L’arrivée des familles algériennes en Région Midi-Pyrénées après la Guerre d’Algérie (1962)

Communiqué de presse, 16/05/2023, Loi du 23 février 2023 portant reconnaissance de la Nation envers les Harkis, Les services de l’Etat dans l’Aisne

La loi du 23 février 2022 reconnaît la responsabilité de la France dans l’accueil et les conditions de vie des Harkis et de leurs familles suite aux Accords d’Evian de 1962. La loi du 23 février 2022 marque une étape cruciale vers la reconnaissance officielle par la France de sa responsabilité dans l’accueil des Harkis et des conditions de vie difficiles auxquelles ils étaient confrontés. Le droit de réparation des Harkis est une mesure qui vise à réparer les difficultés subies du fait de l’accueil qu’ils ont reçu en France. Le terme familles algériennes désigne ici un ensemble des personnes vivant sous le même toit. Ces personnes désignent spécifiquement le père, la mère et les enfants qui vivaient et sont installées en Algérie. Ici, le but est de s’intéresser spécifiquement aux familles des Harkis. Le terme Harkis vient du mot arabe “harka”, qui signifie « mouvement ». Ce terme désigne principalement des Algériens de confession musulmane qui ont été recrutés comme auxiliaires dans l’armée française durant la guerre d’Algérie (1954-1962) pour lutter contre le FLN (Front libération nationale) qui est un parti politique algérien crée en 1954 et dont leur principal objectif est d’obtenir l’indépendance de l’Algérie. Midi-Pyrénées est une région du sud-ouest de la France. La région s’étendait sur plus de 45 000 km2 ce qui en fait la deuxième plus vaste région de France. La région regroupe huit départements : Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-Pyrénées, Tarn et Tarn-et-Garonne. La guerre d’Algérie est aussi connue sous les appellations comme les événements d’Algérie ou révolution algérienne est un conflit armé qui se déroule de 1954 à 1962 en Algérie française. Cette guerre oppose principalement les FLN (Front libération nationale) face au OAS (organisation armée secrète), qui est une organisation clandestine française, créée en 1961 et leur objectif est de renverser le gouvernement pour assurer la présence française en Algérie. Au début de la période d’étude, la Région du Midi-Pyrénées, 45 348 km2, avec 8 départements, apparaît comme une région fort dans le domaine de l’agriculture, la région du Midi-Pyrénées bénéficie d’une économie agricole robuste avec des secteurs liés à l’élevage et la viticulture. Cependant, en 1962, les successions de faiblesses en Région Midi-Pyrénées dues aux arrivées massives des Harkis et de leur famille amputent la région Midi-Pyrénées.

Photographie, l’indépendance de l’Algérie, 5 juillet 1962, ina.fr

Lors de la seconde moitié du XXe siècle, La France fait face à un processus de décolonisation dans le Maghreb avec l’indépendance de la Tunisie le 20 mars 1956, et du Maroc le 7 avril 1956. Les accords d’Evian (18 mars 1962) signent la fin de la guerre d’Algérie et proclament l’indépendance de l’Algérie vis-à-vis de la France. Le 5 juillet 1962, les Algériens célèbrent leur indépendance et leur victoire. Dès lors, ces éléments de manifestations sont livrés à une chasse des Harkis sur le territoire algérien qui a eu lieu pendant la journée du 5 juillet 1962. À partir de juillet-août 1962, on assiste à un exode des Harkis, ils embarquent dans des bateaux de marchandises et dans les porte-avions. 

Comment la fin de la guerre d’Algérie provoque-t-elle une transformation importante dans la société française en Région Midi-Pyrénées ? 

Photographie, le débarquement des Harkis et leurs famille à Marseille, harkis.gouv.fr

Les procédures d’installations des Harkis en Midi-Pyrénées:

Le camp du Larzac:

Dès lors, les Harkis et leurs familles mettent ensemble le pied sur Marseille, Toulon, Sète et d’autres ports du sud de la France. En effet, le sud de la France était la région privilégiée par les Harkis et de leurs familles. Par ailleurs, le camp du Larzac, situé dans le département de l’Aveyron, a été créé pour accueillir les Harkis et leurs familles. Le camp du Larzac a ouvert ses portes au printemps 1959. Les raisons de la mise en place du camp Larzac étaient d’héberger les Harkis et leurs familles qui n’avaient pas d’autres endroits où vivre. De plus, le camp permettait de cacher les Harkis et leurs familles, qui étaient encore mal vu par les Français à cette époque. De plus, les violences provoquées par la guerre d’Algérie ont suscité la méfiance de l’opinion publique française, qui considérait les Harkis et leurs familles comme méfiants à l’égard de la collaboration avec le FLN. Mais le camp reste conçu pour apporter de l’aide et répondre aux besoins auprès des familles algériennes.

De plus, les conditions matérielles au camp du Larzac étaient mauvaises lors de son ouverture au printemps 1959. Par exemple, des membres des CRS (les compagnies républicaines de sécurité, créées en 1944, ils forment un corps spécialisé de la police nationale en France) ont forcé les Harkis et leurs familles à attendre pieds nus sous la pluie et la boue pendant des heures et ont enlevé de force leurs vêtements pour des examens médicaux. Mais il y eut aussi des manifestations contre le camp du Larzac, comme le 28 juin 1959 devant le camp du Larzac et devant le comté du Milo ; des manifestants non violents vinrent dénoncer le camp en disant que le camp était un camp de concentration en raison des conditions difficiles et des règles très strictes imposées aux familles algériennes. Les camps sont parfois confrontés à de véritables défis de survie, parfois ils n’ont pas pu nourrir des milliers de familles aveyronnaises pendant des hivers rigoureux.

Photographie, l’entrée du camp de Larzac, wikipedia.org

L’encadrement des Harkis dans le camp:

L’encadrement des Harkis dans un camp était très restreint. Par exemple, en moyenne, la capacité normale d’un camp comme le Larzac est d’environ 3 000 personnes. Pour aider les Harkis et leurs familles, des tentes ont été installées à l’extérieur du camp pour protéger les familles algériennes. L’armée française fournit l’hébergement et la nourriture. Mais encore, le ministère des Armées exige de choisir un encadrement de longue durée, de manière plus disciplinée, d’assurer la qualité de vie pour les familles, et de surveiller de près les Harkis. Cependant, les camps d’encadrements sont régis par un règlement intérieur qui se veut un véritable système disciplinaire et doit être respecté sous peine d’expulsion.

Par ailleurs, selon le témoignage d’un membre de la famille, outre la mauvaise alimentation et le mauvais logement, il y avait aussi des problèmes d’hygiène. Par exemple, à travers le reportage télévision France-Algérie, une affaire de famille, un membre de la famille Hafi déclare « On était comme des prisonniers. Il y’avait les douches publiques et les toilettes publiques, les douches publiques étaient une fois par semaine. » Cette déclaration nous donne une idée de la sévérité des autorités françaises envers les Harkis et leurs familles. La plupart des Harkis s’enferment et se cachent dans des camps car ils sont dévastés par ces humiliations. Ainsi, en août 1975, le président français Valéry Giscard d’Estaing annonce la fin de la politique des camps.

La campagnes, un nouveau lieu de refuge:

La campagne était un deuxième lieu de refuge pour les familles algériennes. En effet, les hameaux forestiers sont également considérés comme une continuation de la vie communautaire de l’Algérie. On a plusieurs petits villages forestiers se sont implanté en Midi-Pyrénées comme par exemple, Montourieux dans l’Ariège ; Brusque et Saint-Roman de Cernon dans l’Aveyron, Rome de Cernon, Juzet d’Izaut dans la Haute-Garonne, Mirand dans la Gers, et notamment dans le Tarn, Arfons, Puycelsi, Anglès et Vaour. La plupart des Harkis et leurs familles installées dans ces hameaux forestiers étaient issus du camp de Rivesaltes et parfois du camp du Larzac. Par exemple, on a 22 familles algériennes qui rejoignent le chantier de forestage de Vaour dans la semaine du 10 au 20 octobre 1964.

La particularité des villages forestiers est qu’ils sont également soumis à des régimes particuliers en matière d’encadrement. En effet, la tutelle sociale sur les familles était exercée par un chef de village et un instructeur de promotion sociale. Les premiers chefs de ces villages étaient des militaires dans le passé. C’est le représentant permanent de l’administration responsable, il assure la liaison avec les représentants des autorités locales. Le chef du village est considéré comme le successeur de Kayed de l’époque coloniale. Il comprend les Algériens, c’est-à-dire leur mentalité, leur culture, etc… Parfois, le chef du village parle l’arabe ce qui permet de faciliter la communication. 

L’impact économique de l’arrivée des Harkis en Midi-Pyrénées:

L’insertion dans le monde du travail:

Les Harkis sont confrontés à des difficultés au travail. Les candidats reclassés sont rarement réticents à accepter un emploi en dehors de leur lieu de résidence pour des raisons géographiques, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas s’éloigner de leur lieu de résidence car ils n’ont pas les moyens de se déplacer. En effet, l’arrivée des familles algériennes en Midi-Pyrénées entraîne une augmentation de la demande d’emploi, notamment dans les départements de la Haute-Garonne et de l’Hérault. Par exemple, on a 5 371 demandes d’emploi demandées de la part des Harkis pour 149 offres d’emploi dans le département Haute-Garonne en 1963. De plus, dans le département du Hérault, on a 2 163 demandes d’emploi demandées de la part des Harkis pour 287 offres d’emploi en 1963. Il est clair que l’arrivée des familles algériennes a également amené l’entreprise à augmenter les prix de vente des aliments et d’autres produits sur le marché afin de réaliser du profit à l’entreprise.

Nombre de population française en 1963 et 1968, persee.fr

Les difficultés des Harkis dans le milieu du travail:

Les Harkis ont rencontré quelques difficultés lors de leur entrée sur le marché du travail. D’une manière générale, il est difficile pour les Harkis d’accéder au marché du travail car la plupart sont analphabètes et ne possèdent pas les diplômes requis pour des bons emplois avec un bon salaire. La plupart des Harkis n’ont pas de diplôme qualifié comme le CAP. Par conséquent, les Harkis ont été contraints d’accepter de petits emplois comme creuseurs ou ouvriers. Les Harkis se sont tournés vers les petites entreprises pour trouver du travail, comme les épiceries, les cafés et les restaurants. De plus, les conditions de travail de nombreux Harkis sont très difficiles et les salaires sont bas. Un obstacle majeur est le manque de formation requise pour un travail spécifique. Les Harkis et leurs familles vivent souvent plusieurs mois dans des conditions médiocres ou très coûteuses. Par exemple, les Harkis expriment leur mécontentement face à ce qu’ils considèrent comme des mesures gouvernementales insuffisantes. Ils qualifient comme une administration qui est lente et contestent des salaires moyens estimés entre 350 et 400 francs par mois. 

Par exemple, la fédération nationale des anciens combattants d’Algérie, du Maroc et de Tunisie (FNACA) a été fondée le 21 septembre 1958. La FNACA est une organisation représentant les anciens combattants français impliqués dans les conflits en Algérie, au Maroc et en Tunisie, dont les Harkis. Cette organisation a plaidé pour une reconnaissance officielle du statut des Harkis, qui leur conférerait certains droits et avantages liés à une telle reconnaissance. La FNACA exige des améliorations des droits sociaux des Harkis, notamment en matière de protection sociale, de soins de santé et dans le monde du travail. 

L’intégration sociale entre les Harkis et la population française:

Les difficultés d’intégrations:

L’un des principaux obstacles à l’intégration des Harkis et leurs familles dans la société populaire française fut le racisme. Il existe un racisme répandu et fort contre les Algériens et les Maghrébins du côté des Français. En effet, la peur de l’inconnu ou d’être perçu comme différent peut conduire à des attitudes racistes, qui à leur tour peuvent être alimentées par les préjugés. Par exemple, le 14 décembre 1973, une bombe vient d’exploser dans le consulat algérien. Le bilan final fait état de 4 morts et 28 blessés. Cet attentat a été réalisé par un groupe se disant composé d’anciens Français d’Algérie, le « Club Charles Martel », susceptible d’avoir des liens avec des militants d’extrême droite et d’anciens militants de l’OAS. Les auteurs de cet attentat n’ont jamais été identifiés. L’attaque faisait suite à une vague de crimes racistes à Marseille au cours de l’été et de l’automne 1973, impliquant Gaston Defferre, alors ambassadeur d’Algérie en France. La police a été largement accusée par les familles algériennes d’être passive de cet attentat, et ne pas être impliquée dans ce type d’affaire. Cet exemple illustre la méfiance et le manque de considération à l’égard de l’arrivée et de l’installation des Harkis et de leurs familles en France. La plupart des Français sont opposés à l’installation des familles algériennes sur le sol français, comme à travers cet attentat, car ils ne les considèrent pas encore comme des Français mais des indigènes, autrement dit des étrangers qui ne partagent pas les mêmes valeurs ni la même mentalité, encore moins la même religion. Ces facteurs créent de la méfiance et de la confusion à l’égard des familles algériennes. 

Vidéo, L’Attentat contre le Consulat d’Algérie à Marseille, 14 Décembre 1973, Ina.fr

Une intégration possible:

Pourtant, l’intégration sociale entre les familles des Harkis et les Français était possible. Il existe des liens de réconciliation et des discussions amicales entre Français et Harkis, notamment sur le lieu de travail, à l’école qui permet de renforcer les liens d’amitié. Par exemple, Pascal Bouzbiba, président de l’association L’Eveil et fils d’un Harkis, a été aidé par M. Saboureau. Les Justes sont les individus qui ont apporté de l’aide humanitaire auprès des familles algériennes qui vivaient dans la pauvreté. À travers cet exemple avec M. Saboureau qui a apporté son aide à la famille algérienne Bouzbiba, la plupart des Français étaient impliqués pour aider les familles algériennes. On a également des affiches de journaux invitant les Français à aider les familles algériennes et à faire preuve de compassion, de solidarité envers eux. 

La plupart des Harkis parlent couramment le français. Par ailleurs, la religion ne constitue pas un obstacle à une réconciliation amicale entre les Harkis et les Français, car la plupart des Harkis n’avaient pas un réel attachement à la religion à cette époque. La religion n’avait pas beaucoup d’importance chez les Harkis qui souffraient encore des traumatismes de la guerre et des événements survenus. Les Harkis et leurs familles ont dû s’adapter à ce nouveau mode de vie et à cette nouvelle culture à laquelle ils n’avaient jamais été exposés auparavant.

Remise du titre des Justes de la République à M; Saboureau, Secours de France à gauche de l’image, et Pascal Bouzbiba à droite

CONCLUSION:

La région Midi-Pyrénées était mal préparée à un tel afflux. L’espoir d’un retour en Algérie a été effectivement abandonné par les Harkis et leurs familles. Désormais, ils parviennent à s’installer dans des camps de transition et de reclassement comme le camp du Larzac et les hameaux forestiers en région Midi-Pyrénées. Malgré les conditions difficiles, les Harkis et leur famille espèrent s’intégrer dans la société française par le travail, qui leur permet d’offrir une situation stable malgré les difficultés réelles de la vie quotidienne. Selon Pascale Bouzbiba, fils d’un Harkis, de nos jours, près de 5 000 et 6 000 Harkis se sont installés dans le département du Tarn. Les Harkis se sont intégrés au travail qui leur été proposé et aux démarches d’insertion professionnelle. Ainsi, on peut évoquer qu’une plaque commémorative a été placée à l’entrée du camp Escudiès. Comme tous les autres camps de Harkis implantés dans le sud de la France, en bordure du Massif Central, celui des Escudiés est un hameau forestier. Le hameau des Escudiès qui rassemblait une trentaine de familles, entre 20 et 50 familles d’Harkis.

Plaque commémorative de la cité ouvrière aux Escudiès à Arfons, chemindememoire.gouv.fr

Pour aller plus loin:

Interview fils d’un Harkis de Lavaur : file:///D:/Users/Lamhourek/Downloads/Interview%20fils%20d’un%20Harkis.pdf

II/ Ouvrage caractère de source:

  • Dictionnaire sur la guerre d’Algérie et les Harkis:

MOUMEN, Abderahmen, Entre histoire et mémoire : les rapatriés d’Algérie – Dictionnaire bibliographique, Gandini Jacques Eds, 2003, 130 p.

  • Témoignage des Harkis:

KERCHOUCHE, Dalila, Mon père, ce harki, Edition du Seuil, 2003, 252 p.

KERCHOUCHE, Dalila, Leïla. Avoir dix-sept ans dans un camp de harkis, Edition du Seuil, 2006, 168 p.

III/ Ouvrage généraux:

  • Histoire de la guerre d’Algérie et les Harkis:

DE ROCHEBRUNE, Renaud, STORA, Benjamin, La guerre d’Algérie vue par les Algériens (Tome 1-Le temps des armes. Des origines à la bataille d’Alger), Folio Histoire, 2016, 640 p.

HARBI Mohammed, STORA, Benjamin, La guerre d’Algérie, Hachette Littératures Pluriel, 2010, 1040 p.

SEVILLIA, Jean, Les vérités cachées de la Guerre d’Algérie, Fayard, 2018, 416 p.

IV- Ouvrage et article spécialisés:

  • L’arrivée des familles rapatriés algériens en France:

MOUMEN, Abderahmen, « De l’Algérie à la France. Les conditions de départ et d’accueil des rapatriés, pieds-noirs et harkis en 1962 »,  Matériaux pour l’histoire de notre temps; La France et la Méditerranée : ambition de puissance, perceptions, interactions, n°99, La contemporaine, 2011, pp. 60-68.

ZYTNICKI, Colette , « L’administration face à l’arrivée des rapatriés d’Algérie : l’exemple de la région Midi-Pyrénées », in CALMETTE, Joseph;  Annales du Midi : revue de la France méridionale, Éditions Privat, 1998, pp. 501-521, n°224.

SIMON, Jacques, L’immigration algérienne en France des origines à l’indépendance, Paris-Méditerranée, 2000, 412 p.

BLANCHARD, Emmanuel, Histoire De L’immigration Algérienne En France, La découverte, 2018, 128 p.

  • L’installation des Harkis en camp:

MARCY, Jean-Philippe, « Le camp du Larzac 1959-1962. Entre une politique répressive et le pouvoir du FLN », Vadenay,Saint-Maurice l’Ardoise, Thol, le Larzac l’internement en France pendant la guerre d’indépendance algérienne; Matériaux pour l’histoire de notre temps, n°92, La Contemporaine, 2011, pp. 25-32

LEBOURG, Nicolas, MOUMEN, Abderahmen, Rivesaltes, le camp de la France de 1939 à nos jours, Trabucaire, 2015, 162 p.

  • L’intégration sociale entre Harkis et la population française:

MOUMEN, Abderahmen, Les Français musulmans en Vaucluse 1962-1991: Installation et difficultés d’intégration d’une communauté de rapatriés d’Algérie, Éditions L’Harmattan, 2003, 208 p.

PERVILLE, Guy, Les étudiants algériens de l’université française, 1880-1962, éditions du CNRS, 1984, 346 p.

  • Les conséquences de l’installation des Harkis en France:

BESNACI-LANCOU, Fatima, MANCERON, Gilles, Les Harkis dans la colonisation et ses suites, Editions de l’Atelier, 2008, 223 p.

BESNACI-LANCOU, Fatima, MOUMEN, Abderahmen, Les Harkis, Cavalier Bleu Eds, 2008, 126 p.

FABIANNO, Giulia, « Histoires de vie harkies, ou l’institutionnalisation d’une identité d’État », in BAZIN, Laurent, GIBB, Robert, SELIM, Monique, Identités nationales d’Etat, Journal des anthropologues, Hors-série,  2007, pp. 173-184

Toulouse pendant la Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale, aussi appelée “La Grande Guerre” de par son grand nombre de décès touchés par de grands nombres de pays, notamment en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, compte au total plus de 18 millions de personnes qui ont succombé à la tragédie de celle-ci. Plusieurs facteurs amènent le déclenchement de cette guerre. Par ailleurs, la cause principale est l’assassinat du prince d’Autriche, Ferdinand en juin 1914 à Sarajevo. Le monde est alors séparé en deux camps, la Triple-Entente, qui regroupe la France, le Royaume-Uni et la Russie, l’autre camp est la Triple-Alliance, qui elle regroupe l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. 

“Dans la guerre qui s’engage, la France […] sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera devant l’ennemi l’union sacrée”, une phrase du président de la République Raymond Poincaré lors de la séance du 4 août 1914 à la Chambre des députés, en conséquence de celle-ci, la France s’engage dans un combat redoutable. Elle est l’un des champs de bataille, plus essentiellement dans le Nord-Est du pays, envahi par les troupes allemandes de 1914 à 1918. 

Par ailleurs, d’autres territoires français sont utilisés, mais pas forcément à des fins belliqueuses, comme la ville rose, Toulouse par exemple. Berceau de l’histoire et de la culture occitanes, elle a été profondément marquée par les bouleversements de la Première Guerre mondiale. Alors que les tranchées ensanglantent les champs de bataille en Europe, Toulouse, bien qu’elle soit loin du front, n’était pas à l’abri des répercussions de ce conflit mondial. La guerre a eu un impact significatif sur la vie quotidienne des Toulousains. En effet, la ville de Toulouse est utilisée pour plusieurs choses. On y voit se développer des usines pour l’armement dont la cartoucherie, l’arsenal et la poudrerie, un grand hôpital, l’utilisation de la gare Matabiau, mais également le début de la construction d’une usine d’aéronautique. Toulouse apporte en plus des soldats, c’est un nombre de 15 000 hommes qui sont partis au front. Ils apportent également de quoi s’équiper au combat. De plus, les femmes sont aussi de la partie ; on les nomme les “Ponsinnettes”, elles travaillent en testant des munitions, en étant standardistes et magasinières. On les retrouve notamment dans les usines pour la production de matériel de guerre.

  1. Toulouse, une ville mobilisée pour l’infanterie

Pendant la Première Guerre mondiale, Toulouse était une ville importante en France avec plus de 150 000 habitants. Beaucoup de jeunes hommes de la ville ont été envoyés se battre au front, et malheureusement, plus de 15 000 d’entre eux sont morts pour la France. La ville a joué un rôle crucial dans l’effort de guerre en fournissant des équipements militaires et des provisions aux forces françaises. Toulouse est devenue une ville hôpital, accueillant un grand nombre de blessés de guerre. Les hôpitaux de la ville étaient débordés, alors les écoles, les gymnases et même les cliniques vétérinaires ont été réquisitionnés pour soigner les blessés. Toulouse était un refuge idéal, car elle était loin du front, et elle avait un bon approvisionnement alimentaire grâce à ses campagnes environnantes. Malgré la guerre, la vie à Toulouse continuait avec des activités comme le théâtre et le cinéma. Les journaux locaux comme La Dépêche et Le Midi Libre gardaient la population informée et leur donnaient de l’espoir pendant cette période difficile.

  1. Le début de l’aéronautique

La ville de Toulouse, qui est la capitale mondiale de l’aéronautique, va connaître un essor important durant la Première Guerre mondiale. Toulouse va se démarquer grâce à ses productions aéronautiques, notamment les créations de Pierre Georges Latécoère et Émile Dewoitine, des entrepreneurs français. Premièrement, ils lancent une production d’obus, qui est un projectile d’artillerie, puis la construction d’avions militaires et de chasse, en installant d’ailleurs son usine et son terrain d’aviation à Montaudran en 1916. Des productions de 1000 avions militaires, notamment des Salmson 2 aux commandes de l’État sont faites afin d’aider la France lors de la guerre.

Salmson 2 — Wikipédia
Photo de l’avion Salmson 2, prise sur Wikipédia.

Ces productions aéronautiques vont permettre plusieurs implications positives sur la ville de Toulouse et la France durant la Première Guerre mondiale. Premièrement on retrouve le renfort militaire crucial pour l’armée française qui auront des rôles importants pour les missions telles que les bombardements ou la reconnaissance. Enfin on retrouve l’évolution de l’économie locale et commerciale suite à la création de nombreux emplois pour hommes et femmes et donc des revenus. La ville de Toulouse va se développer davantage avec les investissements et les nouvelles industries, ainsi qu’une nouvelle technologie prometteuse.

  1. Les conséquences sur le plan économique, social et industriel pour la Ville rose.

Les conséquences économiques : 

  • Destruction et Reconstruction : Toulouse a subi des dommages matériels dus aux conflits, bien que la ville elle-même n’ait pas été au cœur des combats. La nécessité de reconstruire a stimulé l’activité économique dans la période d’après-guerre.
  • Bouleversements Industriels : L’effort de guerre a entraîné une mobilisation importante de l’industrie locale pour la production de matériel militaire. Après la guerre, ces industries ont dû s’ajuster à la conversion vers des productions civiles, ce qui a parfois créé des difficultés économiques.
  • Changements dans l’agriculture : Le secteur agricole a également été touché par la guerre, avec des perturbations des activités agricoles normales en raison de la mobilisation des travailleurs et des réquisitions de ressources.
  • Inflation et Crises Économiques : Les conséquences économiques de la guerre, combinées à des coûts élevés et à des perturbations des marchés internationaux, ont contribué à l’inflation et à des périodes de crises économiques dans l’après-guerre.

Les conséquences sociales : 

  • Pertes Humaines : Comme dans de nombreuses autres régions, Toulouse a subi des pertes humaines importantes, avec la perte de nombreux jeunes hommes sur le front. Cela a eu un impact profond sur les familles et la société dans son ensemble.
  • Traumatisme Psychologique : Les survivants de la guerre, ainsi que la population générale, ont souvent été marqués par des traumatismes psychologiques liés aux horreurs vécues pendant le conflit. Le stress post-traumatique était largement méconnu à l’époque, mais ses effets ont eu des répercussions durables.
  • Évolution des rôles de genre : La participation accrue des femmes à la vie économique et sociale pendant la guerre a eu des implications durables sur les rôles de genre. Les femmes ont pris en charge des emplois et des responsabilités qui étaient traditionnellement réservés aux hommes.
  • Réajustement social : Le retour des soldats à Toulouse a nécessité un processus d’adaptation sociale, avec des défis tels que la réintégration professionnelle, le traitement des traumatismes et la réadaptation à la vie civile.

Pour conclure, pendant la Première Guerre mondiale, Toulouse a joué un rôle essentiel en fournissant un soutien crucial à l’effort de guerre. Malgré les défis et les pertes importantes, la ville a maintenu une vie active avec des activités culturelles et un réseau d’information actif. De plus, l’essor de l’aéronautique a marqué le début d’une nouvelle ère pour la ville, avec des innovations technologiques et des opportunités économiques. Cependant, la guerre a également laissé des séquelles importantes sur le plan économique, social et industriel, nécessitant des efforts de reconstruction et d’adaptation. La participation de Toulouse à la guerre a laissé une empreinte durable sur la ville et ses habitants, marquant une période de transition et de changement significatifs.

Bibliograhie :

Archives :

Reportages :

  • 1914-1918 : L’envol de l’industrie aéronautique toulousaine :

https://www.academie-sciences-lettres-toulouse.fr/?p=1864&embed=true#?secret=769Dt5omkq#?secret=3vDwZEIjdN

Articles :

  • BERNARD Marion, “En Image : Toulouse durant la Première Guerre mondiale”, L’Opinion, 12 novembre 2023. 
  • BOUSQUET Gil, “La Grande Guerre a signé l’acte de naissance de l’aéronautique à Toulouse”, La Dépêche, 20 août 2014.
  • JACQUIN Gala, “Comment Toulouse s’est-elle démarquée pendant et après la Première Guerre mondiale”, L’Opinion, 11 novembre 2021.Marais Quentin, “Armistice de 1914-1918 : quel rôle a joué Toulouse durant la Première Guerre mondiale ?”, ActuToulouse, 11 novembre 2022.
  • MARTIN Marie, “1918 : quand Toulouse pleure ses morts”, FranceInfo, 25 octobre 2018
  • PALLAS Pascal, “Centenaire de l’armistice 14-18 : comment Toulouse a vécu les dures années de la Grande Guerre”, ActuToulouse, 11 novembre 2018.
  • https://usbeketrica.com/fr/article/une-breve-histoire-de-l-innovation-toulousaine

Ouvrages :

  • CAZALS Rémy. « La Fin Du Cauchemar 11 Novembre 1918. »,Toulouse, Privat, 2018, 216 pages.
  • DEVAUX, Olivier (dir.), GARNIER, Florent (dir.). “Ceux de la Faculté : Des juristes toulousains dans la Grande Guerre”, Toulouse : Presses de l’Université Toulouse Capitole, 2017, 572 pages.
  • GARNIER Florent. « Sur le front du droit : Juristes en guerre et guerre des juristes. » Toulouse, Presses de l’Université Toulouse Capitole, 2019, 140 pages.
  • LALYMAN Joseph. « Toulouse pendant la guerre, 1914-1915. », Paris, Hachette BNF, 1 mars 2018, 130 pages.
  • LEROY Elérika. « Toulouse, Mémoire De Rues Guide Historique De La Résistance À Toulouse À Travers Les Plaques De Rue Et Les Stèles Commémoratives Du Centre-ville. » Toulouse, Mairie De Toulouse, 2006, 95 pages. 
  • OLIVIER Jean-Marc,  ZULIANI Jean-Marc. « Cent ans d’histoire de l’aéronautique à Toulouse (1917-2019). », Toulouse, Privat, pp. 713-745
  • SCHOR Ralph. « La France dans la Première Guerre mondiale. » Paris, Armand Colin, 2005, 128 pages.
  • ZAMOYSKA Hélène. « Un écrivain russe à Toulouse, au début de la guerre 1914-1918. » In : Littératures 14, septembre 1967, pp. 87-95 

Travaux académiques :

  • ALONZO Anne, “Les conséquences économiques et sociales de la Première Guerre mondiale à Toulouse (1912-1922)”, thèse, soutenance en 2009.
  • BOUYOUX Pierre, Godechot Jacques, “L’opinion Publique À Toulouse Pendant La Première Guerre mondiale (1914-1918)”, 1970.
  • DONATI Georges,  Grimal Michel, Puel Pierre. “Médecine Et Chirurgie Pendant La Première Guerre mondiale”, 1993.
  • MAILLET Patrick, Trempé Rolande , “La Crise Économique Et Sociale À Toulouse Pendant La Première Guerre Mondiale Et À L’armistice”, 1972.

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AVRIL 2024
Comité de rédaction – Yvon GAY, Doriëlle FONSECA-FUMOUX, Maël BOUDON, Raphaël MEILLAC, Théo VADET

ÉDITO :

Le Tarn est connu pour sa grande figure de Jean Jaurès, mais on pourrait se demander si c’est Jaurès qui doit définir le Tarn ou bien le Tarn qui définit Jaurès. On pourrait en d’autres termes montrer que Jaurès est le paroxysme d’un territoire labouré par le socialisme sur un demi-siècle. Le socialisme est une idéologie marxiste polysémique qui, à l’époque dans le département, a su se structurer au terrain qu’il a habité et aux changements qu’il a traversé. Des changements qu’encore aujourd’hui nous pouvons constater dans les villes de Carmaux, Mazamet, Graulhet où l’industrie remplace les manufactures. Dès la fin de l’Empire et le début de la IIIe République en 1871, le Tarn devient l’exemple type de la société moderne qui définira le XXe siècle suivant. Des bouleversements sociaux, politiques, culturels et surtout économiques vont faire basculer le Tarn comme toute la France dans un siècle de grandes guerres et idéologies. Le Tarn sera le lieu de nombreux processus qui permettront l’avènement du socialisme et que le socialisme alimentera dans son projet de transformation. Tel est notre volonté avec cette revue, nous voulions chercher à faire revivre des dynamiques et des évènements qui ne sont jamais morts. Mais qui ont été obscurcies et déformées par les bouleversements du XXe siècle mettant fin à cette période de croissance du socialisme dans le Tarn. La mort de Jaurès et la fin du processus de transformation du socialisme en 1921, marquent cette fin et cachent cette période qui est pourtant l’un des moments où le Tarn fut en pointe des dynamiques d’un siècle. Nous allons ainsi vous présenter des articles symboliques vous permettant de vous immerger dans cette époque par les passerelles que nous offre la contemporanéité. Dans notre démarche comme dans nos articles, nous voulons vous offrir des capsules temporelles revisitant cette époque.

Y.G.

SOMMAIRE

I. Le Tarn, entre continuité et rupture ?

Le Tarn, un moteur du syndicalisme

Tribune

L’émergence des syndicats et de la SFIO dans le Tarn

II. Le Tarn, sujet ou acteur des grandes transformations nationales

Le Tarn aux couleurs de la République

Les notables socialiste, une antithèse ?

Jaurès est mort ! Vive Jaurès !

La Fête du Travail à Carmaux : Un Appel à l’Unité et à la Solidarité Ouvrière

III. Le Tarn : une histoire du socialisme et de la République

Débat d’idée : Est-ce que le Tarn est socialiste ?

Analyse électorale :  1871-1919, l’âge rouge du socialisme dans le Tarn ?

Histoire d’une revue

I. Le Tarn, entre continuité et rupture ?

Les villes industrielles : le poumon rouge du syndicalisme et du socialisme.

La grève au Creusot, Jules Adler, 1899, Beaux-Arts de Pau.

Le Tarn, un moteur du syndicalisme

Avec près de 14000 personnes lors des récentes manifestations contre la réforme des retraites, à Albi. Mais aussi plus largement le département entier du Tarn, a encore montré une fois de plus que ce territoire reste l’un des bastions des idées socialistes avec des villes aux histoires industrielles telles que Carmaux, Mazamet et Graulhet. La Terre de Jean Jaurès est riche d’une forte histoire industrielle et de luttes ouvrières.

Fermé il y a tout juste 30 ans, les mines de Carmaux sont une histoire remontant au milieu du XVIIIe siècle avec l’autorisation de l’exploitation du charbon et de la houille par Louis XV. Cependant cette exploitation de la houille ne va vraiment connaître une ampleur grandissante qu’avec l’industrialisation du XIXe siècle et sa mécanisation galopante, on passe ainsi de 270 mineurs en 1822 à près de 2000 en 1880.

Cependant, ce qui va très vite différencier les mines carmausines des autres est son activité et ses revendications syndicales. En effet, le premier syndicat ouvrier voit le jour en 1883, soit 1 an avant la loi autorisant la création du syndicat ouvrier en France (Loi Waldeck-Rousseau de 1884). Néanmoins, ce qui a vraiment propulsé les mines de Carmaux sur la scène nationale arriva en 1892 avec ce que l’on appelle « La Grève de Carmaux ». Débutant avec le licenciement de l’employé Calvignac qui se trouvait aussi être maire de Carmaux au motif que sa profession de mineur et sa position de maire étaient incompatibles. La grève prit rapidement de l’ampleur avec l’envoi de l’armée par le président du conseil de l’époque, Émile Loubet, transformant la grève en un enjeu national. Très vite, de grandes personnalités politiques de l’époque se rangeront aux côtés des grévistes. On peut ainsi citer Clemenceau, futur président du conseil durant la Grande Guerre, ainsi que le plus important et le plus célèbre qui reste Jean Jaurès et qui prendra parti des grévistes dans La Dépêche du Midi. Ces derniers devinrent ainsi ses plus ardents et fidèles partisans tout au long de sa carrière politique, ce qui lui permit de devenir député de Carmaux en 1893.

Photographie d’un des puits de la mine de Carmaux, site de la municipalité de Carmaux.

Vient ensuite la célébrissime ville de Mazamet, dont son histoire et sa longue tradition du travail de la laine en a fait la capitale mondiale du délainage au cours du XIXe et XXe siècle. L’histoire de cette industrie florissante débute durant la révolution industrielle au XVIIIe siècle avec une industrialisation s’accélérant au fils des décennies, on dénombre ainsi officiellement, sans compter les femmes et les enfant travaillant eux-aussi dans les usines, près de 5000 ouvriers en 1786 travaillant dans l’industrie lainière. Cependant, cette industrie, bien qu’importante à une échelle régionale, ne prit vraiment une ampleur qu’en l’année 1851 avec l’importation de peau de mouton argentin qui permit d’ouvrir une nouvelle une nouvelle activité qui permit de propulser Mazamet sur la scène internationale en lui donnant le monopole de cette activité jusque dans les années 70. Naturellement, ce développement d’activité industrielle entraîna un développement de la classe ouvrière, on compte ainsi environ 6000 en 1900. Un autre mouvement ayant marqué la classe ouvrière mazamétaine fut “La Grève”, une grève ouvrière de grande ampleur s’étant déroulée de janvier à mai 1909 et ayant mobilisé la quasi-totalité des ouvriers du délainage du bassin de Mazamet.

Photographie de l’intérieur de la gare de marchandise de Mazamet remplie d’expédition de laine, site de la municipalité de Mazamet.

Enfin, le dernier grand lieu d’industrialisation dans le Tarn fut la ville de Graulhet, autre grand centre économique et socialiste du Tarn. De la même manière que les deux autres villes précédentes, l’épopée de Graulhet dans le cuir commença avant le XIXe siècle et prit de l’importance avec la mécanisation de l’activité. Du fait de sa proximité avec Mazamet, l’activité du travail du cuir profita d’un afflux massif de peau de mouton, rejet du délainage. La ville comptait à la fin du XIXe près de 150 usines en rapport avec l’activité du cuir. De plus, avec Carmaux, la ville de Graulhet se retrouve fortement touchée par les idées socialiste, on peut le voir avec la création d’un syndicat ouvrier, illégale au moment de sa création vu que précédant de près de 4 ans l’autorisation des syndicats en France. Ainsi, en 1900, près de la quasi-totalité des effectifs ouvriers était syndiqués. Ce fort mouvement syndicale n’hésita pas à se faire remarquer de par les nombreuses grèves qu’ils organisèrent entre 1880 et 1910.

Photographie de l’intérieur de l’usine Chabbal à Graulhet, blog mémoire de Graulhet.

Ainsi, même si la majorité de ces industries ont fermé dans le Tarn, leurs héritages persistent encore à ce jour, qu’il soit culturel avec des lieux tels que des musées ou politique avec l’enracinement profond de la gauche dans le département.

M.B.


TRIBUNE :

De 1892-1895, Carmaux fut traversé par des grèves historiques et difficiles pour les ouvriers de la verrerie, pour défendre leur droit politique et leur droit à l’autodétermination. Que ce soit pour défendre leur représentation politique et leur droit à faire de la politique que de diriger eux-mêmes leur entreprise. Ils lutteront pour défendre leur maire et frère ouvrier Calvignac licencié pour son engagement politique et lanceront ainsi l’un des plus grands mouvements syndicaux. Il y a 130 ans Carmaux faisait son second 1er mai en grève…

1 er mai 1891, à Fourmies nos frères travailleurs tombaient comme des mouches face à la tyrannie bourgeoise usant de son pouvoir pour faire oublier dans la mort et le sang cette force de travail auquel, il est toujours refusé les droits à la sûreté du travail, au bien-être, au mérite sur le capital de la richesse formé. Cette richesse qui doit tout à ces corps tomber dans la poussière qu’ils côtoient tous les jours et qui est la seule force de ces travailleurs pour exister et gagner le droit d’exister pleinement. Nous n’oublierons pas ces hommes ! Nous commémorons chaque 1er mai, leur sacrifice pour fonder une société débarrassée du capitalisme vorace et cannibale des bourgeois. Nous n’oublierons pas ce combat, ni cette victoire, celle des syndicats à s’organiser et se former en corps ouvrier uni pour exister dans cette société où nous ne valons pas plus que la machine que nous sommes les seuls à faire marcher. Nous sommes essentiels à la fabrication et à l’extraction du verre, du charbon, de la laine, du cuire… et le Tarn est le lieu de toutes les luttes depuis déjà 2 ans.

Le Tarn est scruté par le monde ouvrier et les bourgeois nous voient nous battre depuis 2 ans, faire preuve de tous les courages et de toute la fraternité que notre classe sait user contre la tyrannie. La lutte continue jusqu’au moment où notre droit à être maître de notre production sera reconnu. Carmaux lutte en tant que classe unie pour son droit à récupérer la verrerie comme le lieu de ses droits et de son travail. Carmaux est comme ailleurs le lieu où l’industrie et l’ouvrier se combattent alors que l’outil doit obéir à l’ouvrier. Récupérons notre contrôle sur la machine et prenons ce qui nous revient. Carmaux a le courage d’une classe, Carmaux a la capacité de renverser la vapeur et de reprendre la verrerie. Cela nous sera permis par la capacité de la force ouvrière à être une classe, un corps, une force de tous les changements. Le capital doit changer de camp, non plus être nos chaînes mais notre propriété à tous. Tous devons partager le fruit de nos efforts qui doivent nous revenir et être partagés. La fin du règne de certains et le début du gouvernement de tous, la dictature du prolétariat arrive. La lutte continue et le monde nous regarde, notre combat en inspire plus d’un pour nous suivre. Nous façonnerons par nos corps et notre force une Société et des sociétés où les ouvriers retrouveront leurs droits sur le capital qu’ils forment. La lutte continue pour reprendre le pouvoir aux voleurs et charognards qui nous enlèvent tout ce qui nous revient. La lutte continue car… 

C’est la lutte finale ! 
Groupons-nous, et demain, 
L’Internationale, 
Sera le genre humain… 

Y.G.


L’émergence des syndicats et de la SFIO dans le Tarn

L’émergence des syndicats et de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) dans le Tarn constitue un tournant décisif dans l’histoire sociale et politique de cette région. Au cœur de la Révolution industrielle, les travailleurs tarnais se sont organisés pour faire face aux conditions de travail difficiles, tandis que les premières branches socialistes ont été le fer de lance d’une lutte pour la justice sociale. Retour sur les prémices d’un mouvement qui a marqué durablement le paysage tarnais.

Alors que le Tarn se transformait sous l’effet des progrès technologiques et de l’essor des industries minières et textiles, un mouvement silencieux mais puissant prenait forme : celui des travailleurs se dressant contre les injustices de leurs conditions de travail. C’est dans ce contexte que naquirent les premiers syndicats. Parallèlement, les premières lueurs du socialisme se faisaient sentir dans les coins les plus reculés du département, annonçant l’avènement d’une force politique nouvelle : la SFIO. 

Naissance des syndicats dans le Tarn : une réponse aux conditions de travail difficiles

Les premiers syndicats dans le Tarn ont pris racine dans les industries minières et textiles, où les travailleurs étaient confrontés à des conditions particulièrement difficiles. Ils ont commencé par revendiquer des demandes élémentaires telles que des salaires décents, des heures de travail raisonnables et des conditions de travail sûres. Les premières formes d’organisation étaient souvent informelles, mais avec le temps, ces syndicats ont acquis une structure plus formelle et ont commencé à jouer un rôle central dans la vie sociale et politique du département. Les premiers syndicats à Carmaux, fondés en 1881, et à Graulhet, établis en 1880, sont des exemples de cette montée de l’organisation ouvrière dans la région. Par ailleurs, les grèves et les manifestations sont devenues des outils de lutte essentiels pour les syndicats, qui ont cherché à faire pression sur les employeurs et les autorités locales en faveur de leurs revendications. Malgré la répression patronale et les obstacles juridiques, le mouvement syndical dans le Tarn a continué de croître, porté par la détermination des travailleurs à défendre leurs droits et leur dignité.

Les débuts de la SFIO dans le Tarn : un bouclier du socialisme

Parallèlement à l’émergence des syndicats, le Tarn a également été le terreau fertile pour le développement de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), prédécesseur du Parti Socialiste est instaurée en 1905 lors du Congrès de Globe (congrès de fondation de la Section Française de l’Internationale Ouvrière et premier congrès socialiste) par les socialistes Jean Jaurès, Jules Guesde et Albert Willm. Inspirée par les idéaux socialistes et l’aspiration à une société plus juste et égalitaire, la SFIO a rapidement trouvé un écho favorable parmi les travailleurs tarnais.

« Les trois flèches »


Logo du parti politique socialiste français : Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) créé en 1934.

NARRITSENS André, Logo SFIO, Aux origines des « trois flèches », PCF Aubervilliers (2011)

Les premières branches de la SFIO ont été créées dans le Tarn au tournant du XXe siècle, attirant des militants dévoués et des intellectuels engagés, et reflétant les divers courants de la gauche française à l’époque. On peut alors citer les courants réformistes ainsi que révolutionnaires, chacun guidé par une même ambition : représenter les intérêts de la classe ouvrière de France. 

Lors de ses premières élections en 1906, plusieurs membres éminents du parti ont été élus. Parmi eux figuraient des personnalités telles que Jean Jaurès, Jules Guesde, Aristide Briand et Édouard Vaillant. Leur leadership intellectuel et idéologique a tracé la voie du socialisme moderne, unifiant diverses tendances idéologiques au sein de la SFIO. En tant qu’élus, ils ont apporté une voix politique officielle au parti, plaidant pour les droits des travailleurs et la justice sociale dans les arcanes du pouvoir. Leur capacité à mobiliser les masses laborieuses et à négocier avec d’autres forces politiques a été cruciale dans la consolidation du mouvement socialiste en France. Ainsi, les pionniers de la SFIO ont laissé un héritage indélébile, façonnant non seulement le parti, mais aussi le paysage politique français, et jetant les bases du socialisme moderne.

Aujourd’hui, alors que les récits des luttes passées résonnent encore dans les rues et les places publiques du Tarn, il est clair que l’émergence des syndicats et de la SFIO a laissé un héritage indélébile dans l’histoire sociale et politique de la région. Ainsi, ces mouvements pionniers ont jeté les fondations d’une conscience ouvrière et sociale qui continue à inspirer les luttes pour la justice et l’égalité. Leurs efforts ont tracé la voie pour les avancées sociales et les droits des travailleurs que nous connaissons aujourd’hui, rappelant que le changement durable est le fruit d’une lutte collective.

D.F.

II. Le Tarn, sujet ou acteur des grandes transformations nationales

Jean Jaurès entre figure locale et nationale.

Hommage à Jean Jaurès – Histoire – 1914-1918 – Assemblée nationale, site de l’Assemblée nationale.

Le Tarn aux couleurs de la République

Le Tarn est un territoire encore essentiellement rural à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, imprégné de l’Église catholique et d’une éducation religieuse courte ce qui n’est pas propice au développement des idées socialistes. Mais ils ont eu la chance qu’une fois la République imposée dans les années 1880, les lois Ferrys pour une école laïque, gratuite et obligatoire, ainsi que la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905 ont permis l’ouverture au socialisme et sa possibilité de devenir la nouvelle école de pensée.

Votée il y a un peu plus de 5 ans, la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État est un véritable bouleversement et une grande victoire pour la gauche française ! Bien que conçu à Paris, ce monument juridique trouve une partie de son origine dans notre beau département Tarnais. 

En effet, l’un des artisans de cette victoire n’est autre que Émile Combes, homme politique majeur du paysage républicain français et originaire de Roquecourbe dans le Tarn. L’un des points de cette loi est l’interdiction des écoles religieuses au profit d’écoles laïques et républicaines. Albi ne fut heureusement pas épargné par cela, comme nous avons pu le constater avec la fermeture de l’établissement scolaire religieuse du Bon Sauveur. Cette loi, couplée aux lois Ferry permit de déloger l’influence cléricale des plus jeunes générations tarnaise tout en leur inculquant les valeurs républicaines. En concert avec cette loi, la République s’est engagée à enrichir chaques villes et villages de France d’établissements scolaires modernes, qu’ils soit existant ou construit pour l’occasion. On peut le constater à Albi avec l’agrandissement du collège de Bitche pour en faire l’École Primaire Supérieure de Garçons. 

Ainsi, cette loi est l’aboutissement d’un effort national à laquelle la Gauche tarnaise n’a pas été sans contribution.

M.B.


Les notables socialiste, une antithèse ? 

Existe-t-il des notables socialistes au début du XXe siècle ? Si la question ne se pose plus aujourd’hui, elle est pertinente quand on étudie la genèse de l’un des partis historiques français. Au début les idées socialistes sont portés par des partis locaux issues des syndicats, avec un aspect essentiellement groupusculaire. S’appuyant sur les masses populaires et ouvrières subissant le système capitaliste tel que décrit par Marx, ils se formèrent en force sociale et politique. Le but était de former une organisation structurée pouvant renverser le système ou du moins lui tenir tête. La fonction tribunitienne qui caractérise le courant socialiste est ainsi apparu. Selon Aude Chamouard, docteur en histoire, le parti socialiste est à la base un parti de masse. En effet, le parti compte 40% d’ouvriers dans ses élus en 1920, ce qui est énorme par rapport aux autres partis français. Il est recherché la formation et l’organisation des masses en interne en y faisant évolué des membres éduqués ou non pour en faire des élus, des cadres et des dirigeants. Naturellement ceux les plus éduqués ayant le plus de compétence et d’éloquence pouvaient plus facilement se hisser en haut de l’organigramme. Mais avec la diminution de l’influence de l’Église et de son éducation les cadres formés par la république pouvaient mieux saisir et adhérer aux thèses socialistes. En plus de quoi les idées socialistes devinrent la nouvelle pensée dominante et structurante des masses éduquées par la République et socialisées au sein du mouvement ouvrier. De ce fait, les élus socialistes de Haute Garonne sont déjà qualifiés par les journaux de « notable toulousain ». En effet, même si la base est fortement ouvrière, les élus sont déjà des notables. De par le fait que le mouvement est très vite formé et formaté par des élites économiques et culturelles s’appuyant sur le système sociale et politique pour encrer territorialement leur influence.

Mais cette problématique semble être inhérente à l’exercice même de la politique. Les socialistes qui sont issus du mouvement ouvrier n’ont ni le temps,  ni l’aisance matérielle, ni l’ascendance pour être qualifiée de notable selon la définition de Weber. Mais la république est construite par des notables, pour des notables. Le réseau politique est indispensable pour évoluer dedans. De plus, les hommes politiques de cette période ne font pas exception à la règle, ils sont pour la plupart des professionnels de la politique. Or, les ouvriers  n’ont pas le temps ni l’énergie pour prétendre à des postes d’élus. Les socialistes vont donc être obligés de devenir des notables pour évoluer au sein de la république. Effectivement, les ouvriers ne sont représentés qu’à 20% dans les élus du parti en 1930. Georges Barthélemy, maire de Puteaux, définit parfaitement la réalité du parti : « Depuis Thivrier, premier maire socialiste de France, cinquante ans de pratique nous ont appris notre histoire et nous ont appris notre métier ».

On peut donc dire que si le parti s’est progressivement détaché de sa base ouvrière, c’est tout simplement qu’il a suivi le cursus classique de la république. Mais qu’en évoluant contre cette « République bourgeoise » à laquelle ils ont dû se plier pour la changer, ils ont aussi dû s’organiser en interne comme elle, et ainsi devenir les notables qu’ils combattaient.

R.M.


Jaurès est mort ! Vive Jaurès !

Le processus par lequel le socialisme a acquis une élite a trouver son paroxysme avec Jean Jaurès au début du XXe siècle dans le Tarn. Ce professeur de philosophie, républicain modéré, suite à la grève de Carmaux en 1892 se convertit aux idées socialistes et devient le meneur dans le Tarn et dans le pays de la lutte des classes. De ces combats locaux aux grandes causes nationales, il devient le meneur de la SFIO mais fut tuer en 1914 pour son combat contre la Guerre.

Ils ont tué Jaurès ! C’est avec ce cri de stupeur que la France socialiste se réveille le samedi premier août. L’assassin, de son nom Raoul Villain, l’a froidement abattu à la sortie du café du croissant de Montmartre. À cause d’une tension toujours plus forte entre l’Allemagne et la République française, Jaurès s’était positionné à la tête d’un mouvement pour la paix. Ce tragique événement nous amène à retracer la vie du grand homme, de figure du mouvement ouvrier à militant pour la paix.


Jaurès est né le 3 septembre 1859 à Castres. Après une jeunesse heureuse dans la ferme familiale, il effectue un parcours scolaire brillant et devient professeur au lycée d’Albi. Il est élu une première fois sous le blason républicain mais il sera battu par un monarchiste aux élections suivantes. Il est contraint de retourner enseigner à la faculté de Toulouse. Il découvre à ce moment l’idéologie socialiste et il se convertit assez lentement. La grève de Carmaux, dans laquelle il  s’investit corps et âme, le transforme en socialiste convaincu. Il est élu sous cette bannière en 1893. Il ne quittera plus jamais l’hémicycle jusqu’à la journée tragique d’hier.

Jean Jaurès

Appel à l’union des prolétaires à Lyon, 1913

ROGER Violet, Jean Jaurès, le 25 mai 1913, phootgraphie, L’Humanité (07 Juillet 2022)

Dès lors, Jaurès sera de toutes les grandes luttes progressiste de notre temps. Il va défendre les verriers d’Albi, s’opposer à l’impérialisme en Asie et en Afrique, défendre Dreyfus qui est accusé de trahison par les forces réactionnaires. Orateur brillant mais homme simple, il était le héraut du mouvement ouvrier. Depuis 10 ans, il lançait l’alerte sur la menace d’un conflit généralisé entre grandes puissances européennes. Les réactionnaires et les va-t-en guerre l’auront finalement tuée hier, ce qui ouvre une sombre période pour notre pays et pour l’Europe entière. Notre rédaction présente ses plus sincères condoléances et amitié à sa famille.

L’homme est mort mais ses idées doivent perdurer ! Vive l’internationale ouvrière et vive la république !

R.M.


La Fête du Travail à Carmaux : Un Appel à l’Unité et à la Solidarité Ouvrière

Le 1er mai 1920 à Carmaux, la Fête du Travail prend une importance particulière, soulignée par un appel à l’unité et à la solidarité ouvrière. Au milieu des festivités, cette journée rappelle l’importance de rester unis pour défendre les droits des travailleurs et poursuivre la lutte pour de meilleures conditions de travail. De cette manière, Carmaux réaffirme son engagement de justice sociale et de solidarité qui ont toujours caractérisé son histoire. Et il le fait malgré la perte de son chef local et national, Jean Jaurès peu avant la guerre qui a laissé la France emprunt de sang et de chauvinisme. Faisant de la lutte pour les droits des ouvriers un combat secondaire, le Tarn qui est lui emprunt du sang rouge et de l’héritage idéologique de Jaurès a continué le combat et l’implantation des idées socialistes.

Un appel au rassemblement

Affiche de promotion pour l’événement de la fête du 01 Mai 1920 à Carmaux. 

Affiche politique, “Fête du 1er Mai 1920”,  Archives départementales du Tarn, Albi

Carmaux, le 1er mai 1920 – Aujourd’hui, la ville de Carmaux s’est parée des couleurs du mouvement ouvrier pour célébrer la Fête du Travail, une journée dédiée à la reconnaissance des contributions des travailleurs et à la solidarité ouvrière. Dans un contexte marqué par les récents bouleversements politiques et sociaux, cette année l’appel à la fête souligne une importance particulière, mettant l’accent sur l’unité et la résilience de la classe ouvrière face aux défis du monde moderne.

« Vive le 1er Mai ! » 

Les rues de Carmaux résonnent aujourd’hui des chants et des cris de joie des travailleurs, venus nombreux pour célébrer la Fête du Travail. Dans une ambiance empreinte de solidarité et de détermination, cette journée symbolise bien plus qu’une simple commémoration ; elle incarne l’esprit déterminé de la classe ouvrière, à défendre ses droits et à poursuivre la lutte pour un avenir meilleur.

Les festivités débutent dès l’aube, alors que les travailleurs se rassemblent autour des symboles de leur mouvement, brandissant fièrement leurs bannières et leurs slogans revendicatifs. 

Aux Travailleurs de Carmaux & de la Région

Les discours enflammés des leaders syndicaux résonnent dans les rues, rappelant les luttes passées et appelant à l’unité dans la poursuite de leurs revendications. Au-delà des revendications politiques, à savoir les luttes visant à améliorer les conditions de travail et les droits des travailleurs – réduction des heures de travail, augmentation des salaires, amélioration des conditions de travail et reconnaissance des droits syndicaux, la journée est également marquée par des moments de convivialité et de partage, renforçant les liens de solidarité au sein de la communauté ouvrière à travers l’organisation de fanfare, déjeuner et meeting.

« Vive la vraie République du peuple ! » 

Ces mots écrits en gras, sur un fond rouge, dénotent d’une force de caractère impressionnante. Ils résonnent comme un appel à une république où les travailleurs sont mieux représentés et où la justice sociale est au cœur des politiques gouvernementales. Les ouvriers de Carmaux ont affirmé leur engagement à poursuivre la lutte pour des conditions de travail dignes et une répartition équitable des richesses. 

Dans cette « République du peuple » idéale, les travailleurs ne sont pas de simples pions, mais des citoyens à part entière, où ces derniers sont mieux représentés et où les principes de justice sociale sont au cœur de chaque politique gouvernementale, leur permettant de jouir de droits et de protections garanties par l’État. La Fête du Travail à Carmaux a été l’occasion de réaffirmer cette vision d’une société plus juste et égalitaire, où chaque individu a la possibilité de prospérer et de contribuer au bien-être commun.

« Vive l’Internationale ouvrière ! » 

Carmaux devient alors le point de diffusion de l’idéal internationaliste et ce, dans la France entière. Des délégations syndicales venues d’autres régions se joignent à la célébration, témoignant de l’unité de la classe ouvrière au-delà des frontières nationales. « Pour protester contre les puissances qui nous exploitent et nous oppriment et affirmer sa foi en l’avènement prochain d’une République d’humanité, de justice et de fraternité ! » proclame l’affiche rouge vif, appelant à la protestation contre les forces puissantes qui exploitent et oppriment les individus, en mettant en avant la vision d’une République future fondée sur des valeurs d’humanité, de justice et de fraternité. 

En cette journée historique, Carmaux réaffirme son engagement envers les idéaux de solidarité, de justice et de progrès social qui ont toujours guidé son histoire. Alors que les travailleurs retournent chez eux, les chants de solidarité continuent de résonner dans les rues, témoignant de l’esprit inébranlable et la détermination de la classe ouvrière.

Cette journée mémorable, inspirée par une simple affiche datant de 1920, incarne l’esprit brave de la classe ouvrière de Carmaux. Elle rappelle que, même face aux difficultés, l’unité et la solidarité restent les fondations sur lesquelles reposent les luttes pour un avenir meilleur pour tous les travailleurs.

D.F.

III. Le Tarn : une autre histoire du socialisme ?

Le Tarn, une terre de socialisme depuis 150 ans.

Tarn libre, Nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites : plus de 18 000 manifestants à Albi, près de 8 000 à Castres, article du 23/03/2023, photo de Alexandre Renault.

Débat d’idée : Est-ce que le Tarn est socialiste ?

Jean Jaurès le député de Carmaux, ville ouvrière où le syndicalisme est l’essence de la communauté des travailleurs de la mine et de la verrerie, faisant de grand discours devant une masse populaire l’enorgueillissant d’un discours pour l’égalité sociale et contre la République des bourgeois parisiens. Voilà l’image d’Épinal que l’on se fait de ce Tarn de la première moitié de la IIIe République. Mais le Tarn et son rapport au socialisme sont plus larges que Jean Jaurès, que les Toulousains aiment à s’approprier d’un Sud-Ouest en avant-garde du progrès et de la lutte pour les droits sociaux. Jean Jaurès n’est pas ce qui fait le socialisme dans le Tarn, il n’est pas l’essence de cette image caricaturale que l’on se fait du Tarn mais la conséquence. Lui-même serait d’accord pour avouer que l’essence du socialisme dans le Tarn est son peuple ouvrier moteur et victime de la transformation sociale en cours au XIXe siècle.

Jaurès, couverture Bande-Dessinée, scénario: Jean David Morvan, Frédérique Voulyzé; Historien: Vincent Duclert; Dessin: Rey Macutay; couleur: Walter; 2014 chez Glénat et Fayard

Durkheim comment comprendre la transformation

Émile Durkheim justement né à Épinal en 1858 qui fut l’un des investigateurs de la sociologie française, décrivait si bien. Pour lui, l’industrialisation transforme les solidarités et les liens sociaux entre les individus et formant les collectifs. La solidarité mécanique qui faisait l’identité du groupe, se mut en solidarité organique. La solidarité fondée sur les similitudes du Jaurès, couverture Bande Dessinée, scénario: Jean David Morvan, Frédérique Voulyzé; Historien: Vincent Duclert; Dessin: Rey Macutay; couleur: Walter; 2014 chez Glénat et Fayard mode de vie entre individus, sous l’Ancien régime la société était homogène avec 90 % de la population vivant et travaillant de la terre. Cette situation similaire entre tous faisait le sentiment identification et de compassion menant à la solidarité, elle se faisait systématiquement. Alors que la révolution française et industrielle qui suivit transforma les liens sociaux et donc les modes de solidarité. La création de travaux différenciés avec la division du travail en tache séparé et spécialisée. Les travailleurs d’une usine se concentrent sur des taches différentes avec des situation sociale et économique différencié mais la solidarité se fait par la complémentarité des rôles. Cette transformation par l’usine est fondamentale, des populations issues de l’agriculture vont se concentrer dans la périphérie des villes où est installées les usines et activités comme Carmaux pour Albi, ou Graulhet entre Lavaur, Castres et Albi. La logique étant d’attirer des populations issues de la campagne pour travailler avec un niveau de vie légèrement meilleur que leur territoire d’origine. Cela va sortir du monde agricole nombre de populations parfois venue de territoire périphérique, comme les Aveyronnais. Durkheim qui est un contemporain de ces transformations a ainsi pu constater que l’ouvrier va être l’outil du changement global de l’économie, l’ouvrier est nécessaire à l’agriculteur pour lui fournir de l’énergie ou des outils, et le paysan pour nourrir cette population. Mais très vite les ouvriers vont comprendre qu’ils peuvent tirer profit de ce renversement par un développement des idées socialistes issues de Marx.

Marx comment passer de l’ouvrier au prolétariat

Marx est né en 1818 et mort en 1883, fut le grand penseur politique, sociale et économique qui analysa les bouleversements de son époque. Il considère la rupture que représente le basculement vers l’industrialisation comme un changement du paradigme. On passe du modèle où le paysan produit et est propriétaire de sa production à l’ouvrier qui n’a que sa force de travail est sa seule propriété productive, son capital. Le capital en tant que moyen de production et le fruit du capital sont la propriété du patron. Il y a une aliénation au travail, qui rend le patron et son capital nécessaire à la capacité productive du travailleur. Marx prône alors que les travailleurs dont la force productive est tout aussi essentielle pour actionner la machine se forment en groupe social, en force sociale capable de négocier et d’exiger du patronat des concessions sur la valeur et le profit crée de la juxtaposition du Capital et du travail. Le marxisme est fondé sur cette idée que la force sociale d’un groupe majoritaire est essentiel, nommé prolétariat, se forme comme force active pour renverser la situation de domination. Politiquement et socialement cela prendra la forme des syndicats comme unité de base de l’organisation du prolétariat qui peut ainsi avoir une conscience de classe, savoir qu’ensemble ils forment un groupe social conscient de ce qui le définit et de son impact.

Très vite à Carmaux est formé le premier syndicat en 1881 et à Graulhet en 1880, le peuple ouvrier en tant que force sociale est bien antérieure à Jaurès. Il se forme en force politique très vite, il va se rapprocher des idées marxistes qui se développent dans les populations plus éduquées mais en contact direct avec cette nouvelle force sociale, les professeurs ou les populations employés dans les usines pour la comptabilité ou l’écriture parfois issue de ce même monde ouvrier. Très vite à Carmaux est formé le premier syndicat en 1881 et à Graulhet en 1880, le peuple ouvrier en tant que force sociale est bien antérieure à Jaurès. Il se forme en force politique très vite, il va se rapprocher des idées marxistes qui se développent dans les populations plus éduquées mais en contact direct avec cette nouvelle force sociale, les professeurs ou les populations employées dans les usines pour la comptabilité ou l’écriture parfois issue de ce même monde ouvrier.

Le Tarn, une contre narration ?

La pensée de Marx ne s’oppose pas à celle de Durkheim ou de Weber, qui considère les classes comme des groupes sociaux formées de facto par la similitude des caractéristiques sociales, politiques et économiques. Toutes ces conceptions montrent que la fin du XIXe siècle est riche de débat et d’évolution de la sociologie concrète et des conceptions académiques.

« La sociologie était la nouvelle biologie, il fallait comprendre ce nouveau corps social : le prolétariat.»

S’il nous était offert de pouvoir changer cette représentation pour la coller à cette réalité vécue et constatée à l’époque elle serait la suivante : un territoire, le Tarn, plutôt rural, où d’anciennes activités économiques commencent à profiter des politiques du second empire pour moderniser l’artisanat et les manufactures pour les plonger dans le vacarme mécanique et l’obscurité souterraine de l’industrie et de la modernité technique. Dans ces mines et usines, les ouvriers passent de la faucille au marteau. Ils comprennent qu’ils sont un corps indispensable et rentrent en lutte lorsqu’ils le jugent utile comme pour marquer leur indépendance et faire remarquer leur indispensabilité. Jaurès a vu cela lors de la grève de 1892-1895 et compris non pas qu’il fallait convertir les masses au socialisme mais les élites, dont lui-même faisait partie, ou alors de créer une élite socialiste. Il se lança dans la grande quête tribunitienne du socialisme, en tant qu’elle forme les esprits et organise la lutte, tout en formant en son sein sa propre nouvelle élite. Le Tarn n’est pas le conte socialiste d’Épinal avec Jaurès comme héros, le Tarn entre 1871 et 1919 est le lieu de la lutte, des transformations comme un exemple remarquable de ce que l’implantation des idées socialistes permet, et Jaurès en est la conséquence et non la cause. Tous les sociologues pourront y trouver la mine du socialisme de Marx à Durkheim en passant par Weber, la classe prolétarienne y fut active même sans Jaurès et j’en prends pour preuve que même après sa mort la lutte continue…

Y.G.


Analyse électorale : 1871-1919, l’âge rouge du socialisme dans le Tarn ?

Juillet 1871, le retour de la République et des monarchistes au pouvoir, la France d’après-guerre voit la République s’imposer jusqu’à la droite de gouvernement et les radicaux sont le maillon essentiel de tous les gouvernements. Qu’est-ce qui a changé dans cette période ? Quelles évolutions électorales l’expliquent ? Lorsqu’on regarde les cartes produite par J. Cagé et T. Piketty les radicaux en 1871 sont présents uniquement dans des territoires où ils ont un encrage de longue date alors qu’en 1919 l’implantation de la gauche semble se faire sur un grand nombre de territoire ancrés dans l’industrialisation, au Nord-Est, le Sud-Ouest et le Sud-Est avec des niches industrielles motrices des républicains et des socialistes.

Élection législative juillet 1871, les radicaux uniquement dans des poches territoriales.

Élection législative 1919, la gauche républicaine et socialiste bien plus présente sur une large partie du territoire, surtout dans les zones industrielles.

Entre la guerre Franco-Prussienne et la Première Guerre mondiale, les partis de gauche ont beaucoup évoluer se dirigeant vers le républicanisme et le pacifisme. La France entre le retour de la démocratie avec le suffrage universel direct pour l’élection législative, et les élections d’après-guerre à la veille d’une séparation de la gauche entre les plus républicains, socialistes, et les communistes, révolutionnaires pro-bolchévik. La gauche semble avoir évolué conceptuellement et électoralement.

Une corrélation évidente entre le vote à gauche et l’industrialisation

Lorsque l’on se penche sur les résultats des élections législatives entre 1871 et 1919 on peut voir grâce aux données de T. Piketty et J. Cagé la corrélation évidente entre la carte sociologique et électorale. En 1876, les législatives sont anticipées et marquent une nette progression des partis républicains de gauche. La périphérie de Paris, le Nord-Est et la Savoie avec le contour méditerranéen plutôt populaire et ouvrier, avec des mines ou des activités industrielles, sont des terreaux fertiles pour ces partis. Ce que l’on constate en 1898, avec une grande accélération des milieux industriels, le long de la Garonne et dans le Tarn ainsi que dans le Nord et autour de Paris, une hausse et surtout une densification du vote républicain (progressiste) et socialiste. De par la fragmentation des électorats et des idées socialistes, il n’y a pas d’homogénéité autour d’un parti unique, ce qui rend la lecture trouble. Néanmoins si on se concentre sur la Gauche et les partis avec la plus grande conscience sociale, il y a une nette progression autour de ces poches industrielles qui propagent ces idées autour en même temps que l’industrie.

Élection législative 1876, la gauche républicaine et socialiste se développe surtout dans des zones urbaines où elle possède des notables. Le Tarn n’en fait pas partie.

Élection législative 1898, la gauche républicaine et socialiste bien plus présente dans les premières niches industrielles et urbaines.

Le Tarn : comment les idées socialistes se propagent-elles ?

Le Tarn en 1898, est un excellent exemple de ce processus de propagation des idées socialistes par l’instauration de capsule socialiste sur le territoire où celui-ci se forme et se renforce pour mieux s’encrer. Lors des législatives de 1898, le Nord du Tarn commence avec Graulhet et Carmaux ainsi que sous l’influence toulousaine et ferroviaire à voter socialiste. Les poches les plus dynamiques collant parfaitement à la carte industrielle et sociale.

Élection législative de 1898 dans le Tarn.

Lors des élections législatives qui suivirent, on constate comment ce processus électoral se développe dans le Tarn. Les niches industrielles de Graulhet et Carmaux, socialistes et engagés dans le syndicalisme, vont préparer les électeurs et offrir la souche militante pour remporter les élections. À l’occasion des élections de 1902, Jean Jaurès est réélu député socialiste et prend la tête du camp socialiste national, l’unissant autour de la pensée marxiste et de la tradition républicaine radicale voire révolutionnaire. Ainsi en 1902, le Tarn est aux 3/4 acquits à la cause socialiste sur la surface de son territoire avec des niches en avant-garde. En 1919, cela permet au socialisme de rester une force essentielle sur ce territoire malgré le chauvinisme d’après-guerre qui ne lui est pas favorable. Le territoire est uniformément couvert par les idées socialistes grâce à l’alliance entre ouvriers et paysans avec ses poches industrielles acquises à sa cause.

Élection législatives 1902, Le Tarn vote au ¾ de son territoire pour des candidats socialistes ou radicaux.

Élection législatives 1919 dans le Tarn. Le vote socialiste et radical progresse et s’homogénéise sur le territoire.

Ce que l’on peut retirer d’une telle analyse, c’est que le socialisme est autant la cause que la conséquence des évolutions sociologiques dans le Tarn comme en France entre 1871 et 1919. Les élections en sont le révélateur, ainsi les poches qui à cette époque vont commencer à voter socialiste puis communiste comme dans le Nord ou en Savoie vont être profondément marqué par ces évolutions et donc sur la fin de ce processus à la fin des années 70. Dans le Tarn, le processus semble différent car les idées socialistes se sont encré dans les représentations et dans les traditions de votes. Mais aussi grâce à une stabilisation sociologique induite par la périurbanisation toulousaine qui mène dans le Tarn les catégories les plus modestes travaillant dans l’industrie toulousaine. Aujourd’hui, s’il y a un recul des idées socialistes ou progressistes dans le Sud, qui a toujours été plus rural, et conservateur, que le Nord, ce dernier reste très ancré à Gauche avec la victoire en 2022 d’un député LFI dans une triangulaire avec la majorité présidentielle, et l’extrême droite. Le socialisme dans le Tarn semble s’être converti aux idées socialistes par des bouleversements sociaux mais elles semblent restées par la force de l’intériorisation politique qu’elles ont suscitée dans les pratiques électorales. Comme le montrent Cage et Piketty, 20 % des raisons du vote relèvent aussi d’habitude et d’intériorisation politique collective et traditionnelle.

Cf : J. Cagé et T. Piketty, une Histoire du conflit politique, Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022, Seuil, Ecohistoire, 57 rue Gastond-Tessier, Paris XIXe, septembre 2023

Y.G.


Histoire d’une revue :

L’Histoire, et la manière dont on l’écrit, a toujours alterné entre des phases de retour sur des analyses de terrains et l’écriture de grands récits collectifs. Un peu comme en économie, il y a des démarches macroscopiques et microscopiques. Cette revue a à cœur d’user des deux pour illustrer et comprendre des pages souvent dissimulées derrière le vernis de la vulgarisation excessive et du sensationnalisme une histoire interactive. Entre le territoire et la Grande Histoire, la valeur de l’Histoire Contemporaine est bien de permettre de réfléchir par des dynamiques multidimensionnelles. Cela revient à faire une topologie historique d’une époque ouvrant sur la suivante et fermant la précédente. Là était le cœur de notre démarche en cherchant à comprendre l’implantation des idées socialistes dans le Tarn entre 1871 et 1921. L’ambivalence dans cette démarche et dans cette période est bien que l’on soit dans une double dynamique propre au socialisme, entre sa volonté de changer la société et de pourtant être la conséquence des changements antérieurs qu’il combat. Et pourtant les socialistes veulent s’institutionnaliser et de pérenniser ces idées dans le paysage politique tarnais et National. Là est peut-être l’intérêt de notre travail, des étudiants éprouvant leur territoire pour lier le Grand au Petit en faisant du sens dans l’Histoire pour revivre et faire survivre cet héritage. Nous avons écrit ces capsules pour faire durer ce patrimoine et aspirer à mieux le comprendre en actualisant notre rapport et à sortir des grands récits, pour en faire l’Historiographie et comprendre les fondements d’une contemporanéité. Les idéologies et la réalité sont ainsi grâce à l’histoire revue, relue, reliée pour illustrer notre monde en transformation. Ce travail est ainsi une étape dans une démarche de reconstruction de notre rapport à l’histoire de celle très scolaire à celle très académique, qui recherche par la contradiction à répondre aux grands questionnements.

Y.G.

Bibliographie

O U V R A G E S

  • BASTIE Maurice, Graulhet, Res Universalis, monographies des villes et villages de France, 1890
  • BERMOND Monique, Syndicalisme et revendications ouvrières à Graulhet de 1880 à 1914, mémoire de maîtrise, Université Toulouse Mirail, section histoire, Toulouse, 1971
  • BERSTEIN S., MILZA P., Histoire de la France au XXe siècle (1900-1930), Perrin, Paris, Coll. Tempus, 2009, p768
  • BOSCUS Alain, Jean Jaurès, la Cgt, le syndicalisme révolutionnaire et la question sociale, Institut tarnais d’histoire sociale (CGT) du Tarn, 2008, p90
  • BOURGIN Georges, RIMBERT Pierre, Le socialisme, Puf, Paris, 1986, p127
  • CAGÉ Julia et PIKETTY Thomas, Une histoire du conflit politique: Elections et inégalités sociales en France, 1789-2022, Éditions du Seuil, Paris, « Éco Histoires », 2023, p864
  • CANDAR Gilles VINCENT Duclert, Jaurès et les élections à la présidence de la République (1885-1913), Cahiers Jaurès, Paris, 2016, pages 5 à 20
  • CARON François, Histoire économique de la France (XIXe – XXe siècle), Armand Colin, Paris, 1981, 1995, p452
  • CAZALS Rémy, Avec les ouvriers de Mazamet dans la grève quotidienne 1900-1914, La découverte, coll. Centre d’histoire du syndicalisme, Paris, 1979, p354
  • CAZALS Rémy, Mazamet l’industrielle un demi-siècle d’exploration urbaine, Ampelos, Paris, 25 août 2020, p322
  • CHAMOUARD Aude, Existe-t-il des notables socialistes sous la Troisième République ?, Histoire@Politique 2015/1 (n° 25), Paris, p41 à 52
  • DARCOS Xavier, L’Ecole de Jules Ferry, 1880-1905, Hachette éducation, Paris, 2005, p310
  • DAVID Marcel, Les fondements du social. De la IIIe République à l’heure actuelle, Anthropos/Economica, Paris, Coll. “Historiques”, Paris, 1993, p298
  • DELGA Carole, LUCE Marie, PECH Rémi, Jean Jaurès, les convictions et le courage, Privat, Toulouse, 2022, p375
  • DURKHEIM Emile, Le socialisme, Puf, Paris, 1992, p276
  • FAURY Jean, L’anticléricalisme militant dans le Tarn sous la troisième république (1870-1940), Toulouse, 1980, p532
  • FOISSAC Olivier sous la direction de de Lacroix-Riz Annie, Le socialisme dans le Tarn des prémices à la scission (1830-1920), Mémoire ou autre travaille universitaire, Toulouse, 1996
  • FOISSAC Olivier sous la direction de de Lacroix-Riz Anni, La S.F.I.O. dans le Tarn au temps de Jaurès : la fédération d’unité socialiste du Tarn : 1905-1914, Mémoire ou autre travail universitaire, Toulouse, 1993, p190
  • GORGUES Gérard, Une histoire des mines de Carmaux, Chez L’auteur, Albi, 1996, p206
  • HUBERT Néant, La politique en France 1815 à nos jours, Régimes, institutions, élections, courants, partis, groupes de pression, média, Hachette éducation, Paris, 5e, 2020, p272
  • JAURÈS Jean, Histoire socialiste (1789-1900), Jules Rouff, Paris, 1901, p1319
  • KEUCHEYAN Razmig, DUCANGE Jean-Numa, ROZA Stephanie, Histoire globale des socialismes, XIXe-XXIe siècle, Puf, Paris, 2021, p1056
  • KOWALIK Jean-François, Mineurs de fond au XXe siècle dans les houillères du bassin de Carmaux-Albi (Tarn), Pierre-Christian Guiollard, Paris, 2005, p127
  • LACGER Louis de, L’Église d’Albi au tournant de la séparation sous la troisième république (1879-1925), Tarn, 1960
  • LEFRANC Georges, Le mouvement socialiste sous la Troisième République (1875-1940), Payot, Paris, 1963, p445
  • LE POTTIER Jean, PECH Rémy, AMALVI Christian, Histoire du Tarn, Privat, Toulouse, 2018, p1018 (en particulier les pages 557 à 586)
  • MARX Karl, Le Capital. Critique de l’économie politique, Editions sociales, Paris,1867-1894, p725
  • NAY Olivier, Histoires des idées politiques, 2500 ans de débats et controverses en Occident, Armand Colin, Paris, 2021, p820
  • PAUGAM Serge, Emile Durkheim et les liens sociaux, Revue internationale de philosophie, De Boeck Supérieur, n° 280, 2017, p.81-221
  • PETER Matthieu, Les orphelinats du Tarn sous la Troisième République, Presses du centre universitaire Jean-François Champollion, Albi, 2012, p357
  • PORTAL Charles, Le département du Tarn: au XIXe siècle, Les Éditions de la Tour Gile, Paris, 2000, p524
  • TREMPE Rolande, Les Mineurs de Carmaux (1848 – 1914), Les Éditions Ouvrières, First Edition, Paris, 1971, p1012

R E V U E (S)

  • Revue du Tarn 2005, n°199, p. 425-431 (PA 71)

L’Abbaye école de Sorèze après les réformes du père Lacordaire [2024]

L’Abbaye école de Sorèze après les réformes du père Lacordaire [2024]

L’arrivée du Père Lacordaire en 1854 apporte un souffle nouveau au sein de l’école. Il apportera des nouveautés au niveau scolaire et social grâce à ses réformes: remettre en ordre les emplois du temps, l’accentuation de nombreuses matières telles que les arts, les sciences et le retour de langue mortes afin d’en apprendre plus sur l’histoire qu’il nous est appris mais surtout la religion reste primordiale.


Le Père Lacordaire a instauré la mise en place d’un nouveau programme qui apporte des modifications conséquentes aux emplois du temps des élèves de l’Abbaye-École. S’il souhaite apporter de la modernité au sein de l’établissement, il y parvient en priorisant certains des cours. Il crée un ordre de priorité entre chacune des matières. Il donne un nombre d’heures plus ou moins conséquent à chacune des disciplines : par respect pour la tradition, la religion reste au centre de l’éducation inculquée aux élèves de l’Abbaye-École, suivie par la littérature, des sciences, des arts (qui selon le Père Lacordaire permettraient aux jeunes hommes d’acquérir une éducation complète) et des arts du corps. Cependant, même si certains enseignements traditionnels restent dans l’éducation des élèves, d’autres comme le latin et le grec ne sont plus des enseignements exclusifs. Une autre organisation de l’apprentissage s’inscrit de manière générale dans l’éducation. En effet, l’utilisation de manuels scolaires pour ordonner et structurer l’apprentissage des élèves apparaît comme essentielle. Une organisation se crée avec le fil conducteur qu’imposent les manuels. Divisés en trois parties qui correspondent plus ou moins aux trois trimestres de l’année scolaire, les manuels utilisés à cette époque se distinguent des méthodes actuelles (avec un apprentissage continuel de la maternelle au secondaire) puisqu’on parle d’apprentissage ascendant. Par exemple, pour un manuel sur l’apprentissage de la lecture, la première partie est le déchiffrage, la deuxième la lecture courante et la troisième la lecture expressive. C’est une méthode d’apprentissage qui permet d’aller du simple au plus complexe pour respecter l’évolution du niveau des élèves.

 Des réformes s’observent au niveau de l’organisation des journées des élèves. En effet, l’apparition d’un nouveau programme avec les changements de priorité des enseignements, les emplois du temps des élèves sont totalement modifiés par des nouveaux horaires. La vie des étudiants était rythmée de 5h30 à leurs réveils puis ils enchaînent la journée d’étude 8h15 avec les matières dites classiques comme du français, de l’écriture et de l’algèbre, puis l’après midi : fortification paysagère, dessin, géométrie et de l’anglais avant de la terminer par une prière et l’extinction des feux. Les activités sportives avaient aussi leurs places dans l’école toutes sortes d’activités en extérieur ou non comme de la natation , de l’équitation. Ils avaient en plus de cela des espaces dédiés à des activités extérieures comme du jardinage avec des potagers ou des activités plus ludiques à différents endroits du parc.

De même, que le corps enseignant évolue à partir du Père Lacordaire : les seuls critères requis pour devenir enseignant à l’Abbaye-École est d’être cultivé et motivé : les laïcs sont aussi admis. À titre plus individuel, les élèves internes ont finalement à la mise en place de réunions entre eux, à des dons de responsabilité, de récompenses et parfois de punitions. 

Ce qui entraîne d’ailleurs la mise en place de nouvelles structures au sein de l’école. En effet, l’ensemble des élèves est reparti en 10 classes, constituant quatre sections au total (en fonction de leur âge) qui ont leur propre cour, leur propre dortoir, réfectoire, et leurs deux préfets de discipline et domestique. Si la répartition des élèves est nouvelle, le système de notation aussi : les élèves obtiennent des notes hebdomadaires qui permettent au corps enseignant de faire un classement mensuel et par la suite une distribution des prix pour les meilleurs élèves.

 Enfin, que ce soit dans le privé ou bien dans le public, les écoles utilisaient des représentations de leur cours de récréation sur des cartes postales pour attirer de nouvelles recrues. C’est le cas des écoles privées qui utilisaient ces dernières comme véritable moyen de communication dans le but de se valoriser et de recueillir de nouvelles inscriptions. Cependant, les écoles publiques mettaient en avant la discipline lors des représentations. Plusieurs éléments contribuent à créer cette cohésion comme par exemple La Sorézienne, l’hymne de l’abbaye.

“Sorèze est  une école ou la religion, les lettres, les  sciences et les arts se partagent les  heures d’un jeune homme. Afin de jeter lui les fondements d’une vie d’homme.”

— Père Lacordaire

 


Le père Lacordaire  

Jean-Baptiste-Henri Lacordaire, en religion le père Henri-Dominique Lacordaire, né le 12 mai 1802 à Recey-sur-Ource (Côte-d’Or) et mort le 21 novembre 1861 à Sorèze (Tarn), est un religieux, prédicateur, journaliste et homme politique français. Restaurateur en France de l’ordre des Prêcheurs(dominicains), il est considéré aujourd’hui comme l’un des précurseurs du catholicisme libéral. En 1854, il devient le directeur de l’établissement de l’école de Sorèze. Il réforme l’éducation au sein de l’abbaye-école dès son arrivée. Jean baptiste Henri Lacordaire, était d’abord destiné à une carrière dans la législature. Ce n’est qu’en 1824, alors qu’il a 22 ans qu’il rencontre la religion et devient prêtre. Il se retrouve religieusement  dans l’ordre dominicain et remet  l’Ordre des Frères Prêcheurs dans la vie ecclésiastique française. S’ajoute à cela ses études qui lui ont permise de devenir un très bon orateur, ce qui ajouté à sa place dans la vie ecclésiastique, lui permet de pouvoir communiquer avec des penseurs, des hommes et des femmes de pouvoir et d’influencer afin de promouvoir son école et de penser à sa grande perception religieuse.


L’abbaye école de Sorèze  

L’abbaye de Sorèze est une ancienne abbaye bénédictine du XVIIIème siècle située à Sorèze, dans le département du Tarn. Elle est devenue un lieu d’enseignement novateur : collège, puis école royale militaire sous Louis XVI – ce fut l’objet d’un article des années précédentes – et repris comme collège par les dominicains sous la direction de Henri Lacordaire en 1854 et ferme ses portes en 1991. Depuis 2015, elle abrite le musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle, le musée de l’abbaye-école ainsi qu’un hôtel.

L’abbaye école de Sorèze tient une place importante dans la vie du village. Elle forme une  majeure partie du patrimoine sorézien. Désormais ouverte au public elle permet de nous  replonger dans l’histoire de cette abbaye avec les traces des nombreux élèves qui sont passés entre ses mûrs. Lors de la visite on constate le prestige de cette école avec les nombreux éléments rappelant l’histoire et la réputation de cette école à travers des portraits  de différente personnes qui ont étudié ici mais aussi la discipline qui était exigée dans l’école : les chambres très petites avec  seulement le stricte nécessaire (un lit, une chaise qui avait plusieurs fonctions et une armoire), les reconstitutions des salles de classes avec des exercices affichés permettent de se rendre compte de l’exigence qui était demandée dans l’établissement. 

Pour terminer nous pouvons évoquer une particularité de l’Abbaye on y retrouve une des trois seules statues au monde de Louis XVI qui a encore sa tête.


Les sources 

  • Bibliographie :

Caroline, BARRERA, La cour de récréation : actes du colloque abbaye-école de Sorèze, Toulouse : Université Toulouse Jean Jaurès : Sorèze : Syndicat mixte Abbaye école de Sorèze : Portet-sur-Garonne : Éditions midi-pyrénéennes, 2016

Anarchasis COMBES, Histoire de l’école de Sorèze, Toulouse: L. Jougla, 1847

Samuel GREGG, Henri-Dominique Lacordaire, OP: A Dominican Faces Modernity, Edition Acton Insitute, 2019

Sylvie MOUYSSET et Danièle TOSATO-RIGO (dir.), Mémoires d’enfance : actes du colloque, Abbaye-école de Sorèze, [19-20 octobre 2019], Portet-sur-Garonne, Éditions midi-pyrénéennes, 2021

Marie-Odile MUNIER, Une abbaye Bénédictine et une école, Presses du Centre Universitaires Champollion, 2012

Marie-Odile MUNIER, Sorèze, au pied de la Montagne noire : une abbaye, une école, Laval, Siloe͏̈, 1999

Marie-Odile MUNIER (dir.), Sorèze, l’intelligence et la mémoire d’un lieu : [colloque tenu les 26 et 27 octobre à l’Abbaye-Ecole de Sorèze] organisé par le Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques Centre albigeois d’histoire du droit et des institutions, Toulouse, Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse, 2001

Serge VAUCELLE, « La plus grande utilité publique. Renouveau pédagogique et éducation du corps au Collège de Sorèze (1759-1854) », CAHIERS DE FRAMESPA, 2018

  • Sitographie : 

> Généralité sur l’éducation à l’Abbaye-école de Sorèze sous Lacordaire : 

La congrégation enseignante, Le Père Lacordaire, Le Père Captier, Écoles et collèges, Paris, Cerf, 1983, in : Mémoire dominicaine, N°3, automne 1993

L’insolite histoire de l’abbaye-école de Sorèze

> Le Père Lacordaire et l’Abbaye-école de Sorèze : 

L’éducateur de Sorèze

Madame de Vivens, Lacordaire, l’Ecole de Sorèze et les protestants

La course à l’espace, élément de propagande du modèle soviétique de 1947 à 1975

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) et les États-Unis d’Amérique ressortent comme les deux grands vainqueurs de la guerre. Cependant, dès 1947, les Américains tentent de limiter l’expansion du Bloc soviétique. C’en suit des rivalités géopolitiques entre les deux blocs afin d’imposer leur propre modèle (le capitalisme pour les Américains et le communisme pour les Soviétiques). Hormis la course aux armements nucléaires, toutes ces rivalités se déroulent par des conflits indirects, c’est-à-dire que les deux superpuissances ne s’affrontent jamais directement, mais par le biais de campagnes de propagande, d’espionnage, par des guerres par procuration, des rivalités sportives aux Jeux olympiques et par la course à l’espace.

Une avance technologique au service de la propagande

Dès les débuts de la Guerre froide, les États-Unis et l’URSS ont cherché à se distinguer dans le domaine scientifique et technologique. Les Soviétiques ont été les premiers à inaugurer cette course en 1947, lorsque la bureaucratie centrale du gouvernement a créé l’institut de recherche sur les fusées. Cette initiative a marqué le début de la quête soviétique pour dominer l’espace.

Page de couverture du journal soviétique «La Pravda» , après le lancement du premier satellite artificiel Spoutnik 1, le 6 octobre 1957 Source : La Pravda

La propagande est utilisée par les dirigeants soviétiques pour présenter l’URSS comme la nation la plus avancée technologiquement et scientifiquement. Cette approche vise à prouver la supériorité du système communiste par rapport au mode de vie capitaliste américain. L’URSS ouvre la course à l’espace le 4 octobre 1957 avec le lancement du satellite Spoutnik 1, le premier objet artificiel à être placé en orbite terrestre. Cette avancée technologique a été présentée comme une réalisation révolutionnaire dans les médias soviétiques, démontrant la supériorité de la science et de l’ingénierie soviétiques. Factuellement, cela demande une concentration de connaissance des principes scientifiques tels que la physique, l’astronomie, la mécanique des fluides.

La propagande portée par l’URSS soutient que leur conquête de l’espace est le résultat de l’organisation centralisée et efficace du gouvernement communiste, afin de renforcer le patriotisme. Cette vision est transmise dès le plus jeune âge. En effet, le régime soviétique cherche à mobiliser et à former une nouvelle génération de cosmonautes et de scientifiques. Ainsi, le gouvernement soviétique met en place des programmes d’éducation visant à encourager les jeunes à explorer les sciences et les mathématiques. Cette approche de la propagande scolaire et de la formation de la jeunesse est très efficace, et elle a créé une culture dans laquelle les jeunes Soviétiques sont encouragés à poursuivre des carrières scientifiques et technologiques pour contribuer au développement de l’industrie et de la recherche spatiale. De plus, le système éducatif est réorganisé pour inclure des programmes spécifiques axés sur les sciences spatiales. De nouvelles écoles sont créées appelées « écoles de l’espace » qui ont pour but de former la prochaine génération de cosmonautes et d’ingénieurs spatiaux. On voit donc que la propagande passe aussi par l’éducation de la jeunesse.

Le soft power : démontrer la supériorité du modèle au travers de différents supports

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine devient l’un des cosmonautes les plus célèbres de l’histoire après avoir été le premier être humain à faire un voyage dans l’espace. Il remplit son devoir « d’instrument de propagande soviétique » en accomplissant une orbite complète autour de la Terre en 108 minutes. À son retour, il est accueilli par des célébrations massives et il est érigé en héros national, symbolisant ainsi le succès du programme spatial habité de l’Union soviétique.

La propagande autour de Youri Gagarine a par la suite atteint une ampleur sans précédent, le présentant comme le leader incontesté de la course à l’espace et le modèle même de loyauté et de volonté vis-à-vis de sa nation. L’Union soviétique fait de son personnage un messager de paix et un véritable symbole de l’exploration spatiale au niveau mondial. Les États-Unis se retrouvent alors écrasés, sous pression, de cette grande victoire soviétique, ce qui contribue à l’engagement des Américains dans une course effrénée à l’espace, annoncée par le président Kennedy lors de son célèbre discours en 1962 « We choose to go to the moon ». Le succès de Gagarine est aussi un élément de démonstration de supériorité technologique de l’URSS. Ce qui alimente la propagande et le soft power, qui, rappelons-le, est la capacité d’un État à influencer les relations internationales en sa faveur. Bien que l’URSS fasse preuve de démonstration de force, la propagande de l’État porte principalement un discours de paix en lien avec la conquête spatiale, tout en mettant en avant son intérêt dans une quête de la connaissance.

 Affiche officielle de la  Planète des tempêtes
Source : Allociné 

Les supports de propagande, éléments importants de soft power, tels que le cinéma, jouent un rôle majeur. Des films comme La planète des tempêtes (1962) illustrent le potentiel de l’espace comme alternative au mode de vie soviétique, utilisant l’animation pour représenter de manière réaliste l’espace. Mais après que les célèbres astronautes américains Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins aient posé pied sur la lune, les représentations évoluent vers une vision critique des autres planètes, les décrivant comme des répliques bourgeoises. Les dessins animés, tels que Vol pour la lune (1953), participent également à la stratégie de soft power, cherchant à inculquer le communisme tout en diabolisant l’ennemi et en mettant en valeur un modèle unique. Ces efforts démontrent comment la propagande, à travers divers supports, était intrinsèquement liée à la rivalité idéologique et à la quête de puissance internationale.

Le rôle de la femme en évolution, prémices du féminisme

« Hourra à l’héroïne soviétique, fille de la grande nation ! » affiche de propagande réalisé par  Y. Solovyev, 1963.

La propagande de l’URSS pendant la Guerre froide a eu un impact social significatif, en particulier sur le rôle des femmes, présentant une image d’égalité et d’avancements sociaux. Cet impact est illustré par l’envoi de Valentina Terechkova dans l’espace à bord du vaisseau Voskov 6 en 1963, faisant d’elle la première femme cosmonaute. Son voyage de trois jours en orbite a eu un retentissement international et a été utilisé comme symbole de la libération des femmes dans le bloc soviétique. À son retour, une cérémonie grandiose sur la place Rouge la consacre héros de l’Union soviétique et lui octroie l’ordre de Lénine.

Malgré cette image positive à l’étranger, la propagande soviétique présentant les droits des femmes et l’égalité des sexes comme des valeurs communistes universelles cachait des inégalités persistantes au sein de l’URSS. Pendant la Guerre froide, les organisations internationales, dont l’ONU, ont été utilisées par les superpuissances pour promouvoir leur image. L’URSS, notamment à travers l’UNESCO, a mis en avant les Droits des femmes et le développement sous une rhétorique typiquement soviétique, cherchant à façonner une image positive à l’international. Cependant, cette façade masquait les réalités des inégalités persistantes à l’intérieur du pays.

Des opposants au sein du programme spatial et scientifique

Entre 1945 et 1990, malgré la glorification soviétique des succès spatiaux, des individus s’opposaient à cette propagande. Ainsi, Anatoli Brounov, scientifique soviétique spécialisé dans l’astronautique, a été arrêté en 1977 pour avoir critiqué la gestion insatisfaisante du programme spatial soviétique. Après sa libération, en 1988, il émigre aux États-Unis. Andreï Amalrik, écrivain dissident, analyse de manière critique le système soviétique, soulignant dans son essai Will the Soviet Union Survive Until 1984 ? l’utilisation des succès spatiaux pour dissimuler les lacunes internes. En 1970, Amalrik fut arrêté pour « anti-soviétisme » après des prédictions provocatrices sur les problèmes économiques à venir.

Andrei Sakharov lors d’une interview à la conférence de l’Académie des sciences de l’URSS le 1er mars 1989

Andrei Sakharov, physicien nucléaire et défenseur des droits de l’homme soviétique, joua un rôle clé dans le développement de la bombe à hydrogène. Mais sa désapprobation croissante envers le régime soviétique, notamment sur les droits de l’homme, le conduit à s’engager éthiquement. En 1968, il eut un succès partiel avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires auquel il s’oppose. Critiquant ainsi les autorités en 1979, Sakharov perdit ses privilèges, il fut déchu de ses distinctions et assigné à résidence à Gorki de 1980 à 1986, sous étroite surveillance du KGB. Ce qui montre une oppression du régime soviétique sur ses opposants intérieurs. 

1969, un tournant majeur de la course à l’espace

En 1969, la mission Apollo 11 envoyée par les États-Unis, qui se qualifie par l’alunissage de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin sur la Lune, est souvent considérée comme une victoire symbolique pour les États-Unis dans la course à l’espace. Cependant, cette perception doit être nuancée, car l’Union soviétique avait précédemment réalisé des avancées significatives dans l’exploration spatiale. Malgré la portée politique et médiatique de cet événement, l’URSS a affirmé sa fierté nationale en mettant en avant ses propres réalisations, notamment le lancement du Spoutnik et le vol de Yuri Gagarine dans l’espace. Parallèlement, les États-Unis ont utilisé cette réussite pour améliorer leur image et détourner l’attention des problèmes internes, tels que l’impopularité de la guerre du Vietnam. Ce retrait de la guerre a été perçu comme une victoire pour l’URSS, qui soutenait le Nord-Viêt Nam. Ainsi, bien que l’alunissage ait marqué un moment important dans la course à l’espace, celui-ci n’est pas une réelle victoire des États-Unis.

Coopération entre les deux leaders du monde bipolaire

La période de détente entre les États-Unis et l’Union soviétique, qui commence dès les années 1960, s’est caractérisée par des progrès dans les relations, notamment par la signature du Traité de non-prolifération nucléaire en 1968. Bien que cela n’ait pas directement affecté la course à l’espace, cela a contribué à apaiser les tensions entre les deux pays. De plus, la diminution de la propagande à la fin des années 1970 a favorisé un questionnement à propos des messages diffusés par le gouvernement et les médias chez les citoyens des deux nations. La coopération dans le domaine spatial a renforcé cette détente, illustrée par le vol spatial conjoint Apollo-Soyouz en 1972, démontrant la possibilité de collaboration entre les deux puissances spatiales.

Ouverture aux autres blocs de l’Est : le rayonnement de l’Union soviétique sur les autres pays, l’image de l’URSS sur le monde.

Le Français Jean-Loup Chrétien répond aux questions des journalistes après son atterrissage dans le désert du Kazakhstan à la suite de la mission Soyouz T6 le 2 juillet 1982 

Dans les années 1970, l’univers spatial était étroitement lié à l’influence de l’Union Soviétique. Les missions Soyouz étaient principalement réservées aux cosmonautes russes et à ceux des pays alliés tels que la Pologne, la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et même l’Est allemand, avec des figures telles que Sigmund Jahn. Jahn, astronaute est-allemand Il a été sélectionné pour participer au Programme spatial Intercosmos, une initiative soviétique visant à promouvoir la coopération internationale dans le domaine spatial à des fins pacifiques. Dans les années 1980, les vaisseaux spatiaux accueillent désormais des astronautes venant de divers pays, comme la France avec Jean-Loup Chrétien. Celui-ci a marqué l’histoire en devenant le premier francophone spationaute lors de la mission franco-soviétique PVH en 1982 à bord de la station Saliout 7, où il a séjourné pendant 8 jours. Cette époque a témoigné d’une ouverture croissante à la coopération spatiale internationale, transcendant les frontières nationales dans l’exploration de l’espace. 

Sur le plan économique, l’URSS a tiré des avantages de ses réussites spatiales en jouant un rôle prépondérant dans la coopération économique avec les nations du bloc de l’Est. Elle a offert une assistance technique et transféré des technologies avancées. Le prestige de l’URSS connaît un changement significatif, notamment au sein des pays du bloc de l’Est. En 1956, la Hongrie se retire du Pacte de Varsovie, se tournant ainsi vers l’Occident et le modèle capitaliste. Similairement, la Pologne aspire à accroître son autonomie et à rompre avec la centralisation de Moscou, particulièrement après la crise de 1980. Cependant, cette nation demeure liée à l’URSS. Dans ces nations, l’URSS parvient à maintenir une illusion de contrôle pendant ces crises grâce à l’intervention de l’Armée rouge et aux promesses de soutien matériel faites à la Pologne et à la Hongrie.

Bibliographie indicative

L’abbaye Saint-Pierre de Moissac

Source : Dominique Viet, Office de Tourisme Tarn-et-Garonne.

L’abbaye Saint-Pierre se situe à Moissac dans le Tarn-et-Garonne. À la fin du VIIIe siècle, des moines bénédictins se sont installés dans le Quercy où l’abbaye fut construite. Ce monastère bénédictin abrita au cours du Moyen-Âge une des plus grandes communautés religieuses du monde occidental chrétien. Durant cette même période, l’abbaye connut un important rayonnement culturel, politique et économique. Son apogée se fit au XIIe siècle. Le monument est placé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’histoire de l’abbaye

Les études d’Ernest Rupin  ou encore celles d’Adrien Lagrèze Fossat, situent l’origine de l’abbaye Saint-Pierre au VIIe siècle au temps de l’évêque de Cahors Saint Didier. En 814, Louis le Pieux accorde à l’abbaye un privilège : l’immunité (droit par lequel les clercs et les religieux étaient dispensés de certaines obligations jugées incompatibles avec leur état, comme le service militaire). Tout d’abord, il faut savoir que l’endroit n’est pas désert lorsque le nouvel établissement religieux est édifié car il y avait la présence d’un hypocauste gallo romain. A la suite de la disparition de l’empire carolingien, les prérogatives de l’autorité royale sur le monastère reviennent au comte de Toulouse qui assure  la protection de l’abbaye. Cependant, lorsque le comte de Toulouse Guillaume III a besoin d’argent, il décide de vendre sa charge d’abbé à Gausbert de Gourdon en 1037. Durant l’abbatiat de Gausbert de Gourdon aucuns travaux ne sont réalisés. Ainsi, l’abbaye est presque en ruine. La reconstruction de l’église est entreprise au milieu du XIIe siècle durant le long abbatiat d’Ansquitil (1085-1115) qui correspond à l’apogée de la puissance et du rayonnement de l’abbaye.

                Source : Photo et plan de l’abbaye Saint-Pierre de Jean-François Peiré, La ville de Moissac Tarn et Garonne.

Le rattachement à Cluny

Selon la chronique d’Aymeric de Peyrac, Moissac entre dans l’ordre de Cluny en 1047. Cependant, des historiens comme Jules Marion prétendent que Moissac n’a reçu Cluny qu’en 1052-1053. Comment à été réalisée la remise de Moissac à Cluny ? Plusieurs conditions étaient nécessaires : après la mort de l’abbé Etienne, en 1045, Odilon désigne un nouveau titulaire, l’abbé Durand de Bredons qui commence à restaurer la vie monastique. Le comte de Toulouse et l’abbé séculier donnent leur consentement. Puis il y a une approbation apostolique : elle paraît en 1058 lorsque Etienne IX confirme l’ensemble des biens de Cluny en incluant Moissac. En  1466, l’abbaye obtient la séparation avec l’ordre de Cluny.

Source : Reconstitution de la façade de l’abbaye de Cluny III, OpenEdition Journals. 

L’environnement architectural de l’abbaye

Le cloître de l’abbaye est perçu comme l’un des plus grands projets architecturaux, en particulier grâce aux nombres de chapiteaux et de piliers. De plus, les archéologues et historiens ont pu découvrir que ce sont des sculpteurs et des architectes occitans qui ont conçu le cloître puisque ce sont les mêmes qui sont intervenus auparavant sur le chantier de la basilique Saint-Sernin de Toulouse.

Les chapiteaux 

Les chapiteaux représentent notamment des scènes bibliques, des vies de saints ou encore des sujets contemporains du XIIe siècle comme les Croisés devant Jérusalem notamment. Ces représentations sont d’aspect diverses puisque l’on retrouve parfois des motifs dits « islamisants ». De même, l’ordonnancement des chapiteaux reste un mystère pour les historiens tant il ne respecte aucune logique qu’elle soit narrative ou chronologique. En outre, les chercheurs ont remarqué que certaines scènes, notamment celle du sacrifice d’Isaac, ne respectent pas le récit biblique et qu’elles présentent donc des variantes.

Les piliers

Les piliers du cloître sont tous faits de marbre et majoritairement cylindriques. Mais aux angles ainsi qu’au milieu des ailes est et ouest se trouvent des piliers de formes carrées. Les piliers angulaires représentent sur deux faces chacune une représentation d’apôtres. Cependant, seulement huit apôtres sont représentés et non douze. Là encore, il s’agit d’un mystère pour les chercheurs qui n’arrivent pas à déterminer pourquoi les architectes en ont privilégié certains plus que d’autres. Les piliers angulaires, en revanche, figurent la représentation de deux religieux : Ansquitil (fondateur de l’abbaye) et saint Durand (premier abbé clunisien). 

Source : Photo des piliers prise par Tarn et Garonne Tourisme. 

Le portail 

Le portail est surtout renommé pour son tympan. En effet, il est le plus important témoignage de l’art roman à Moissac. D’une part, son aspect permet d’affirmer la puissance de l’abbaye et d’autre part, le tympan présente un thème répandu au XIIe siècle. En l’occurrence, une représentation d’un Christ glorieux revenant après l’Apocalypse bénissant la foule. Cette scène s’accompagne également de diverses autres représentations bibliques et notamment une de l’enfance du Christ. 

Source : Photo personnelle, prise par Sarah D.

Le rayonnement économique

Les abbayes fonctionnent grâce à une économie de consommation. Elle est divisée en deux besoins : alimentaire (victus) et d’équipement (vesticus), qui se complètent. Le premier consiste à créer ses propres denrées alimentaires via le maraîchage et la viticulture. Ce dernier point diffère selon la lecture des règles de l’ordre de Saint Benoît. Les repas étant ensuite codifiés (rationnement des repas), les surplus sont vendus. Cela permet d’alimenter le second point de l’économie : l’équipement. En vendant ce qui n’est pas consommé, ça leur permet d’acheter des biens meubles ou immeubles pour enrichir les abbayes. Comme à Moissac, ils peuvent aussi acheter des terres pour implanter d’autres églises afin d’élargir leur rayonnement, leur domination. Également, l’abbaye de Moissac possède ses propres terres agricoles à ce miment-là. Le vin qu’ils en tiraient servait à leur consommation, à la messe (lors de la liturgie) mais permettait aussi d’être vendu.

La rayonnement culturel 

Le second rayonnement de l’abbaye est culturel. Placé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, ce titre lui permet un rayonnement à travers le monde. Ce ne sont plus seulement des pèlerins qui viennent mais également des touristes. Désormais, les personnes viennent visiter le lieu comme ils iraient visiter Notre-Dame-de-Lourdes ou n’importe quel lieu saint important. Également, cela vient influencer les programmes d’Histoire de l’Art américains. En effet, les étudiants travaillent sur les gravures du tympan. Les représentations religieuses, en parfait état, permettent de s’y appuyer dessus afin d’étudier les relations entre l’Église et les habitants de Moissac. En dernier point, nous pouvons citer le film “Le nom de la Rose”, réalisé par Jean-Jacques Annaud où le tympan apparaît. Le fait que cette scène existe a suscité un surcroît de tourisme à Moissac. Mondialement connu, son rayonnement en est renforcé.

Source : Image tirée du film « Le Nom de la Rose », Jean-Jacques ANNAUD, 1986.

Biliographie pour aller plus loin : https://blogs.univ-jfc.fr/vphn/?page_id=11695in

La forteresse de Penne

Merveille d’architecture médiévale située sur un éperon rocheux, la forteresse surplombe le village de Penne qui se situe dans le Tarn, en Occitanie. C’est une forteresse dite imprenable qui date du Moyen Âge et fait son apparition dans les sources au IXème siècle. Cette forteresse a, tout au long de son histoire, eu une place importante. Elle a changé de nombreuses fois de seigneurs et de souveraineté. Elle a été classée monument historique en 1902 et est reconstruit aujourd’hui, grâce à Monsieur Letellier, architecte des bâtiments de France, qui a racheté le château en 2006. Suite à des rénovations, la forteresse est ouverte au public depuis 2010 et actuellement en reconstruction. 

La forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

La construction de la forteresse

Autour de l’an mil, Penne est dirigée par des seigneurs , en 1209, elle s’est retrouvée au cœur de la croisade lancée par Philippe-Auguste. Cette croisade aboutit à un traité de paix entre Philippe-Auguste et Raymond VII. Ce traité de paix débouche sur le mariage de la fille du comte de Toulouse et du frère du roi. Ainsi, quand Raymond VII meurt, le comté de Toulouse, qui contient Penne, revient directement à Alphonse de Jourdain et donc à la couronne. Alphonse de Jourdain fait transformer le château en forteresse et elle est ensuite abandonnée au XVème siècle. Elle est finalement pillée et détruite au XVIème siècle par les habitants du village qui utilisent les matériaux pour reconstruire leurs propres maisons. 

Pour entrer dans la forteresse, il faut passer par l’unique porte d’entrée. Au Moyen Âge, la porte était en bois renforcée par des clous. Celle-ci se trouve entre les deux tours principales. À droite de la porte, une tour ronde à archères et à gauche une tour à éperon. Une fois l’entrée et le sas traversés, nous trouvons de multiples salles. À la suite de la tour à archères, nous trouvons une petite salle qui aurait été destinée aux gardes. Sur le côté gauche de la forteresse, trois salles se suivent. Certaines de ces salles sont des pièces qui appartenaient anciennement au château qui a été remplacé par la forteresse. Elles pouvaient servir de pièces de vie de famille. La forteresse étant agencée en longueur, se trouve par la suite une grande salle avec, on le suppose, un jardin derrière celle-ci. Cette grande salle avait de multiples usages car au Moyen Âge les pièces n’avaient pas qu’une seule utilité et on y importait les meubles en fonction de l’utilisation. Elle pouvait donc servir de salle de réception où des banquets étaient organisés, de salle de nuit si les invités restaient dormir ou encore de salle qui permettait au seigneur de rendre la justice. Au fond de la forteresse se trouve une citerne de 80 m² qui permet la récupération de l’eau de pluie. Une demi-tour circulaire relie la citerne à une chapelle, au fond de la forteresse. Il pourrait s’agir d’une nef, son l’usage aurait donc été ouvert à tous.

Le plan de la forteresse, site officiel de la forteresse de Penne.

Les modifications architecturales

Au XIIIème siècle, le comte de Toulouse décide de détruire totalement le château et d’implanter une forteresse à la place. Alphonse de Poitiers conserve le lieu où se situait le château car c’est un lieu stratégique durant l’époque médiévale. La forteresse domine la rivière Aveyron, la région du Rouergue, la région de l’Albigeois et du Quercy. Afin de construire la forteresse, le comte de Toulouse récupère les pierres du château détruit et conserve l’emplacement de certaines pièces du château. Le comte de Toulouse conserve également la grande chapelle. Pour la construction de la forteresse, le comte de Toulouse fait appel à des architectes du nord de la France, dont il est originaire. C’est ainsi que l’architecture dite capétienne va se développer dans le sud de la France. Les architectes ajoutent notamment une tour à éperon à la forteresse. Alphonse de Poitiers conserve les archives du comté de Toulouse. Une des principales archives est l’acte de mariage qui prouve qu’il est marié avec la comtesse de Toulouse. Il place ces archives importantes à Penne afin d’être sûr qu’elles ne soient jamais détruites. 

La tour à éperon, photographie personnelle.

La forteresse de Penne est connue pour être une forteresse imprenable grâce à son architecture et son emplacement. On ne peut y accéder que d’un seul côté, ce qui  permet aux habitants de la forteresse de voir arriver leurs assaillants. Il y a à peu près dix systèmes de défense avant de pouvoir entrer dans la forteresse. Le château de Penne n’a jamais été pris et n’a même jamais été attaqué. Il ne devra donc pas recevoir de rénovation à cause de siège ou de guerre. À chaque fois que le château changera de souverain, ce sera par traité ou alliance matrimoniale. Le château disparaît en 1586. Les protestants soudoient la garde, entrent et incendient le château qui perd alors une partie de ses toits et de ses murs. Le château étant inoccupé, les villageois en contrebas en profitent pour en récupérer les pierres et augmenter la taille du village illégalement. Quelques années plus tard, le roi rend légal le fait de se servir du château comme carrière de pierre du village.

La forteresse surplombant le village, site officiel de la forteresse de Penne.

Les enjeux de la reconstruction

Axel Letellier, architecte des bâtiments de France, tombe amoureux du château dès 1988 et décide de le racheter en 2006. Le château est ouvert au public depuis 2010. La volonté du propriétaire est de faire de ce château un lieu de passation de mémoire et de savoir-faire. Il y a un chantier médiéval tous les étés ; des tailleurs de pierre professionnels utilisent des techniques et matériaux d’époque. Ils utilisent par exemple une roue à échelons ou des échafaudages en bois, comme il s’en faisait à l’époque médiévale. Pour faire les travaux, les matériaux sont emmenés dans des sacs par héliportage. L’hélicoptère est la seule aide non-médiévale qui est utilisée dans la restauration de la forteresse. Il n’existe aucune archive du Moyen Âge donc, pour reconstruire la forteresse, on s’appuie sur le travail des historiens et archéologues spécialistes des châteaux. Il n’est possible de reconstruire que les parties qui sont connues de manière certaine car la forteresse est monument historique depuis 1902 et ce qu’ils reconstruisent doit être fait à l’identique et documenté. Pour ce qui est du déroulé du chantier de restauration, les étapes sont pensées tranche par tranche, c’est-à-dire que le chantier évolue année après année. Il y a de nombreuses étapes, mais les plus marquantes sont la stabilisation de la chapelle en 2007, la préparation et la mise en sécurité du site pour l’ouverture au public en 2009 ou encore l’aménagement de la chapelle grâce aux fouilles archéologiques depuis 2016. Dans deux ans, un musée devrait voir le jour pour exposer les objets trouvés pendant les fouilles archéologiques. 

La chapelle en chantier, photographie personnelle.

Le tourisme est un atout important pour la forteresse puisqu’il permet de lever des fonds pour les travaux entrepris pour la reconstruction de la structure. Cet atout n’est cependant pas suffisant pour garantir la totalité du financement du chantier, opéré par des entreprises privées. La forteresse fait la réputation du village et attire de nombreux touristes. Pour les guides, ce tourisme permet de transmettre l’histoire de Penne et d’expliquer les divers enjeux auxquels la forteresse a dû se heurter. Le tourisme est valorisé afin de faire participer activement le public, notamment à travers les campagnes de fouilles. Pour les plus jeunes, des activités ludiques sont proposées. Durant la période scolaire, le personnel s’efforce d’attirer des gens en organisant des visites scolaires. L’enjeu est grand puisque le village dépend économiquement de la forteresse. En effet les bars, restaurants et commerçants vivent de ce lieu, ce qui explique cette volonté de sans cesse se réinventer. D’ici le printemps 2023, une nouvelle pièce devrait voir le jour.  

Une visite à la forteresse, site officielle de la forteresse de Penne.

Aux vues du passé tumultueux de la forteresse, nous pouvons nous demander à quoi elle pourra bien ressembler dans 200 ou 300 ans…

Bibliographie indicative

Grandet Anna, Sans Aurore, Paris Léa, Dartigolles Marianne, Francoual Clara, Barbat Maëlys

Les Cagots

Benoît CURSENTE, Les Cagots : histoire d’une ségrégation, 2018

Les Cagots ont été un peuple persécuté durant le Moyen Âge jusqu’au début du XIXème siècle. La figure fantasmée des cagots se construit au fil des siècles, traversant les périodes médiévale, moderne et contemporaine. Souvent liés à des images et concepts à connotation péjorative, les cagots sont considérés comme responsables des maux que subissent les populations en contact avec eux. Ce phénomène entraîne une mise à l’écart de cette population ainsi qu’une élaboration de nombreux éléments discriminants servant à alimenter le mythe les entourant. Le terme de cagot lui-même n’apparaît qu’en 1552 et ne fait partie que d’une multitude d’appellations désignant ces individus répartis sur les territoires du Sud-Ouest de la France (Gascogne) et du Nord-Est de l’Espagne (Navarre). Bien qu’ils n’existent plus aujourd’hui, l’étude des cagots permet de discerner les hommes et femmes victimes d’une ségrégation sur le temps long.

Origines et première séparation

La première trace écrite de cette population date de la fin du Xe siècle, le cartulaire d’un abbé du Béarn faisant référence à un christianum du nom de Auriol Donat, un propriétaire de terre issu d’une famille de milites. Au début du XIIe siècle, le Romancero du Cid raconte l’histoire de la rencontre entre son protagoniste, un pèlerin, et un gafo qu’il aide en lui offrant son propre lit. Aucun de ces textes ne montrent une forme de mépris ou de rejet envers les cagots, pourtant ces derniers sont rapidement assimilés à des lépreux notamment suite au troisième Concile de Latran en 1179 où l’on distingue « vrais lépreux » et « lépreux libres », les cagots entrant dans la seconde catégorie. Ces mesures peuvent s’expliquer par l’épidémie de lèpre ayant lieu à la fin du XIIe siècle.

Une existence difficile

Bénitier dit des cagots de l’Abbaye de Saint-Savin, XVe siècle

Les Cagots sont exclus des célébrations religieuses, ils entrent par une autre porte se situant sur le côté de l’église et utilisent un bénitier qui leur est réservé. De plus, ils sont séparés des autres fidèles et se placent au fond de la nef, sous les cloches. Leurs sacrements sont également très différents de ceux des autres fidèles : la communion est faite au bout d’un bâton ; le baptême se déroule durant la nuit sans carillon ; le baiser de paix offert au bas de l’étole du prêtre, à genoux, et non en embrassant la croix ; les enterrements ont lieu dans un cimetière commun mais dans un angle que le curé ne bénit jamais ou parfois dans la fosse où se mêlent criminels, suicidés et filles de joie.

En outre, les cagots sont mis à l’écart de la société; ils sont séparés du reste de la population et vivent dans des cagoteries. Ces lieux sont des hameaux présents à la sortie des villes et villages et comptent moins de cinq familles en moyenne. Cette séparation forcée mène au développement d’une endogamie, obligeant les membres d’un même groupe social de choisir leur conjoint au sein de ce groupe. Ce phénomène entraîne à son tour un problème de consanguinité et finit donc par causer les malformations et handicaps visibles sur les photos prises à l’époque contemporaine. Il est possible que les cagots possédaient des attributs physiques les détachant du reste de la population dès le Moyen Âge mais il est certain que leur exclusion ait joué un grand rôle dans la détérioration de leur santé au fils des siècles.

La vie en communauté forcée des cagots est accompagnée d’une application de restrictions différente d’une région à l’autre. Selon des règlements de police datant de 1396 en Marmande dans le Lot-et-Garonne, les cagots sont soumis à :

  • un accès limité aux marchés
  • l’interdiction de fréquenter les moulins, lavoirs et fontaines publiques (si bien bien que les cagoteries possédaient leur propre puis pour le plus souvent)
  • l’obligation de porter une marque de la patte d’oie rouge et de marcher sur les chemins uniquement pieds chaussés

Le non-respect de ces règles peut être puni par la flagellation publique au Moyen Âge. Une situation similaire est observable dans la commune de Moumour dans les Pyrénées-Atlantique, Ces restrictions qui découlent de l’édit de Charles VI datant du 7 mars 1407 interdisent les cagots de mener une activité autre que celle de charpentier pour les hommes. Ces derniers sont d’ailleurs reconnus pour leur talent dans ce domaine et sont sollicités pour la construction du château de Montaner (fin XIVe siècle) ou bien la charpente de l’église Saint-Girons de Monein (1464-1530). En outre, d’autres métiers leur sont confiés dans diverses régions comme celui de menuisier ou de cordier. Les femmes occupent fréquemment le rôle de sages-femmes parce qu’elles sont assimilées à des sorcières par le reste de la population.

Les implications scientifiques et religieuses

Les sciences médiévales et modernes se mêlent au religieux et servent à construire un mythe autour de l’origine des cagots changeant au fil des siècles. Dans son traité de Grande Chirurgie publié en 1363, Guy de Chauliac établit un ensemble de critères servant à identifier les cassots avec une prédominance d’attributs physiques liés à la laideur ou bien un manque d’hygiène. Au XVIe siècle, un enseignant à l’université prestigieuse de Montpellier nommé Laurent Joubert met en avant la théorie d’une lèpre blanche héréditaire. Ce nom possède une forte connotation religieuse et fait référence au récit de Guéhazi présent dans l’Ancien Testament. Pour sa trahison du prophète Élisée, lui et sa descendance sont condamnés à souffrir de la lèpre éternellement. Dans le même prolongement, le célèbre chirurgien Ambroise Paré , père de la chirurgie moderne, au service du roi Henri II, étudie le cas des cagots. Il étudie plusieurs individus et rapporte la capacité prodigieuse de l’un d’entre eux à pratiquer la momification par magnétisme :

« l’un d’eux tenant en sa main une pomme fraîche, celle-ci apparaît aussi aride et ridée que si elle fut restée huit jours au soleil » (Ambroise Paré, Traité de la Peste, 1568).

Il explique cela par la chaleur anormalement élevée dégagée par le corps du cagot. Cette forte chaleur serait également la source d’une capacité à flétrir les aliments. Il est aussi dit qu’un sang vert et bleu bouillonnant a pu être observé lors d’une saignée. Ces théories influent sur l’application de mesures discriminantes notamment dans les espaces religieux et la liturgie.

La représentation des Cagots

Statue représentant un cagot (église Saint-Girons de Monein, fin XVe – début XVIe siècle)

Les cagots étaient représentés de diverses façons sur divers supports tout d’abord dans des poèmes et chansons comme nous le montre les chansons béarnaises recueillies par l’historien Francisque Michel au XIXe siècle. Dans ces textes, les cagots sont perçus comme malveillants et mauvais, des êtres dont il ne faut surtout pas s’approcher de peur d’être comme eux. De plus, les cagots étaient représentés en statue, comme dans les églises où sur les bénitiers qui leur étaient destinés. Ces sculptures représentent les cagots portant un visage déformé par la maladie (lèpre).

Période contemporaine et disparition

La perpétuation de la mise à l’écart des cagots mène à l’endogamie et développe ainsi des handicaps physiques au sein de la communauté. Le mépris des cagots est ancré dans les couches populaires et mène une sévère discrimination. Cependant, avec la Révolution Française les cagots se voient offrir un patronyme souvent lié à leur métier tel que charpentier. Mais c’est durant la première industrialisation et les mouvements de population dû à la Première Guerre mondiale et à l’exode rural que les cagots et leur supposée malédiction sont peu à peu oubliés.

Pour aller plus loin

  • Benoît CURSENTE, Les Cagots : Histoire d’une ségrégation, Cairn, Paris, 2018
  • GUERREAU A., GUY Y., Les cagots du Béarn : Recherches sur le développement inégal au sein du système féodal européen, Minerve, Paris, 1996
  • Paola ANTOLINI, Los agotes : Historia de una exclusión, Istmo, Madrid, 1989
  • Geneviève JOLLY, Les cagots des Pyrénées : Une ségrégation attestée, une mobilité mal connue. Le Monde alpin et rhodanien, Revue régionale d’ethnologie, 2000, 28 (1), p.197–222.
  • Benoît CURSENTE, La question des « cagots » du Béarn. Proposition d’une nouvelle piste de recherche, Les Cahiers du Centre de recherches historiques, 1998, (21)

Définitions et Bibliographie:

Définitions:

I.Les débuts de la ligue

Guerres Médiques: Leś guerres médiques sont deux guerres, de -492 à -486 pour la première et de -481 à -479 pour la seconde, qui opposent les cités grecques à l’empire perse. Ces guerres marquent la première union des cités grecques contre un ennemi commun. Des batailles importantes comme celle de Marathon en -490, les Thermopyles en -480 se jouent et marquent durablement l’imaginaire des grecs.

Sparte: Sparte est une ville du Péloponnèse, principalement connue pour former les meilleurs hoplites du monde grec. Fondée au Xe siècle av JC, elle conquiert progressivement la quasi-totalité de la région du Péloponnèse. A l’inverse d’Athènes, elle s’appuie sur un système très hiérarchisé au sommet duquel on retrouve les citoyens soldats. 

Ligue du Péloponnèse: Fondée par Sparte au VIe S av J.C, elle regroupe la majorité des cités grecques de la région du Péloponnèse. Elle est l’ennemi de la Ligue Délos durant la guerre du Péloponnèse. 

Péloponnèse: Presqu’île au sud de la Grèce, séparé du continent par l’isthme de Corinthe. Plusieurs régions sont présentes dans le Péloponnèse comme la Laconie, région de Sparte ou encore l’Arcadie la région d’Olympie. 

Boétie: Région au nord d’Athènes, dont la plus grande ville est Thèbes. Cette région se regroupe en confédération et est une grande allié de Sparte. 

Panhellénisme: Dans l’Antiquité, sentiment politique qui poussait à proposer à toutes les cités grecques une action commune permettant d’arrêter leurs luttes fratricides. (Larousse).

II.De la démocratie à l’imperalisme:

Tribut: Le tribut est versé par les citées membre de la Ligue de Délos, il est soit d’une valeur pécuniaire ou humaine, chaque citées est libre d’envoyer de l’argent, des hommes, des armes, des denrées… Initialement basé sur l’île de Délos, Périclès va le déplacer à Athènes pour alimenter la politique des grands travaux sur l’Acropole. 

Impérialisme: Phénomène ou doctrine d’expansion et de domination collective ou individuelle (Larousse) 

Périclès: (-495/ -429) est un stratège et homme politique d’Athènes durant l’essentiel du Ve siècle avant notre ère. Il mar

Grands travaux: Sont une politique de plein emploi lancée par Périclès en -447. Elle vise à assurer à tous les athéniens un emploi stable pour l’essentiel dans la construction de grands édifices artistiques (exemple: Odéon de Périclès) et religieux (exemple: Parthénon) sur l’Acropole. Pour cela, les dirigeants d’Athènes et Périclès à leur tête décident de détourner le tribut versé par les cités de la ligue de Délos afin d’assurer le paiement des salaires et des matériaux de construction. 

l’Acropole: Est un plateau rocheux qui se dresse au milieu de la ville d’Athènes. Durant l’époque classique (-480/ -323) ce lieu est le centre religieux et culturel de la cité d’Athènes, le centre politique se trouvant sur la Pnyx avec l’assemblée des citoyens. 

III. La fin de la domination athénienne:

Clérouquies: sont des colonies militaires installées par Athènes en réaction au soulèvement de certaines cités de la ligue de Délos à l’image de Naxos (-468) ou Samos (-440). Elles sont composées de citoyens soldats athéniens que l’on appelle les clérouques, tirés au sort et à qui on attribue des parcelles de terres spoliées aux cités dissidentes. Avec cette présence militaire sur place, Athènes s’assure la fidélité des cités membres de la ligue de Délos susceptible de se révolter contre l’autorité athénienne. Néanmoins, il est clair que les clérouquies constituent l’un des éléments principaux de l’impérialisme athénien vis-à-vis de la ligue de Délos. 

Guerre du Péloponnèse: (-431/-404) guerre qui oppose la ligue de Délos dirigée par Athènes et la ligue du Péloponnèse dirigée par Sparte pour la domination économique, militaire et culturelle de la Grèce. La guerre est rythmée par de nombreuses batailles à l’image de l’expédition de Sicile (-415) ou la bataille d’Aigos Potamos (-404) et se solde par une victoire spartiate qui débouche sur une domination spartiate sur la grèce durant les années suivantes. 

Peste d’Athènes: épidémie qui frappe la cité d’Athènes au début de la guerre du Péloponnèse entre -430 et -426. Encore aujourd’hui, aucunes recherches n’a permis de savoir exactement de quelle maladie il s’agit. Néanmoins, on estime qu’entre un quart et un tiers des athéniens perdent la vie des suites de la maladie. 

Lysandre: est un roi spartiate qui s’illustre particulièrement durant la guerre du Péloponnèse en parvenant à mettre en déroute la marine athénienne, alors considérée comme la meilleure marine du monde, à la bataille d’Aigos Potamos (-405). A la suite de cette bataille, il parvient à entrer dans Athènes et à mettre fin à la guerre du Péloponnèse. 

Bibliographie:

Ouvrage généraux:

AMOURETTI Marie-Claire, RUZET François, JOCKEY Philippe, Le monde Grec antique, Hachette supérieur, Versailles, 2018.

AUSTIN Michel, VIDAL-NAQUET Pierre, Economies et sociétés en Grèce ancienne, Armand Colin, Paris, 2007.

BASLEZ Marie-Françoise, Histoire politique du monde grec, Des temps homériques   à l’intégration dans le monde romain, Armand Colin, Paris, 2001. 

BRUN Patrice, Impérialisme et démocratie à Athènes, inscription de l’époque classique, Armand Colin, Paris, 2005.

CABANES Pierre, Petit Atlas Historique de l’Antiquité grecque, Armand  Colin, 

Paris, 2007.  

GRANDJEAN Catherine(dir.), BOUYSSOU Gerbert S., CHANKOWSKI Véronique, JACQUEMIN Anne, PILLOT William, La Grèce classique, D’Hérodote à Aristote, 510-336 avant notre ère, Belin, Paris, 2022.

MIGEOTTE Léopold, L’économie des cités grecques de l’archaïsme au Haut-empire romain, Ellipses, Paris, 2007.

RICHER Nicolas, Atlas de la Grèce classique, Ve-IVe siècle av. J-C, l’âge d’or d’une civilisation fondatrice, autrement, Paris, 2021.

Ouvrage spécialisés:

BRUNEAU Philippe, BRUNET Michèle, FARNOUX Alexandre, MORETTI   Jean-Charles, Délos, Île sacrée et ville cosmopolite, Paris Méditerranée, CNRS Éditions, Paris, 1996. 

HANSEN Mogens H., La démocratie athénienne. A l’époque de Démosthène,  Texto, Paris, 1991. 

HANSON Victor Davis, La guerre du Péloponnèse, Champs histoire, 2010, Paris.  

MANSOURI Saber, Athènes vue par ses métèques (Ve-VIe siècle av. J.-C.), Tallandier, Paris, 2011.

MOATTI Claudia , KAISER Wolfgang et  PÉBARTHE Christophe(dir.), Le monde de l’itinérance en Méditerranée de l’Antiquité à l’époque moderne, Ausonius éditions , Pessac, 2009.

→ Emigrer d’Athènes. Clérouques et colons au temps de la domination athénienne sur l’Egée au Ve A.C. PÉBARTHE Christophe, p.367.

MOSSE Claude, Périclès, l’inventeur de la démocratie, édition Payot & Rivage, Paris, 2005. 

Articles: 

Brun Patrice, “La perception de l’histoire d’Athènes à l’époque classique (478-322), histoire d’une mutation (années 1960-années 2010)”,Collection Institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, 2017,  p. 185-211. 

www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_2017_act_1392_1_3537

BRUN Patrice, “Les archipels égéens dans l’Antiquité grecque (Ve – IIe siècles av. notre ère)” , Collection de l’institut des Sciences et Techniques de l’Antiquité, 1996, p. 268.

www.persee.fr/doc/ista_0000-0000_1996_mon_616_1

 BRUNET Michèle, “l’économie d’une cité à l’époque classique: Thasos”, Economie et société en Grèce 478-88 av J.-C, Nantes, Édition du temps, 2007, p.311-331.[en ligne]

BRUNET Michèle, “ Thasos et son Épire à la fin du Ve et au début du IVe siècle s. avant Jésus-Christ” Esclavage, guerre et économie en Grèce Ancienne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997, p. 229-242. 

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CHANKOWSKI-SABLÉ Véronique, “Athènes, Délos et les Cyclades à l’époque classique : un réseau économique ?” Revue des Études Anciennes. Tome 103, 2001, dir. Patrice Brun, p. 83-102.  www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_2001_num_103_1_4818 

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Déportation et internement en Occitanie pendant la Seconde guerre mondiale.

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Le 24 octobre 1940, quatre mois après l’armistice, le maréchal Pétain rencontre Adolf Hitler en zone occupée, à Montoire-sur-le-Loir . Au centre, le colonel Schmidt, qui leur sert d’interprète. Cette poignée de main est emblématique de la collaboration du régime de Vichy avec l’Allemagne nazie.

Les troupes allemandes envahissent la Pologne le 1er septembre 1939, déclenchant ce qui deviendra ensuite la Seconde Guerre mondiale. Le 6 octobre, la Pologne capitule et les premiers massacres et répressions commencent, entraînant de grandes vagues d’immigration vers d’autres pays tels que le France. C’est ainsi que les premiers camps, alors camps de réfugiés sont mis en place. En mai 1940 débute l’offensive allemande contre la France. Le 22 juin 1940, le maréchal Pétain demande l’armistice et la France, séparée en deux zones, l’une occupée, l’autre « libre », entre alors en collaboration avec l’Allemagne.

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Panneau interdisant l’accès de certains lieux aux juifs. Yad Vashem.

A partir d’octobre 1940, Pétain promulgue un décret de loi, le « premier statut des Juifs » qui définit une « race juive ». Les Juifs sont ainsi exclus de la société. A cette période sont aménagés des camps d’internement pour les Juifs étrangers. En janvier 1942, la « solution finale » est mise en place par Hitler lors de la Conférence de Wannsee où est organisée l’extermination des Juifs d’Europe. A partir de 1942 les Juifs sont donc envoyés dans des camps de concentration et de mise à mort. L’Occitanie est une région qui se situe en zone libre et qui suit donc les réglementations qui concernent cette zone. Comment se déroulent l’internement et la déportation en Occitanie pendant la Seconde Guerre mondiale? Dans une première partie nous nous intéresserons à la mise en place du phénomène d’internement en Occitanie puis à son application et enfin nous aborderons la question de la déportation des internés.

I- Arrestation et emprisonnement

1) Statut et utilisation de la zone libre par Vichy

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La France coupée en plusieurs parties en 1940 : zone libre, zone d’occupation italienne, zone occupée, avec à l’intérieur de celle-ci : la zone annexée Alsace-Moselle, la zone placée sous l’administration militaire allemande de Bruxelles (nord de la France), et deux territoires classés zone interdite. Wikipédia


Fin 1940 et début 1941 deux types de populations juives se trouvent concentrés dans la zone libre dite zone non occupée, à l’issue de l’armistice. D’autre part, il y avait les Juifs français échappés de la zone occupée. Bien que recensés et surveillés, ils étaient libres de leurs mouvements et ne portaient pas l’étoile jaune, à l’inverse de la zone occupée. En 1941, on recensait environ 110 000 Juifs en zone libre. Au fur et à mesure de la multiplication des rafles en zone occupée, et surtout après le début des déportations, en mars 1942, «Franchir la ligne de démarcation» représente l’ultime espoir. Dans cette zone dite libre, 10 000 hommes, femmes et enfants juifs, qui se croyaient à l’abri au-delà de la zone de démarcation, sont raflés par des gendarmes et des policiers français. Certes, les Juifs se sentent moins menacés qu’en zone occupée. En zone libre, il n’y a pas de Gestapo, et certaines mesures antijuives entrent en vigueur un peu plus tard. La zone libre est sous la seule souveraineté du gouvernement de Vichy. Dès lors, cette zone libre devient immédiatement un havre de paix et un canal de survie pour les réfugiés juifs affluant de toutes parts.

2) Mise en place technique des camps

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Camp de Brens, mars 1942, site APSICBR.

Sur le point technique, les camps se sont construits entièrement sur des champs complètement vides. Cependant. Un deuxième type de construction est en vigueur : la construction des camps sur ses bâtiments déjà existants. Par exemple les camps de Rieucros et de Brens. Du côté du camp de Rieucros il a été créé par décret datant du 21 janvier 1939. Le terrain était une priorité de l’hôpital de la ville de Mende qui le loue à la préfecture. Pour le camp de Brens, le terrain appartenait à deux frères qui servaient de base aux ouvriers d’avant-guerre qui réhabilitent le pont le plus proche. 

3) Premiers internements

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Archives départementales, Documents et sources pour l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Vol.2, répertoire numérique

En septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités, l’objet de mesures d’internement : le statut de réfugié politique ne prévoit alors nullement sur le critère d’appartenance à un pays ennemi. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions. L’internement administratif vise des personnes non pour ce qu’elles ont fait (ou sont présumées avoir fait) mais pour le danger potentiel qu’elles représentent aux yeux du pouvoir. La première loi autorisant l’internement administratif remonte au 12 novembre 1938. Il visait ce qu’on appelait alors les « étrangers indésirables ». Symboliquement puissant, car c’est pour cette catégorie que le premier camp a été ouvert à Rieucros, en Lozère.

Dès lors, le camp de Rieucros passe de « centre de rassemblement d’étrangères » à  « camp de concentration » en janvier 1941, il accueille au départ des hommes étrangers considérés comme suspects de troubles à l’ordre public, en octobre 1939 ils sont déplacés au camp disciplinaire du Vernet d’Ariège : la place est ainsi libre pour les femmes étrangères indésirables, parfois enfermées avec leurs enfants. Avec le gouvernement de Vichy, la population du camp s’élargit à des Françaises suspectes pour raisons politiques ou pour « mœurs douteuses ». Au printemps 1942, les camps français d’internement prirent leur place dans la nouvelle logique allemande : la mise en œuvre de la solution finale en France. Ce sont les réfugiés espagnols fuyant les armées franquistes qui représentaient, et de loin, la catégorie d’internés la plus nombreuse entre 1938 et 1940. Cela ne veut pas dire qu’il n’y eut plus d’internés politiques dans les camps, de nomades, de droits communs.

II- Les camps d’Occitanie

1) L’internement en Occitanie

Archives départementales, Documents et sources pour l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, Vol.2, répertoire numérique

Dès la déclaration de la guerre, en septembre 1939, les ressortissants des « pays ennemis » réfugiés en France font, en raison de leurs nationalités font l’objet de mesures d’internement. Parmi ces internés se trouvent de nombreux intellectuels antinazis et des Juifs qui ont fui les persécutions.

Il existe plusieurs types de camps, les centre d’accueil pour réfugiés espagnols en place entre octobre 1939 et novembre 1940 et les centre d’hébergement pour réfugiés juifs étrangers effectifs entre novembre 1940 et mars 1941. Les autorités espèrent pouvoir mieux réguler le flux de réfugié·e·s à l’aide d’une loi qui autorise l’internement des « indésirables étrangers ».

Un premier camp est construit à Rieucros, dans le sud de la France. D’autres ne sont constitués au départ que de tentes, puis de baraques en bois ou de bâtiments en dur. Le déclenchement de la guerre avec l’Allemagne se traduit par l’édification de douzaines de camps dans la zone non occupée de la France. Il s’agit d’y emprisonner les « ressortissants de puissances ennemies » et les « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». En 1939-1940, l’internement demeure une mesure d’exception. Puis il devient un pilier des politiques répressives du régime de Vichy à l’égard des « indésirables », en premier lieu des Juives et Juifs étrangers venus se réfugier en France. Fin 1940, près de 50 000 personnes, en majorité juives, sont détenues dans les camps de la zone libre.

2) La vie dans les camps : l’exemple du camp de Rieucros

Le camp de Rieucros est effectif de 1939 à 1942, il comprend sur cette période une population maximum de 800 personnes. Il s’agit de femmes, en majorité politiquement engagée.

Dessin de Flora Süssmann, Dans la baraque, extrait de Camps de femmes de Mechthild Gilzmer

A Rieucros chaque journée se ressemblent, avec les mêmes horaires, les mêmes corvées . Seule la correspondance fait varier le quotidien et marque un lien avec le monde extérieur. L’espace de vie principale est la baraque, où chacune sur sa couchette peut tenter de se recréer un semblant d’intimité. Cela reste complexe, une baraque contenant à peu près 80 femmes, ce qui induis une grande promiscuité.

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Dessin de Flora Süssmann, Dans la baraque, extrait de Camps de femmes de Mechthild Gilzmer

La direction du camp a constamment cherché à procurer du travail aux femmes internées. Il s’agit généralement de confection de vêtements pour l’armée française censé être rémunéré mais dont le contrat n’est pas toujours respecté. Elles fabriquent également des objets en quantités considérables tel que des vêtements, des bijoux, des jeux… Par exemple, la fabrication de bouton finit par se transformer en une réelle entreprise de vente de boutons avec un commerçant de Mandes. Cet argent récolté par les internées dans le but de pouvoir acheter de la nourriture à la cantine.

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Au travail. Mechthild Gilzmer, Camps de femmes.

Au début l’approvisionnement est suffisant, mais les choses se dégradent en même temps que l’avancée de la guerre. Les deux repas ont lieu à midi et le soir et se composent essentiellement de soupe de légumes (haricots, rutabaga…) à laquelle on ajoute quelques rare fois un peu de viande. Avec ceci elles ont droit à 200g de pain. Au début elles ont droit à du poisson tous les lundis. Celles qui avaient de l’argent n’eurent pas à souffrir de la faim en tout cas au début, pouvant se procurer divers produits en payant. En effet le camp stock pour 14126 francs de nourriture parmi lesquels du chocolat, du saucisson du fromage et même du vin ou de la bière.

Le manque de nourriture a eu des effets néfastes sur leur santé. Lors de l’arrivée au camp les internés doivent se soumettre à une visite médicale. Par la suite les seuls malades peuvent accéder à l’infirmerie, seul endroit du camp dans lequel on trouve de vrais lits. Règlement du camp stipule qu’est prévue une visite médicale quotidienne. La réalité est autre, en effet le rapport du camp du mois de décembre 1941 mentionne deux visites médicales hebdomadaires. Outre les grippes, maux d’estomac et de têtes subviennent la tuberculose, des maladies vénériennes, la dysenterie et les fausses couches. De nombreuses femmes furent soignées dans des hôpitaux à l’extérieur du camp. (Mandes, Montpellier..) De plus la plupart des femmes connaissent un arrêt de leurs règles. Le seul nouveau-né qui vit le jour mourut quelques jours plus tard, ce fut la seule répertoriée dans le camp. En général les conditions d’hygiène sont meilleures à Rieucros que dans les autres camps français mais le manque de nourriture et de soin accentué tout au long de la guerre affaiblit fortement les femmes et les rendent vulnérable à tous types de maladies.

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Dora Schaul. Les femmes ramenant la soupe au camp tiré de Camps de Femmes de Mechthild Gilzmer

Contrairement aux camps d’extermination allemands, les camps français n’étaient pas destinés à la diminution ou à l’élimination physique des êtres humains par le travail, la maladie ou l’exécution. Les internées organisaient des conférences ou des cours de langues proposés par les femmes spécialisées grâce à leurs formations respectives. Elles mirent même en place des cours de gymnastique mais très vite n’en eurent plus la force à cause du manque de nourriture. L’art est pour les internées une manière de garder et entretenir leur humanité dans un contexte inhumain. Les femmes peignent beaucoup Rieucros de manière plus ou moins réaliste : Dans son œuvre Tanguy , Michel Del Castillo évoque le cas de Rachel, une internée qui peint le camp de manière irréaliste, « comme une maison de poupée ». Lorsqu’on lui en fait la remarque, celle-ci répond « Pour moi voyez vous, c’est presque une chance d’être ici. J’ai réussi à échapper aux camps nazis. Ceux-là sont moins drôles, je crois » Les internées ont d’autres activités telles que la création et la mise en scène de pièces de théâtre, ainsi que l’organisation d’expositions et qu’elles inaugureront. Elles fêteront également la journée internationale des femmes.

III. Vers la déportation


1- Les différentes destinations de déportation

Ces camps de réfugiés vont très vite devenir au fil des mois des camps d’internement puis des camps de concentration. Certes, ces camps n’ont pas connu l’horreur absolue des lieux d’extermination, mais Vichy a su en faire des antichambres de la Solution finale. Des convois entiers en sont partis, dès août 1942, acheminant de nombreuses familles juives vers Auschwitz via Drancy..

Le camp d’extermination fut aussi l’ultime voyage pour quatre convois de familles juives parties en 1942 des camps de Noé et du Récébedou, près de Toulouse. Cette année-là, Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, évoquait les scènes d’épouvante à l’intérieur des deux camps, tout en rappelant que les Juifs «sont nos frères comme tant d’autres».

Aucun département d’Occitanie n’a échappé aux rafles qui vont se multiplier avec l’invasion de la zone libre La rafle débute le 26 août 1942 à l’aube, dans toute la zone sud. Les forces de police et de gendarmerie, les gardes mobiles, les militaires et même les pompiers sont mobilisés. On utilise les fiches de recensement des Juifs établies du temps du gouvernement Darlan. Les Juifs sont ramassés dans les camps d’internement, les bataillons de travail, les résidences surveillées, les pensionnats catholiques et protestants, et on procède à des traques en forêt. À la mi-journée, le nombre d’arrestations ne dépassant pas 3 500 personnes, chiffre très inférieur aux prévisions, il est rappelé aux préfets par les services de Bousquet que, si leurs parents sont livrables aux Allemands, on doit procéder à la déportation des enfants de 2 à 16 ans. Des camions et des bus loués à des entreprises privées effectuent le transport des déportés des lieux de regroupement aux camps d’internement, puis jusqu’aux gares..

Début 1942, les internées de Rieucros sont transférées à Brens, près de Gaillac, dans le Tarn.

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Camp de Brens, mars 1942, site APSICBR.

Les régions organisent des «centres de criblage» pour regrouper les prisonniers et examiner leurs éventuelles exemptions. Au moins 45 autres femmes, « précédemment internées à Rieucros », dont 32 depuis le camp de Brens, ont été déportées par la police française et la Gestapo à l’été 1942  

Pour en savoir plus sur le camp de Brens

2- L’enfermement des suspectés de collaboration et l’occupation nazi en attente de jugement

Si la Libération du territoire se fait dans la liesse populaire, elle est aussi une période durant laquelle vont s’exprimer les rancœurs accumulées durant ces quatre années d’Occupation. L’épuration permet d’évacuer et de juger les collaborateurs (et fidèles) du régime de Vichy dans les secteurs administratifs et économiques notamment. A Rivesalt par exemple les derniers internés sont dispersés vers d’autres camps, tels Gurs ou Saliers, ou transférés dans des Groupements de Travailleurs Étrangers. À la Libération, le camp de Rivesaltes devient un centre de séjour surveillé pour les personnes suspectées de collaboration (1944-1945),et un Dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe (1944-1948). Il pouvait s’agir du vrai collaborateur comme misérable dénoncé par un voisin. On y trouve des Allemands, des Autrichiens, des Italiens et des Hongrois, mais aussi des Espagnols et des Soviétiques. De nombreux détenus sont alors employés à divers travaux dans la région, jusqu’à leur libération.

3-Les camps conservation ou démantèlement

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La camp de Rivesaltes aujourd’hui. Mémorial du camp de Rivesaltes

Suite à la libération certains camps sont devenus des mémorial pour ne jamais oublier et permettre d’avoir des lieux de commémorations et de recueillement comme le mémorial de Rivesaltes, inauguré en octobre 2015, le Mémorial est construit au milieu des vestiges des baraquements, témoins du destin de plus de 60 000 personnes. Cette marque dans l’espace en fait un lieu unique, qui rend compte des traumatismes du second vingtième siècle. Néanmoins le cas du camps de Rivesaltes n’est pas une généralité . A la fin de l’occupation la majorité des camps sont démantelé comme le camp de Rieucros qui a fermé en 1942 . Et dont aujourd’hui il ne reste plus rien à part une stèle ou le camps de Brens qui a était restitué à ses propriétaires après la libération . Dans ce camps il reste quelque baraquement qui servent de garages et le mirador .

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Camp de Brens aujourd’hui. Photo de Matthieu Palat.

Ce camps a pue servir pour des camps de vacances , il est aujourd’hui laissé à l’abandon néanmoins des projets de rachat du camps subsistent . Aujourd’hui, une association se bat pour la mémoire du site et de toutes les femmes qui y ont été internées.

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Camp de Brens aujourd’hui. Photo de Matthieu Palat.

Voici la bibliographie non exhaustive qui nous à permis de traiter ce sujet :