lits en lits pour voir les malades ce qui diminue l’hygiène déjà fortement déficitaire. De leur côté, les infirmières sont en sous-effectifs nets et manquent pour la plupart de qualifications et de formations appropriées. Tout ceci vient participer à la désorganisation du système sanitaire au sein des camps d’internement. Le personnel doit faire face à l’apparition de maladies dues à la malnutrition (cachexie) causée par le manque d’approvisionnement des camps. Nous assistons alors, en plus des difficultés de recrutement, un manque cruel de fournitures médicales et un désengagement progressif du personnel, tout ceci participant à la dégradation générale des conditions sanitaires dans les camps.