Des navigateurs passionnés à la recherche de Lapérouse.
Le premier à s’intéresser au sort de Lapérouse se nomme Fred Jones. C’est un bucheron qui travailla durant 35 ans sur Vanikoro où il put développer des liens avec les indigènes et apprendre leur langue. Il recueillit de nombreux témoignages à partir de légendes afin d’en savoir plus sur cette intrigante expédition disparue. Il ne pouvait pas imaginer que son travail allait être très utile à un autre passionné.
Il s’agit là de Pierre Anthonioz, alors gouverneur des Nouvelles-Hébrides. Patriote, il participa activement à la résistance française avant de se voir confier des rôles administratifs et politiques dans les colonies. Il fut par la suite décoré de la croix de la légion d’honneur. « Le portrait de cet homme extraordinaire, qui a atteint les sommets du courage, de l’intelligence et de la générosité serait incomplet si sa grande culture, sa passion pour l’ethnologie, l’histoire, la poésie n’étaient pas évoquées1. »
Pour son expédition Anthonioz s’accompagna de « l’homme qui d’après lui, connaissait le mieux les côtes de l’île 2» pour y avoir déjà plongé à son propre compte. Il s’agit de Reece Discombe un plongeur Néo-Zélandais dont la principale activité était l’exploration d’épaves dans le Pacifique.
L’amiral Maurice de Brossard, le chef du service historique de la Marine fût interpellé par les demandes de financements de nouvelles recherches. En tant qu’historien français il se sentait concerné par le sort de Lapérouse mais un détail supplémentaire l’encouragea à mener une autre expédition. Le lieutenant de vaisseau Pierre de Brossard, disparu avec l’équipage Lapérouse, faisait partie de la famille de l’amiral.
Les recherches maritimes, découverte de la Boussole.
La majorité des recherches du XXe siècle eurent lieu sur mer. L’épave de l’Astrolabe était déjà découverte mais le lieu du naufrage du vaisseau amiral, la Boussole, restait encore inconnu.
En 1962 les témoignages de Fred Jones furent utilisés par Pierre Anthonioz et Reece Discombe afin de cibler les recherches sur un lieu hypothétique du naufrage. Durant des mois ils remontèrent à la surface de nombreux objets mais ne parvinrent pas à prouver leur lien avec la Boussole. Néanmoins, leurs découvertes permirent de lever le voile sur la dernière partie du voyage grâce à un coffret renfermant des minéraux présents exclusivement sur certaines îles.
Une seconde expédition fut menée en 1964 avec l’amiral de Brossard dans le but de « résoudre complètement, presque cent quatre-vingts ans plus tard, l’énigme que posait toujours le sort des deux frégates de Lapérouse. »3 Et le 20 mai une cloche fut découverte avec une inscription attestant son appartenance à la Boussole.
Les recherches maritimes furent fructueuses et aboutirent finalement à élucider une grande part de mystère. Cependant des rumeurs firent leurs apparitions et entraînèrent un autre type de recherche.
Les recherches terrestres, découverte d’un camp.
Vanikoro n’avait pas fini de livrer tous ses secrets. Parmi les habitants de l’île régnait une rumeur concernant d’éventuels survivants au naufrage qui auraient construit un campement.
Une lueur apparue dans l’épaisseur de l’ignorance grâce à des passionnés de l’histoire de Lapérouse qui créèrent l’association Salomon en 1981. Cette association réalisa de nombreuses fouilles archéologiques qui s’avérèrent fructueuses. Effectivement, en 1999 eu lieu la dernière campagne de fouille du XXe siècle. Reece Discombe le plongeur découvreur de la Boussole n’en avait pas fini avec Vanikoro puisqu’il participa à cette dernière fouille terrestre. Et ce fut au cours de celle-ci que l’ont découvrit les vestiges d’un camp qui se matérialisa d’abord par des poteaux enfouis à un mètre cinquante constituant une palissade.
La datation permit de savoir que ces vestiges étaient contemporains du naufrage. Progressivement d’autres objets furent découverts sur le site tel que des pierres à fusils, des balles de mousquet et d’autres objets de la vie quotidienne.
Malgré les découvertes du XXe siècle, Vanikoro renferme encore de nombreux mystères, et semble livrer progressivement des indices qui ne font que mettre au jour de nouvelles énigmes. Mais la fascination de Lapérouse exerce toujours sa force et «la recherche d’un testament de Lapérouse ou de l’un de ses marins se poursuit. Le mystère des membres de l’équipage qui ont survécu sera-t-il élucidé un jour ?».4
1: www.1dfl.fr/1-de-la-dfl/pierre-anthonioz-22-bmna
2: Meissner H-O., La Pérouse, Paris, Perrin, 1984, p.186
3: Meissner H-O., La Pérouse, Paris, Perrin, 1984, p.188
4: Lapérouse J-F., Voyage autour du monde sur l’Astrolabe et la Boussole, Paris, La Découverte, 2008, p.XXX