Déclarations de Vichy à propos des juifs de France et réaction à la politique allemande.
Le régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain, gouverne la France depuis Vichy, qui est situé en zone libre jusqu’en novembre 1942, au cours de la Seconde Guerre mondiale, du 10 juillet 1940 au 20 août 1944 durant l’occupation du pays par les forces armées du Troisième Reich. Ce gouvernement va mener une politique de collaboration avec les nazis et instaurer des lois antisémites sous la Révolution nationale entreprise par Pétain. Dans une première phase, jusqu’en 1942, celle-ci se traduit par la suppression des libertés fondamentales, la mise en place d’un contrôle de la population, des interdictions et obligations auxquelles doivent se plier les juifs.
En effet le 22 juillet 1940 un écrit décide d’une révision des naturalisations. La révision porte sur toutes les acquisitions de nationalité française intervenues depuis la promulgation de la loi du 10 août 1927 sur la nationalité. Plus de 7 000 Juifs sont dénaturalisés. Par la suite, Vichy abroge le 27 aout la loi Marchandeau du 21 avril 1939, qui interdisait la propagande antisémite dans la presse, puis le 27 septembre les Allemands décrètent leur première ordonnance prescrivant le recensement des Juifs en zone occupée, dont la date limite est fixée au 20 octobre 1941. Le recensement se termine le 19 octobre et donne lieu à la création du fichier des Juifs de la Préfecture de police. Pendant ce recensement le gouvernement de Vichy promulgue une loi portant sur le statut des Juifs le 3 octobre 1940. Cette loi exclut les Juifs de tout poste dans la fonction publique et dans les professions artistiques. Cette ordonnance est suivie des premières rafles. Le gouvernement de Vichy a donc mis en place autant de restrictions que les Allemands contre les juifs et montre son implication dans la politique antisémite. Le gouvernement de Vichy ne va pas s’arrêter là, commençant à suivre pleinement la politique de l’Allemagne.
La France collabore avec les nazis sur les plans économiques en soutenant l’effort de guerre mais le gouvernement français va aussi collaborer dans la persécution des juifs. En effet Pierre Laval devenu vice-président du Conseil dès le 12 juillet 1942, engage l’Etat français dans la politique de collaboration avec l’Allemagne. Le 22 octobre 1940, il rencontre Adolf Hitler à Montoire et prépare l’entrevue de celui-ci avec Pétain deux jours plus tard. Cette attitude ainsi que de nombreux adversaires lui valent d’être mis à l’écart par le maréchal et même arrêté à la demande des autres ministres le 13 décembre. Cependant Laval est libéré peu après sur l’intervention d’Otto Abetz, ambassadeur du Reich à Paris, et poursuit ses contacts avec les Allemands. Ceux-ci imposeront à Pétain son retour comme chef du gouvernement à la place de Darlan le 18 avril 1942. Le retour au pouvoir de Laval coïncide avec la mise en place par les Allemands d’un plan de déportation des Juifs. Une ordonnance allemande rend obligatoire le port de l’étoile jaune en zone occupée à partir du 7 juin. Se réservant également les Affaires étrangères, l’Information et l’Intérieur, Laval doit faire face aux exigences croissantes de l’Allemagne et relance la collaboration. Laval invente le système de la relève pour répondre aux besoins allemands en main-d’oeuvre française et prononce à la radio le 22 juin 1942 un discours d’où est extrait la phrase devenue fameuse : « J’ai la volonté de rétablir avec l’Allemagne et l’Italie des relations normales et confiantes. De cette guerre surgira inévitablement une nouvelle Europe. […] Pour construire cette Europe, l’Allemagne est en train de livrer des combats gigantesques […] Je souhaite la victoire allemande, parce que, sans elle, le bolchevisme demain s’installerait partout. »1. Ensuite la Milice est instituée en janvier 1943, et Laval accepte dans son ministère entre 1943 et 1944 des collaborateurs extrémistes comme Marcel Déat par exemple. Laval, qui pense être le seul Français capable de négocier avec Hitler, mise tout sur une collaboration consistant à anticiper les désirs allemands et montrer toute une bonne volonté envers le vainqueur, sans en attendre de retour mais seulement dans le but de maintenir la reconnaissance par les occupants de l’autorité du régime de Vichy. Le gouvernement de Vichy va donc suivre la même politique que les nazis et va mettre peu à peu en place de nombreuses restrictions antisémites en zone non occupée. La zone « libre » ne constitue donc pas vraiment une zone où les juifs sont moins persécutés et ne subissent pas l’influence nazie.
La zone « libre », un refuge ?
La zone « libre » est, pendant la Seconde Guerre mondiale, après la signature de l’armistice du 22 juin 1940, la partie du territoire français située au sud de la ligne de démarcation, longue d’environ 1 200 km2 représentant en gros la moitié sud de la France. Cette zone est sous l’autorité du gouvernement de Vichy, la zone occupée étant située au Nord de cette ligne est quant à elle sous l’occupation des troupes allemandes. Cette frontière, étroitement surveillée, ne pouvant être franchie, ni dans un sens ni dans l’autre sans autorisation, est une contrainte importante pour les populations. S’accommodant pourtant de cette situation, des passeurs proposent, souvent contre rémunération, des moyens de traverser clandestinement la ligne à cause de la politique de persécution et des conditions difficiles dues à la guerre notamment des conditions de pénuries ce qui développe le marché noir.
Mais la zone Sud n’est pas forcément une bonne chose pour les Juifs, en effet cette zone sous le gouvernement de Vichy possède déjà des camps et à partir de la loi du 4 octobre 1940, tous les juifs étrangers peuvent être internés sur simple décision du préfet, ce qui augmente la population des internés et aboutit à la création de nouveaux camps (Rivesaltes, Noé, Recebedou ). Dans la France de Vichy, être étranger, c’est être un paria, surtout si l’on est juif. La politique de collaboration fait donc que cette zone ne garantit pas une sécurité certaine aux juifs, bien qu’il n’y ait pas d’occupation militaire allemande : en effet en août 1942, 10 0003 hommes, femmes et enfants juifs seront raflés par des gendarmes et des policiers français, au sud de la Loire, en zone dite « libre ». Allant même parfois jusqu’à devancer les demandes des nazis, le gouvernement de Vichy fait du zèle en décidant de déporter également des enfants. Les rafles n’avaient donc pas seulement lieu en zone occupée.
Néanmoins la zone « libre » est envahie le 11 novembre 1942 (opération Anton, variante du plan Attila) par les Allemands et les Italiens à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord le 8 novembre, et prend le nom de « zone sud » qui est partagée entre les deux envahisseurs. Ainsi, une zone recouvrant pratiquement toute la région à l’Est du Rhône (la totalité des départements de Savoie, de Haute-Savoie, de l’Isère, de la Drôme, des Hautes-Alpes, des Basses-Alpes, du Vaucluse, du Var et des Alpes-Maritimes avec des portions de l’Ain et de l’Ardèche), ainsi que la Corse, est attribuée aux Italiens. À Vichy, le gouvernement du maréchal Pétain et de Pierre Laval est placé sous le contrôle direct de l’occupant. Il perd l’illusion de son indépendance.
1 Extrait du discours prononcé à la radio le 22 juin 1942 par Laval.
2 ROUSSO Henry, Le Régime de Vichy, PUF, « Que sais-je ? », 2007.
3 ROUSSO Henry, Le Régime de Vichy, PUF, « Que sais-je ? », 2007.