Deux ans et demi en mer avec Lapérouse et son équipage

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Carte du voyage de Lapérouse.
Par Jacques Liozu, Albi 1941. A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Lapérouse.
Dépôt au musée Lapérouse. Appartient au musée Toulouse-Lautrec.

« Larguez les amarres »

« Je mis la voile de la rade de Brest le 1er août » : ce sont les premiers mots de Lapérouse au départ de son voyage en 1785. En réalité, l’expédition devait quitter terre aux alentours du 12 juillet 1785 mais en raison du vent d’Ouest et de fortes pluies, le départ fut reporté à deux semaines plus tard. Durant les premières semaines de navigation, les conditions sont favorables. En effet, l’équipage craint des perturbations météorologiques, car les navires sont lourdement chargés et il est alors difficile de manœuvrer en mer.

Ce voyage est pour le royaume de France une suite logique aux voyages de James Cook, le célèbre navigateur idolâtré par Louis XVI. Au départ de l’expédition, l’équipage est préparé essentiellement pour explorer le Pacifique, région dont Cook ne perça pas tous les secrets. Ce projet est pour la France le moyen de rivaliser avec l’Angleterre, à cette époque considérée comme la première puissance commerciale et coloniale. Les participants au voyage sont pour la plupart des hommes imprégnés des idées des Lumières et notamment de l’importance accordée à l’être humain et à la curiosité scientifique. Au moment du départ, Lapérouse est conscient que la France accuse un certain retard par rapport aux autres puissances coloniales. L’objectif du voyage est donc de découvrir de nouveaux marchés sur de nouveaux territoires. Il atteint l’île de Madère 13 jours après son départ. Ce sera pour l’équipage la première escale.

Entre terre et mer

Durant ces longues années de navigation, Lapérouse écrit, chaque jour, son journal de bord. Son expédition peut se diviser en trois périodes : tout d’abord la traversée de l’Atlantique en 1785, puis l’exploration dans le Pacifique nord de 1786 à 1787 et enfin le dénouement tragique dans le Pacifique sud en 1788.

Les étapes sont peu nombreuses et permettent le réapprovisionnement en nourriture et en eau des deux navires. C’est le cas de Madère. Les arrêts durent entre deux jours et un mois. Ainsi, la traversée de l’Atlantique dure environ neuf mois dont sept et demi consacrés à la navigation. En 1786, l’équipage arrive à Conception (actuellement au Chili), où il s’arrête vingt-neuf jours pour s’approvisionner. Ensuite, ils poursuivent leur progression dans le Pacifique et s’arrêtent à Port des Français le 2 juillet 1786. Les étapes deviennent alors de plus en plus longues et désormais soixante pour cent du temps seulement est passé en mer.

La vie à bord

Lapérouse expose à multiples reprises qu’il est important que son équipage soit en bonne santé et sans cesse en activité. Être en bonne santé est un enjeu de taille, car les manques d’hygiène et de nourriture favorisent la prolifération de maladies, comme le scorbut, véritable fléau sur un navire. De plus, le froid présent dans le Pacifique nord pousse Lapérouse à faire placer des brasiers dans les pièces où couche l’équipage ainsi que sur le pont. Lapérouse est prévoyant sur le domaine de la santé, il veille à ce que l’équipage ne manque pas de vitamines, pour éviter la prolifération de maladies. 

Pour ménager au mieux ses hommes, Lapérouse instaure une rotation des équipes en quarts, c’est-à-dire qu’ils dorment huit heures pour une durée de travail de quatre heures, lorsque les conditions le permettent. Pour oublier le quotidien et sortir de l’ennui, les hommes organisent des bals où ils peuvent danser ou encore vaquer à des occupations diverses. De plus, les marins pour se distraire chassent les oiseaux autour des navires ce qui leur procure une ressource importante de protéines en cas de pénuries alimentaires.