La première éducation

L’éducation scolaire

En 1750, à neuf ans, le jeune Lapérouse entre à l’école jésuite Delbene d’Albi pour débuter son éducation scolaire. Il y restera six années. Le choix familial de cette école n’est en aucun cas un hasard  ; il  correspond aux normes de son milieu.

À partir de 1534, les collèges jésuites accueillent, en effet, de plus en plus d’enfants issus de la noblesse française et forment dès lors, la fine fleur de l’élite française. Pour Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie, il est primordial que les enfants aient une grande culture générale.

Pour entrer dans une école jésuite, le critère de sélection est alors de taille puisque les élèves devaient déjà savoir lire et écrire. La rentrée s’effectuait le 8 octobre. Au temps de Lapérouse, un élève du collège Delbene travaille 2h30 le matin et autant l’après-midi. Cinq ans, c’est la durée moyenne passée dans les écoles pour terminer l’apprentissage.

Lapérouse et ses camarades ont accès aux dictionnaires royaux et de synonymes pour apprendre les langues. L’école comprend trois classes de grammaire, une classe des humanités et une classe de rhétorique. Les élèves ont des cours d’histoire sainte et religieuse mais aussi des cours de philosophie, matière qui englobe alors, la physique et les mathématiques. L’apprentissage effectué en cours était très minimaliste puisque la géographie se limite à l’étude des nomenclatures et l’histoire ancienne à une simple chronologie des événements.

Plan du collège Delbene (actuel lycée Lapérouse)
Source : GUY Marcel, « Du college Delbene au lycée Lapérouse », archives départementales du Tarn, B6439, Toulouse, 1979.
Photographie : Lucas Rivet, 2013.

Les cours sont dispensés uniquement en latin et fréquemment, les professeurs contrôlent les connaissances des élèves avec quelques « interrogations-surprise ». Les bonnes manières et la politesse sont également de rigueur, car elles sont considérées utiles pour la future vie de noble. Le programme impose également aux élèves des exercices de manipulation de la langue tel que, l’exercice de développement d’une citation, la composition d’un discours en prose ou encore la rédaction d’une scène dramatique. L’art théâtral est aussi enseigné.L’éloquence était très importante chez les jésuites, leur but étant de parler le latin et « le bien parler », à l’intérieur de l’école dans le monde. En bref, l’éducation dispensée par les jésuites met en avant la formation littéraire et rhétorique.

Les classes jésuites sont placées sous la direction d’un seul professeur qui a, à sa charge, une seule et unique classe avec un groupe d’âge homogène. Il veille strictement à l’application du programme mais possède une grande autonomie pour s’organiser. Il est en effet libre de décider de la meilleure progression des études et d’établir sa propre discipline. Les jésuites pratiquent le principe de la méritocratie, les meilleurs devoirs étaient affichés sur les murs pour favoriser l’émulation. Les jésuites cherchent à responsabiliser les élèves dans leur prise en charge au niveau du cadre scolaire et extra-scolaire. Pour cela ils valorisent l’apprentissage de l’autonomie et de la vie collective, le soutien, l’entraide. Le succès des Jésuites en tant qu’éducateurs est incontestable. Il est dû à l’important soutien de l’Église catholique, à la qualité des enseignements et à la discipline imposée.

Jean-François de Galaup est un enfant très intelligent mais jugé turbulent suite à son passage chez les jésuites. Il y a en effet le statut d’un leader assez populaire. Il compte parmi ses amis Henri-Pascal de Rochegude devenu officier de marine par la suite. Son passage à l’école jésuite a joué un rôle important sur son envie de s’engager dans une carrière maritime.

En 1756 ayant terminé son cursus scolaire chez les jésuites, le jeune Jean-François de Galaup alors âgé de 15 ans, s’engage dans l’école des gardes de la marine à Brest. Pour cela, les règlements exigent de lui un revenu suffisant pour l’aider à tenir un rang convenable. Sa famille lui donne alors un domaine, qui lui appartient depuis peu, le domaine de Lapeyrouse. Jean-François de Galaup, dès lors, se fait nommer Lapérouse et signe les actes officiels ainsi.