Les camps de la Troisième République, mis en place par le gouvernement de Daladier, ont pour fonction d’accueillir les réfugiés politiques des pays voisins (Espagne, Allemagne, Italie). En 1938, lors de la Rétirade des milliers de républicains espagnols viennent se réfugier en France. Néanmoins, les réfugiés étant devenus trop nombreux sur le sol français, les camps ont pour but de répondre à une logique exceptionnelle de guerre. En effet, les frontières françaises sont ouvertes aux républicains espagnols mais la situation étant devenue ingérable, le gouvernement de Daladier met en place l’internement administratif de tout étranger devenu « indésirable ». Vichy ne fait que normaliser et généraliser cette tendance. C’est donc pour ces raisons que les républicains espagnols ont été internés dans les camps d’internement du Sud-Ouest de la France. Ils passent ainsi du statut de réfugiés au statut de prisonniers politiques. D’autre part, les immigrés provenant d’autres pays que l’Espagne comme les Allemands anti-nazis ont subi le même sort et ont été internés en tant que réfugiés politiques.
Il est ici important de distinguer réfugiés politiques et prisonniers politiques. En effet, les réfugiés politiques qui fuient le régime en place dans leur pays d’origine deviennent sous Vichy des « indésirables ». Ainsi, ils deviennent des prisonniers de guerre, comme c’est le cas des républicains espagnols. En revanche, les prisonniers politiques sont des individus désignés d’office par Pétain comme des opposants au régime ou comme des individus représentant une menace pour l’ordre établi. Les opposants politiques regroupent donc des membres du gouvernement de Daladier, du Front Populaire et des résistants. En effet, après la mise en place du régime de Vichy, ces opposants sont désignés comme les responsables de la défaite et sont internés à ce titre dans les camps d’internement par le gouvernement pétainiste. En effet, l’acte constitutionnel du 30 juillet 1940 instaure une « Cour Suprême de Justice » dont le but est de juger les anciens ministres et leurs collaborateurs ayant « commis des crimes ou des délits dans l’exercice ou à l’occasion de leurs fonctions ou d’avoir trahi les devoirs de leurs charges » (Elisabeth de Réau).
D’autre part, la mise en place du régime de Vichy a provoqué en France un mouvement (certes minoritaire) de résistance à la politique collaboratrice du gouvernement pétainiste. Les résistants sont composés de personnes de tous les milieux sociaux et culturels. Les femmes sont également nombreuses à participer à la Résistance comme cela a été le cas de Laurette Alexis-Monet. Toutefois, la Résistance est fortement réprimée par le régime de Vichy, car elle porte atteinte à son idéologie et sa légitimité. En effet, leurs actions allant à l’encontre du système collaboratif en ont fait des victimes de la politique d’exclusion menée par Vichy. Les résistants sont donc sévèrement chassés, internés et torturés dans les camps pour motif d’opposants au régime.
Concernant la répartition des réfugiés et prisonniers politiques dans les camps du Sud-Ouest de la France, on note que la plupart du temps ceux-ci sont regroupés à l’intérieur de camps dit « mixtes », c’est-à-dire regroupant des prisonniers de nationalités et d’appartenances différentes. Le camp de Gurs dans les Basses Pyrénées est un parfait exemple de camp « mixte » car il regroupe quatre groupes d’internés : des républicains espagnols, des membres des brigades internationales venus en aide aux Espagnols, des Juifs étrangers ainsi que des militants politiques. Le nombre total de prisonniers détenus dans ce camp s’élève à environ 36350 internés entre avril 1939 et décembre 1945. En revanche, le camp de Septfonds a la fonction plus spécifique de regrouper les républicains espagnols, puis à partir de mai 1942 les individus faisant partie du 302e groupe de travailleurs étrangers (GTE).