L’école de Garde-marine, un choix judicieux et encadré.

Jean-François Lapérouse, alors de Gallaup, a étudié au lycée jésuite d’Albi, où il a côtoyé Rochegude qui deviendra lui aussi un officier de Marine reconnu. Pendant ses études, il se montre turbulent. Lapérouse n’a pas la patience nécessaire aux longues études et étant fils unique, il ne pouvait pas entrer dans les ordres, afin de préserver l’héritage.

La solution fut sûrement apportée par deux hommes, le marquis de La Jonquière, cousin de Lapérouse, et son ami le Chevalier de Ternay, alors qu’ils rendaient visite à Victor Joseph, le père de Jean-François. La Marine était devenue un corps d’armée prestigieux, avec l’ère de l’exploration et de la généralisation des conflits maritimes, et l’intérêt certain du roi pour les expéditions. De plus, la pension des Gardes de la Marine suffisait à entretenir une famille, ce que cherchait Victor Joseph. Enfin la pension à verser aux élèves par leur famille était dans les moyens des Gallaups. Victor Joseph décida donc d’acheter un domaine, Lapeyrouse, et de l’offrir à son fils pour qu’il puisse l’annexer à son nom et se donner ainsi plus d’importance. Jean François en modifia l’écriture du nom pour en ôter le caractère occitan et intégra l’école de la Marine de Brest, où avait étudié de la Jonquière, et dont c’était aussi le port d’attache. Cela lui permit de superviser l’apprentissage de Lapérouse.

Clément de Taffanel, Marquis de la Jonquière est issue d’une famille noble et aisée. Il s’engagea dans la Marine jusqu’à devenir lieutenant-général des armées navales après la Guerre d’Indépendance des États-Unis. Le marquis était un cousin, certes éloigné, au 5° degré par alliance, mais surtout un homme de confiance. Ils se voyaient parfois quand le marquis était de repos en France. Pendant ces périodes, le chevalier de Ternay, ami proche du marquis, restait avec lui. Les deux hommes ont donc passé plusieurs séjours au château de Gô. De Gallaup demanda au marquis de devenir le tuteur de Lapérouse, et bien qu’il soit déjà le tuteur d’Armand de Saint-Felix, il accepta de prendre un deuxième enfant sous sa gouverne. Ainsi de Gallaup donna la pension de son fils au marquis. Lapérouse devait donc justifier ses dépenses à son tuteur, ce qui lui évita de dilapider son argent. Il a également suivi avec attention l’apprentissage de Lapérouse et quand le Chevalier de Ternay partit de Brest pour la guerre de Sept Ans, il contribua à ce que Lapérouse soit du voyage. Lapérouse le lui rendit bien plus tard, en prenant à la mort du marquis ses deux fils entrés dans la Marine, Clément-Joseph de Taffanel et Jean Pierre Claude Charles de Taffanel, sous sa protection. Mais de Taffanel ne fut pas le seul à encadrer le jeune Lapérouse. Le chevalier Charles-Henri-Louis d’Arsac de Ternay, devint le protecteur de Lapérouse à la demande de son père. C’était une relation mutuellement profitable, le chevalier de Ternay demandant parfois des services à Lapérouse, en échange de son soutien. Ce genre de relation était courant dans la Marine Royale. Cela permettait aux jeunes officiers d’avoir un appui solide, pour demander une promotion, soutenir un projet, devant les généraux ou le roi. Mais cette aide dépasse même parfois le cadre de l’armée. Ainsi, quand Lapérouse tomba amoureux de Louise Éléonore Broudou, il s’attira les foudres de son père, qui avait déjà prévu un mariage. Lapérouse vint donc voir de Ternay pour lui demander de l’aide. Le Chevalier intervint en sa faveur auprès du Roi, qui lui donna sa bénédiction. Durant son apprentissage à bord du Robuste, Lapérouse entra sous le commandement du Chevalier. Ils firent de nombreux voyages ensemble par la suite. Le Chevalier et Lapérouse nouèrent une relation très forte. Ainsi à la mort du Chevalier, il dira : « qu’il l’aimait comme un père » et donna son nom à une baie, la Baie de Ternay, lors de l’une de ses expéditions.