Les origines familiales

Origines géographiques et sociales

Les origines familiales de Lapérouse se situent dans l’Albigeois et dans l’Aveyron, notamment à Sauveterre de Rouergue. Du côté paternel, les de Galaup forment une famille noble depuis le XVIe siècle, enrichie grâce au commerce du pastel.

Victor-Joseph de Galaup, son père fut, premier consul (équivalent du maire d’aujourd’hui) de la ville. Il fut également délégué aux États particuliers albigeois, c’est-à-dire qu’il était un des représentants de son ordre. Les grand-parents paternels de Jean-François de Galaup sont Claire de Metge et Jean-Antoine de Galaup, chanoine à l’église collégiale Saint-Salvi d’Albi. Marguerite de Résseguier, sa mère, noble elle aussi, était la fille du commandant de bataillon de Condé, de Sauveterre de Rouergue Jean-Jacques de Resseguier et de Françoise de Moly, elle-même descendante de docteur en médecine ou d’avocat. Victor-Joseph de Galaup et Marguerite de Resseguier se sont mariés le 4 octobre 1740 et le couple s’est installé à Albi.

Victor-Joseph de Galaup avait une grande maison de ville et possédait également le domaine du Gô (Cf. film disponible via ce lien) situé dans une boucle du Tarn, à environ une heure de marche d’Albi. Le nom de Gô, parfois orthographié Guo ou Gau, viendrait du nom « Gué », qui en langue occitane se dit « ga ou gua », en référence au gué du fleuve jouxtant le manoir. Il pourrait aussi venir du nom germanique de Got ou Gaud (Wisigoths) d’un propriétaire lointain.

Photographie : Lucas Rivet, 2013.

Entrée principale du manoir du Gô
Photographie : Lucas Rivet, 2013.

La venue au monde de Lapérouse

Marguerite de Resseguier a accouché au manoir du Gô, à l’étage, dans une chambre et dans un lit. Habituellement sous l’Ancien Régime, les femmes du peuple enfantaient dans la pièce commune du domicile, devant l’âtre de la cheminée, à même le sol, sur de la paille. Ce n’est pas le cas de la mère de Lapérouse. Une matrone l’assistait probablement pendant l’accouchement. Il s’agit d’une femme, généralement âgée d’une cinquantaine d’années, expérimentée, possédant un savoir-faire ancestral, connue pour avoir réussi plusieurs accouchements, mais elle n’a pas de formation professionnelle sérieuse. En général, les matrones ne savent ni lire ni écrire. C’est le curé de la paroisse, en l’occurrence ici, celle de Saint-Julien, qui veille sur la matrone et ses compétences. On attend d’elle qu’elle fasse preuve de beaucoup de patience et qu’elle prodigue des conseils.

Lors de l’accouchement la parturiente est toujours vêtue et « à couvert », car il ne faut pas qu’elle se montre nue. Avant que le bébé n’arrive, la matrone prépare les lieux, fait le lit, rassemble le matériel nécessaire, s’assure que le feu est alimenté et qu’il y a de l’eau chaude. C’est elle qui prévient les femmes de l’entourage et le mari.

Le matériel, utilisé lors de la mise au monde d’un nouveau-né reste très sommaire, contrairement à ce que nous connaissons aujourd’hui. Toutefois, il est plus sophistiqué dans la sphère de la noblesse ou celle de la haute bourgeoisie que dans les autres sphères sociales. Généralement, une matrone « de base », possédait une simple paire de ciseaux ou un couteau, pour couper le cordon ombilical et d’un fil de lin pour assurer un bandage. En plus de ses éléments, la pharmacopée d’une dame de la haute société comprend des « compresses, bandes, alaise, chauffoirs et autres toiles cirées pour le ventre et les seins ». Ainsi Mme de Galaup, a dû bénéficier de ce matériel assez élaboré pour l’époque moderne.

Pendant l’accouchement, portes et fenêtres sont généralement fermées pour ne pas laisser les mauvais esprits pénétrer les lieux. Le jour de sa naissance, Jean-François de Galaup étant considéré comme fragile, est ondoyé avec la permission de l’Archevêque d’Albi, Mgr de Castres. L’ondoiement est un rite simplifié du baptême réalisé en cas de danger de mort. Le procédé consiste à verser de l’eau sur la tête du nouveau né en prononçant ces paroles : «Je te baptise ; au nom du père ; du fils et du Saint-Esprit ». Il fut par la suite baptisé le 3 octobre de la même année dans l’Église Saint-Julien d’Albi. Issu d’une famille de dix enfants, seul trois seulement survécurent à cause de la forte mortalité infantile qui sévissait à l’époque.

Le fait de naître dans une famille noble disposant d’un niveau de revenu honorable est un des éléments qui plus tard permettra à Jean-François de Galaup de pouvoir prétendre à une carrière maritime, puisqu’en effet, entrer dans la marine au XVIIIe siècle nécessite une certaine somme d’argent perçue sur les rentes.

Chambre actuelle où Lapérouse à vu le jour le 23 août 1741
Photographie : Lucas Rivet, 2013.