« Rayer ces quatre années de notre histoire », ainsi est définie par le procureur général Mornet la période de la France sous l’occupation. Rayer pour oublier les abjections commises par le Régime de Vichy. Dans cette Europe en proie aux totalitarismes, la France se voit encerclée par l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et l’Espagne franquiste. Pour accueillir les exilés politiques de ces états baignés dans la violence, des camps provisoires sont créés dans le Sud de la France, sur des plages, comme le camp d’Argelès. Les réfugiés sont des hommes, des femmes, des enfants, veufs et orphelins qui tentent de fuir l’insurrection militaire, qui monte à sa tête le général nationaliste Franco, arrivé au pouvoir en 1936. Près de 390 000 républicains traversent les Pyrénées de juillet 1936 à mars 1939 ; un phénomène accentué par la chute de la dernière ville, Barcelone, qui plonge le pays dans une dictature. Cette période, la Retirada, a accru considérablement la démographie de la France, créant ainsi des manques de structures d’accueil. Profitant des baraquements aménagés sous la Troisième République pour les internements administratifs, la France établit alors les réfugiés dans ces derniers, dans la limite des places disponibles. Au fur et à mesure, émerge sous Vichy un réseau entre les différents camps, chacun d’entre eux se trouve doté d’une spécificité ; Rivesaltes comme camp de transit, Brens comme camp d’internement de femmes, et les camps du Vernet d’Ariège et de Noé, sont tous deux des camps modèles, le premier pour sa sévérité, le second pour son exemplarité aux yeux du reste du monde. Cependant, les conditions de vie dans ces « pavillons » de taule, en proie à l’humidité et au froid engendrent des maladies et des décès. Sont également à souligner les causes de détentions : toutes sont arbitraires, administrées sans jugement et sans durée légale de validité.