Action quotidienne de la CIMADE dans les camps

La CIMADE apporte essentiellement une aide morale et spirituelle aux internés. Sa principale action consiste à procurer une assistance sociale, mais également à évangéliser les personnes internées dans les camps. Elle met ainsi en place des structures telles que des groupes de paroles, des moments de prière, et des structures culturelles. Les activités artistiques sont également primordiales pour lutter contre les journées interminables du milieu carcéral, et donc l’ennui des internés. De ce fait, ce sont les qui fournissent les instruments de musique nécessaires à de tels ateliers comme des violoncelles, des violons, des accordéons ou des pianos. Au camp de Rivesaltes, une scène est aménagée pour accueillir certains concerts, chorales et représentations théâtrales. Un cinéma itinérant se déplace de camp en camp avec un projecteur financé par les YMCA. Il semblerait même que, parfois, le personnel du camp s’associe à ces soirées de festivités et de communion, comme le laisse supposer Lucie Gonthiez, une équipière présente au camp de Rivesaltes dès 1941 :

« Ce soir, le gardien qui devait venir jouer du violon n’est pas venu,

sans prévenir, aussi la soirée s’est terminée piteusement. »

La CIMADE, bien que très démunie financièrement, s’est profondément singularisée par rapport aux autres œuvres caritatives grâce au pluralisme des activités proposées aux internés des camps du sud-ouest de la France. L’association se donne donc en premier lieu comme mission d’entrer dans les camps pour pourvoir aux besoins constants des internés. Toutefois, cette entrée demeure complexe pour les bénévoles de diverses associations car, comme nous l’expliquions précédemment, mis à part le CICR, aucune organisation humanitaire n’obtient l’aval de l’administration des camps. Toutefois, la stratégie de la CIMADE paie. En envoyant deux femmes de poigne (Madeleine Barot et Jeanne Merle-d’Aubigné), mais également de douceur, la CIMADE entre enfin dans les camps. Toutefois, le statut de l’association n’est reconnu nulle part. Ainsi, les différents équipiers, ne peuvent être nommés comme tels, mais juste comme de simple bénévoles venus de leur plein gré. C’est à la suite de la ramification complète de l’organisation, et de l’autorisation des différentes administrations des camps, que l’on voit vraiment émerger cette association en tant que telle. Madeleine Barot et Jeanne Merle-d’Aubigné s’installent dans une baraque du camp de Gurs à la suite de la Croix-Rouge et suivie des Quakers en 1939.

Le camp de Gurs peut être qualifié de « laboratoire » de l’action de la CIMADE, mais celui de Rivesaltes est également révélateur du tissu associatif bénéficiant aux internés. Il faut attendre le 30 Juin 1941 pour voir la CIMADE s’installer à Rivesaltes après autorisation du commandement du camp. Aidée de Madeleine Barot qui tente d’organiser les foyers sur le modèle de ceux qu’elle a instauré à Gurs, une équipière de la CIMADE nommée Lucie Gonthiez, reste presque seule à Rivesaltes de mi-août à fin septembre 1941. Dans les différents camps, des sermons et des sacrements sont prononcés par des pasteurs de passage. Les fêtes liturgiques sont des moments précieux d’échanges entre les internés.Les foyers sont des également des lieux d’écoute ouverts jusqu’à 22 heures le soir. Ces foyers sont aussi un moyen pour les internés de porter des réclamations de tout type, notamment en cas de brutalité causée par le personnel mais également entre les prisonniers.

Foyer CIMADE-YMCA probablement de l’îlot K (de gauche à droite : Tracy Strong, Elisabeth Perdrizet, André Dumas et Françoise Renne) Source : Le Mémorial de la Shoah/CDJC-MII-436

Foyer CIMADE-YMCA (de gauche à droite : Tracy Strong, Elisabeth Perdrizet, André Dumas et Françoise Renne)