La IIIe République, Vichy et les questions internationales

En 1918, la Première Guerre mondiale prend fin et laisse place à un contexte de désolation, tant économique que sociale, et ce dans l’ensemble des pays européens. Les populations et certains États, principalement les vainqueurs de la guerre, se promettent d’éviter à tout prix le renouvellement d’un conflit aussi dévastateur, à l’image de l’expression « Der des Ders ». En ce sens, de nombreux accords de paix sont signés, certains bilatéraux et d’autres multilatéraux comprenant notamment les Alliés. Les années 1920 sont, partout en Europe, tournées vers la reconstruction. Cette décennie, caractérisée par un certain pacifisme dû à la faiblesse des puissances européennes, n’est en réalité qu’un temps mort dans les affrontements politiques et idéologiques caractéristiques du XXème siècle. En effet, durant l’entre-deux-guerres, l’esprit revanchard de certaines populations et États européens, notamment allemand, se fait ressentir comme une menace sur le nouvel équilibre européen que peine à maintenir la Société des Nations, premier organisme international de maintien de la paix né du traité de Versailles en 1919. Ces tensions, existantes dès la signature des traités instaurant le nouvel ordre européen et les sanctions appliquées aux perdants de la guerre, sont exacerbées par la crise économique résultant du krach de 1929, entraînant partout une augmentation nette du chômage. Tous ces phénomènes rendent possible dans les années 1930 l’arrivée au pouvoir de figures autoritaires, de manière plus ou moins légale en fonction des cas. Dès lors, on observe une nouvelle forme de clivage en Europe puisque les nouveaux autoritarismes gênent par leurs provocations diplomatiques, politiques et militaires des démocraties pourtant bien impuissantes malgré leur appartenance à la SDN.

Septembre 1939, la France, comme la quasi-totalité des États européens, sombre dans la guerre, répondant à l’Allemagne nazie. Or, en juin 1940, après dix mois de combats le Maréchal Philippe Pétain, alors désigné président du conseil, signe l’acte d’Armistice. Pétain était considéré comme un sauveur pour ses actions lors de la Première Guerre mondiale comme à la bataille de Verdun en 1916. Il obtient après l’Armistice de 1918 la dignité de maréchal. Par la suite il participera à l’organisation militaire en France. Puis, la chambre des députés, lui attribue les pleins pouvoirs. La Troisième République laisse alors sa place au Régime de Vichy. Toutefois, ce régime ne concerne qu’une partie de la France puisque le 22 juin 1940 est créée une frontière appelée ‘’ligne de démarcation’’. Ce qui donne une zone au Nord occupée par les Allemands et une zone au sud dite ‘’libre’’ ou ‘’non occupée’’ régulée par le régime de Vichy. Le maréchal Pétain entame donc une politique collaborationniste avec l’Allemagne. Celui-ci va également entretenir des relations avec d’autres pays, comme le Royaume Uni et même, les États-Unis. Mais aussi avec l’Espagne de Franco, l’Italie de Mussolini et l’Allemagne hitlérienne. Le régime de Vichy à la souveraineté limitée dans une Europe en guerre a donc de nombreuses particularités. Par son contexte historique, ses institutions, ses lois communes à l’Allemagne nazis définissant entre autre, la ‘’race’’ juive comme étant nuisible. Pétain alors très populaire aux yeux des Français met en place une série de lois afin de mener une politique semblable à celle du Reich allié. En 1942 quand Laval obtient le rôle de vice-président, un rapprochement entre la police allemande et française s’effectue, d’où commence alors une politique de répression et d’exclusion. En effet, Otto Abetz, diplomate allemand, nommé ambassadeur du Reich en France propose de construire avec la France une relation politique différente. Pendant son mandat, il va travailler au rapprochement politique entre les deux pays.

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La puissance diplomatique et politique française au sortir de la Première Guerre mondiale

La France face à l’application des traités

La signature de l’armistice, le 18 novembre 1918, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale. La paix est officiellement établie entre l’Allemagne et les Alliés le 28 juin 1919 par le traité de Versailles, qui établit également la création de la Société des Nations (1), premier organisme intergouvernemental dont la mission est de maintenir la paix dans le monde et plus particulièrement sur le territoire européen, lequel a connu des modifications au cours des dernières années. De plus, le traumatisme de l’après-guerre reste très présent dans les esprits de la population française mais plus généralement sur tout le territoire européen ; les pertes humaines sont très nombreuses et affectent chaque foyer d’Europe. L’économie et l’industrie, quant à elles, on été dévastées par la guerre, engendrant une période d’après-guerre véritablement sombre que la croissance des années 1920 ne pallie pas complètement. Comme on l’a dit, la signature de nombreux traités entre pays alliés et vaincus, ainsi que les nombreuses clauses qu’ils comportent, ont considérablement changé le paysage politique européen. Nombre des sanctions sont économiques, la situation de crise explique donc tant les difficultés rencontrées par les pays vaincus dans le règlement de leur dette que l’urgence des pays vainqueurs à recevoir leurs dédommagements.

L’Allemagne, en tant que chef de file des pays vaincus, doit céder l’Alsace-Lorraine à la France. De plus, ses colonies deviennent mandats de la SDN et les réparations

Cette carte montre les pays qui sont devenus membres de la SDN et ceux qui en sont partis durant la période 1920-1927. On observe que rapidement, la Société des Nations comprend une grande partie des États du monde.

numéraires ou matérielles qu’elle doit verser sont importantes ; on verra par la suite que ces engagements posent des difficultés. D’autre part, la France et les alliés signent avec l’Autriche le traité de Saint-Germain-en-Laye, le 10 septembre 1919, par lequel l’empire autrichien est démantelé tandis que les frontières de la République d’Autriche sont précisées, notamment celles qui sont limitrophes à l’Italie et à l’Allemagne. Parallèlement, les Alliés cherchent à ce que les deux pays germanophones ne se rejoignent plus en temps de guerre, comme cela a été le cas, et restent réellement distincts. Le 27 novembre 1919, le traité de Neuilly est signé avec la Bulgarie ; comme les autres vaincus, le pays doit payer des réparations de guerre et céder une partie de ses territoires, tout en limitant son appareil militaire. Le traité de Trianon est signé le 4 juin 1920 et complète le traité de Saint-Germain-en-Laye ; une grande partie de ses territoires sont offerts à d’autres États, en vertu des 14 points de Wilson et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. En marge du territoire européen, le traité de Sèvres du 10 août 1920 démantèle l’empire ottoman.

Il faut dire que ces traités sont signés par les vaincus sous la contrainte, et que les négociations ne sont que très brèves. En effet, les clauses ne sont que peu discutées puisque la seule alternative à l’acceptation pure et simple de celles-ci serait de reprendre les combats, alternative que l’Autriche, la Hongrie et la Bulgarie n’ont pas les moyens militaire de mettre en œuvre. De plus, paradoxalement, l’Allemagne est mieux traitée que ses alliés par les puissances victorieuses puisqu’elle ne perd que 1/7 de son territoire et 1/10 de sa population, alors que la perte de territoire est de plus d’un tiers dans le cas de la Hongrie. Il faut également préciser que ces traités et leurs clauses ne sont que très mal acceptés par les populations locales mais plus largement européennes. En effet, les vainqueurs eux-mêmes semblent en désaccord ; les États-Unis et le Royaume-Uni émettent des critiques mais ratifient pour autant après négociation, tandis que la France se présente en chef de file de la nouvelle Europe.

Les relations internationales de la France durant l’entre-deux-guerres

Avec tous ces traités de paix, on peut voir que le sort de la Russie reste en suspens ; en effet, rien ne définit ses relations avec le reste de l’Europe et elle conserve ses territoires à un moment où le pays doit faire face à une guerre civile, démarrée en 1917. De plus, les puissances européennes restent inquiètes face à la politique bolchevique menée par ses dirigeants et cherchent à éviter la propagation de cette doctrine. La « menace communiste » est cependant fondée puisque le 30 décembre 1920, le Parti Communiste Français est fondé, directement rattaché au Komintern. Cette crainte prend tant de place dans l’esprit des politiques qu’elle empêche les puissances occidentales de tisser des liens stratégiques avec l’URSS. Cette alliance, comme le comprend Hitler plus tard, est pourtant primordiale pour contrôler le front est.

La relation que connaît la France, mais aussi le reste de l’Europe, avec les États-Unis est quant à elle ambivalente. Le pays fait partie des vainqueurs de la guerre et reste présent dans les négociations aux cotés des pays européens, bien que ses dirigeants refusent directement d’intégrer la SDN, une idée qui était pourtant initialement américaine. Les puissances alliées se sont fortement endettées auprès des États-Unis dans le but de financer l’effort de guerre ; la France ne s’acquitte pas de ses dettes, ce qui assombrit la relation diplomatique des deux pays tout au long de l’entre-deux-guerres. De plus, après 1929 et le krach de Wall Street, la dépression économique est telle que l’isolationnisme américain vis-à-vis de l’Europe refait surface ; la première puissance économique mondiale cherche désormais des soutiens asiatiques.

Les puissances membres de la SDN cherchent à contrôler, via l’organisation, les événements susceptibles de mener à un nouveau conflit. Dans cette optique, nombre des membres cherchent à arriver au désarmement militaire de tous les pays, en priorité des pays qui constituent un danger potentiel. Pour mettre en œuvre les différentes mesures, les membres se réunissent une fois par an au sein d’un conseil représentant le pouvoir exécutif et siégeant à Genève. La France fait partie des principaux pays fondateurs de la SDN. Ce désir de création d’une communauté internationale va encore plus loin puisque le pacte Briand-Kellog, dont le nom provient du ministre des affaires étrangères français Aristide Briand et du secrétaire d’état américain Frank Kellog, et également appelé pacte de Paris est signé dans la capitale française en 1928 par 63 pays et condamne « le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu’instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles ». Ce traité est notamment signé par le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon. Il démontre bien le climat d’apaisement régnant au sein d’une Europe qui semble, pour l’heure, pacifiée.

D’autre part, après la guerre, les États-Unis se retirent rapidement des affaires européennes. De plus, les tensions entre l’Allemagne et la France persistent un long moment, mais le pacifisme du Royaume-Uni permet de maintenir l’équilibre de paix en Europe.. Dans cette même période, Aristide Briand exprime l’idée de créer un organisme d’union européenne dans le but de rassembler les pays dans une optique économique afin de maintenir la paix et de créer du lien entre les nations. Cette tentative a échoué, ce qui montre les limites de la cohésion des États européens et de la possibilité d’évolution commune durant l’entre-deux-guerre.

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(1) Entre en vigueur le 10 janvier 1920 avec pour siège Genève

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