S’initier à la recherche

Dès la L2, les étudiants font connaissance avec les formes et enjeux de la recherche en humanités, grâce à un « chantier de recherches » en littérature comparée. Dans un cours portant sur les relations entre littérature et cinéma, ils élaborent un sujet de recherche, préparent une présentation orale proche d’un format de communication scientifique et rédigent un mini-mémoire de recherche.

Par ailleurs, toutes les promotions assistent et parfois co-organisent le séminaire « La forge des langues » qui comporte trois à quatre séances par an.

Organisé par l’équipe de Lettres de l’INU Champollion d’Albi et soutenu par l’équipe TCF (Textes, contextes, frontières), le séminaire « La forge des langues : fictions et sciences du langage » porte sur les aires de rencontre et de partage entre les pratiques littéraires et différentes disciplines liées aux sciences du langage (linguistique, philologie, traductologie, etc.). Il vise à renverser la relation traditionnelle entre ces deux domaines, qui met le plus souvent les outils linguistiques au service de la littérature, pour analyser et comprendre les textes. À l’inverse, les œuvres de fiction renferment-elles une valeur heuristique au point de vue de la langue ? Que nous permettent-elles d’appréhender au sujet du langage lui-même, en tant qu’outil de communication par exemple ou comme instrument de pouvoir ou de domination ? Comment de telles œuvres portent-elles au jour la structure imperceptible et les potentialités expressives de notre propre langue et, plus encore, d’autres façons de dire – donc de voir, de sentir, de penser – que les nôtres ? Dans quelle mesure ressent-on à la lecture que notre réception reste tributaire de la (mé)connaissance de la langue de l’auteur ?

En d’autres termes, on verra dans quelles conditions lecteurs ou spectateurs en viennent à rencontrer les questionnements des linguistes, quand le récit invite à porter un regard distancié sur la matière et la forme des discours, à ressentir la puissance poétique d’évocation des autres langues, plus ou moins proches, réprimées, oubliées, ou de sa langue comme une autre.

La parole sera donc donnée aussi bien aux créateurs (auteur, metteur en scène) qu’aux chercheurs dont les objets d’étude relèvent des univers parallèles de science-fiction ou de tout récit dont l’intrigue dépend d’un ressort linguistique. Par ailleurs, le séminaire se veut un lieu de réflexion et d’échange avec les passeurs que sont les traducteurs et éditeurs, auxquels revient la tâche délicate et ténue de donner accès par la fiction à la langue de l’autre et à son « imaginaire des langues » (E. Glissant).

Programme 2021-2022
  • Mercredi 26 janvier de 10h à 12h : « Glossolalie », rencontre avec Frédéric Dumond, poète et plasticien

Opérant à la fois dans les champs de l’art contemporain, de la poésie, de l’anthropologie et de la linguistique, son travail questionne les rapports entre monde et langage. Il explore la question du sens : quelles sont les articulations, les formes, les chemins qui le font advenir, par quelles émotions, quels troubles, quels détours, quels ressorts il se construit, il structure la langue. Il écrit depuis deux décennies dans d’autres langues, cherchant comment le monde fait sens dans l’infinie diversité de ses langues, en questionnant son écriture au contact d’autres voix.

  • Mercredi 9 février de 10h à 12h : « Le récit, une aire de confrontation des discours », rencontre avec Arno Bertina, romancier

Arno Bertina est romancier, collaborateur et animateur de revues et auteur de fictions radiophoniques. Dans ses derniers récits qui vont à la rencontre d’ouvrier.es en lutte (Des châteaux qui brûlent, 2017; Ceux qui trop supportent, 2021) ou font entendre les voix de jeunes prostituées congolaises (L’Âge de la première passe, 2020 ), il élabore « un travail de documentariste rigoureux qui jamais ne s’accapare les vies et les mots […] cherche non pas la justice, mais la justesse » (Claudine Galea).

  • Mercredi 9 mars de 10h à 12h : « L’éditeur en son catalogue – mythologie de l’engagement et actions directes », conférence de Mathilde Bonazzi, chercheuse

Quelles sont les origines de ce mythe critique selon lequel les éditeurs.trices, leurs goûts littéraires et leurs convictions politiques, infuseraient naturellement dans leur catalogue ? Un catalogue peut-il raisonnablement être envisagé comme la parfaite décalcomanie d’un style d’éditeur.trice ? Nous interrogerons cette mythologie, son élaboration et ses enjeux, avant de dégager quelques moyens efficients dont un.e éditeur.trice dispose pour démontrer son engagement – tenir parole dans l’espace social. Docteure ès lettres et stylisticienne, spécialiste de l’édition et de la critique littéraire, Mathilde Bonazzi est l’autrice de l’essai Mythologies d’un style : les Éditions de Minuit (La Baconnière, 2019).

Programme pour 2019-2020
  • Mercredi 6 novembre de 9h à 11h : « Comment parler à un alien ? La linguistique à l’épreuve de la fiction » par Frédéric Landragin, directeur de recherche au CNRS (Laboratoire Lattice-ENS).
  •  Mercredi 22 janvier de 10h à 12h: Christophe Ruhles, anthropologue, auteur et metteur en scène de la compagnie GdRA présentera SELVE, une coproduction de la Scène Nationale d’Albi, second volet d’une réflexion sur la diversité des langues au croisement de la création artistique et de l’enquête scientifique de terrain.
  • Vendredi 6 mars de 10h à 12h: Alexandra Moreira da Silva, chercheure en études théâtrales, traductrice de théâtre et directrice de la collection « Domaine étranger » aux Solitaires intempestifs.
  • Vendredi 25 mars de 18h à 20h: Dans le cadre de la semaine de lutte contre les discriminations, Christiane Fioupou, chercheure et traductrice de littérature africaine d’expression anglaise dialogue avec Rodney Saint-Eloi, écrivain et essayiste haïtien. Rendez-vous précédé par une lecture performée des étudiants de L1.

Organisation : Séverine Abiker, Cyrielle Dodet.