Les Juifs et les Tziganes sont parmi les premiers à faire les frais de la nouvelle politique d’exclusion menée conjointement par Adolf Hitler et le gouvernement de Vichy.
À la suite de la défaite de la France contre l’Allemagne, les Juifs sont les plus ciblés par la politique d’internement menée par Vichy. Dans un premier temps, ils sont mis en marge de la société française au moyen d’une persécution récurrente qui débute avec la parution d’un décret-loi de juillet 1940 faisant perdre la nationalité française à 8000 Juifs, les rendant ainsi apatrides.
À la suite de cette mesure anti-juive, une ordonnance, datée de septembre 1940, énonce les critères d’appartenance à la religion juive, et ordonne le recensement de cette population. Elle s’accompagne également d’une interdiction de quitter le territoire. Cela a entraîné la création de la loi du 3 octobre 1940, interdisant aux Juifs français d’exercer certaines professions comme celles de fonctionnaire, d’enseignant, de journaliste, etc. Par la suite, un enchaînement de mesures restrictives à leur encontre a participé à leur exclusion, avec, par exemple le « Deuxième statut vichyste des Juifs ». L’importance du décret est telle qu’elle autorise les préfets à appliquer l’internement administratif des Juifs de nationalité française.
Ayant pour motifs leur « culpabilité » dans la défaite de la France et leur appartenance religieuse différente, les Juifs français sont internés progressivement. Ces internés, au nombre de 40 000, sont répartis dans des « centres spéciaux », appelés communément des camps d’internements, tel que celui de Gurs, où ils sont rejoints par les réfugiés juifs allemands.
L’internement est aussi le sort subi par les Tziganes, d’abord perçus comme dangereux pour la sécurité nationale de par leur style de vie nomade. Ensuite, ils sont considérés par le gouvernement comme des espions ennemis du fait de leurs déplacements incessants à travers le territoire français. Le fait qu’ils n’aient pas de travail stable font d’eux des « bouches inutiles » ce qui les rend encore plus « indésirables » pour le gouvernement. Cela constitue les principaux motifs de leur persécution.
Déjà en possession d’un carnet anthropométrique, permettant de les identifier et de les recenser depuis 1912, ils sont, à partir d’octobre 1939 interdits de circulation. Au départ, cette interdiction est effective sur certains départements de l’Ouest de la France puis sur l’ensemble du territoire français à partir du 6 avril 1940 jusqu’à la fin de la guerre. Cette même loi a amené l’assignation à résidence des Tziganes sous surveillance policière. Chaque « groupe » de nomades étant sous la responsabilité d’une brigade, ils ont la permission de circuler uniquement dans la zone autorisée par celle-ci.
Les Tziganes ont été internés, sur initiative des Allemands qui ont souhaité impliquer les Français dans leur épuration. Cependant, l’ordonnance rendant l’internement des Tziganes obligatoire a été volontairement appliquée par le régime de Vichy le 4 octobre 1940. Ils ont été internés dans des camps d’internement, tel celui de Mérignac-Beau-Desert, qui a accueilli jusqu’à 320 Tziganes. Ces derniers ont été par la suite transférés dans des camps d’Indre et Loire, tels que la Lande et la Mollerie.