Le voyage de Lapérouse : d’événements en découvertes

L’événement découverte

Durant l’expédition de Lapérouse, les découvertes géographiques constituent l’occupation majeure des navires. Ces découvertes sont l’affaire des marins et des savants, les officiers sont quand à eux chargés de remplir les missions du Roi, d’ordre plus politique et économique.

Plante 2

Dessin de Prevost, oncle et gravure de PP Chuffard.
Musée Lapérouse Albi.

Le botaniste et physicien Lamanon, se charge durant le voyage d’envoyer en France de nombreux échantillons de plants ou encore les remarques écrites qu’il promulgue lors des escales. Il enverra notamment des informations sur les animaux marins ou encore la langue des indiens de Monterey. Le scientifique Mongez étudiera quant à lui le mouvement des bec de fou et enverra ces informations à l’Académie des Sciences. Deux hommes se dégagent tout de même pour les travaux rendus, ce sont le botaniste Lamartinière et le jardinier Colignon. Tous deux envoient régulièrement graines et plantes à Thouin, paysagiste français, les documents de ce dernier demeurant depuis sa mort au Muséum d’Histoire Naturelle. Lamartinière sera un féru de découverte, les autochtones le prendront souvent pour un voleur dans ses quêtes. Cet homme cherche aussi des plantes utiles pour la médecine, il transmet à Thouin les techniques des populations pour soigner certains virus. Les plants et graines ont une grande importance pour ces savants qui envoient les informations en France, ils échangent des plants qu’ils ont stocké dans les navires, pour enrichir la flore locale.

Les savants perdront au cours du voyage quelques plants comme lors d’une escale à Teneriffe où un singe mange les graines prélevées sur l’île de Madère. Surtout dans le domaine de la botanique, les français obtiennent de nombreuses informations grâce à l’expédition de Lapérouse et ses marins.

 A la rencontre des nouveaux mondes

Femme du Cap Diemen.
De Jacques Julien Houtou de la Billardière dans « Atlas du voyage à la recherche de la Pérouse », Paris, 1817.

Les nouveaux mondes qui s’offrent à Lapérouse et son équipage ne fait qu’accroître la curiosité des Européens, avides de connaissances. Bien que l’étude de ces hommes de l’autre bout de la planète suscite l’intérêt des savants de l’époque, cette expédition a pour but premier de mettre en place des comptoirs commerciaux. La bonne entente entre les indigènes et les Européens est donc fondamentale, pour récupérer des vivres par exemple.

Lapérouse va rencontrer des peuples inconnus durant ces escales et apprendre à les connaître. Bien entendu les valeurs de ces inconnus sont très différentes des valeurs européennes, ce qui ne cessera pas de choquer l’équipage. Lapérouse fait un rapport très critique des indiens de Port des Français, il ne cesse de leur trouver des qualificatifs, tels que voleurs, oisifs, coléreux, « agités par la crainte ou la vengeance ». Sur l’île Ségalien, l’actuelle île Sakhaline, Lapérouse dresse un portrait positif de ces indigènes. Ils ont contribué à cartographier la côte de Tartarie, ainsi que l’île Ségalien. Ils ont également indiqué à Lapérouse la route à prendre, ainsi que le passage qui deviendra plus tard le détroit de Lapérouse entre l’île Sakhaline (Russie) et Hokkaido (Japon). Dans la baie de Castries, sur la côte tartare (actuelle Russie), Lapérouse va être séduit par les autochtones qui peuplent la baie : « On ne peut rencontrer dans aucune partie du monde une peuplade d’hommes meilleurs ». Il est impressionné de voir que les femmes ont un rôle important dans cette communauté, les hommes ne prennent pas de décisions seuls, elles doivent donner leur consentement, chose impensable en Europe.

 Durant les escales, il est important de dessiner, graver ce que l’on voit : botanique, animaux, tout ce qui est nouveau pour les Européens doit être dessiné. Dans les îles Tonga, les habitants acceptent de poser pour le dessinateur. Cela montre que les relations avec les indigènes étaient souvent cordiales et pacifiques, malgré les vols et le massacre dans les Samoa.

Cette expédition et bien plus qu’un voyage à but politique et économique, elle donne aux indigènes une place importante. Il faut étudier ces peuples et comprendre leurs coutumes. Lapérouse et son équipage réalisent un véritable travail d’ethnologue.

En partant à la rencontre du monde, ils découvrent de multiples cultures. La perception du monde de ces hommes du XVIIIe siècle a totalement changé, en découvrant de nouvelles cultures, de nouveaux animaux, de nouvelles plantes, ils présentent un nouveau monde aux européens.

Une nouvelle carte du pacifique

Lapérouse dans son journal de bord, montre bien l’intérêt du Royaume de France à poursuivre les études commencées par Cook, lors de ses voyages dans le pacifique, dans l’idée de pouvoir créer une carte plus précise du monde. De Langle, le commandant de l’Astrolabe, prend en charge les recherches cartographiques du voyage. Il définit une méthode d’étude, qui dépend d’observations astronomiques, par exemple, en mer, il doit mesurer la distance entre la lune et le soleil, afin d’obtenir la position des navires ou des îles, on refait les calculs à plusieurs reprises afin de pouvoir établir la position de façon la plus précise possible. De Langle met en place deux registres afin d’abord de noter les données et ensuite les résultats. Sur un troisième registre, les officiers retranscrivent les estimations de distances, les renseignements géographiques et hydrauliques obtenus à terre. Malgré tout, les résultats obtenus ne peuvent être considérés comme entièrement fiables. Une fois les calculs terminés, les points étaient placés sur la carte. La cartographie est confiée à Bernizet sur la Boussole et à Blondela sur l’Astrolabe. Quand les cartes sont finies elles sont données à Fleurieu. Les résultats sont remarquables, on cartographie essentiellement le nord du Pacifique. Lapérouse, pour contrer l’imprécision, établit des tables donnant les coordonnées des principaux points d’où les données ont été relevées, les joignant aux cartes envoyés à Fleurieu.

Les progrès faits grâce aux recherches de Lapérouse et son équipage sont incontestables, ajoutant ou modifiant des éléments aux travaux de Cook. Bien que les scientifiques n’aient pas pu dresser une carte complète des côtes du Pacifique nord, ils ont tout de même diminué les lacunes des cartes utilisées avant le départ du tour du monde.