Appel à communication (clos)

APPEL A COMMUNICATION

Science et culture en temps de guerre de la Révolution à nos jours

27 et 28 mars 2020 / Toulouse, Bibliothèque d’études méridionales

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Organisateurs

Caroline Barrera, maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Toulouse (INU Champollion), laboratoire Framespa (UMR-5136) / Studium.

Jacques Cantier, professeur d’histoire contemporaine, Université de Toulouse (Université Toulouse Jean Jaurès), laboratoire Framespa (UMR-5136) / Studium.

Organisation et partenaires

Laboratoire Framespa (UMR 5136), Université Toulouse Jean Jaurès/ CNRS

Axe TCF, Institut national universitaire Champollion

LABEX Structuration des mondes sociaux.

Le comité scientifique est composé de :

– David AUBIN, professeur d’histoire des sciences, Sorbonne-Université.

– Caroline BARRERA, maître de conférences en histoire contemporaine, INU Champollion.

– Jérôme BLACHON, responsable du Musée de la Résistance de la Haute-Garonne.

– Jacques CANTIER, professeur d’histoire contemporaine, Université Toulouse Jean Jaurès.

– Claire FREDJ, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Paris-Ouest Nanterre.

-Anne GOULET, directrice des Archives départementales de Haute-Garonne.

– Michel GROSSETTI, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’EHESS, directeur du Labex Structuration des mondes sociaux.

– Eric T. JENNING, professeur à l’université de Toronto, Canada

– Jérôme LAMY, chargé de recherche au CNRS en sociologie des sciences et des techniques, CERTOP.

– Anne RASMUSSEN, directrice d’études, EHESS.

– Fabien THEOFILAKIS, maître de conférences à l’Université de Paris I.

Objectifs 

Ce colloque a pour objectif de croiser deux courants historiques particulièrement féconds depuis une quinzaine d’années : celui de l’histoire culturelle de la captivité et celui des sciences studies appliquées à la guerre. Ce temps particulier accentue en effet les interactions des groupes sociaux impliqués (universitaires, scientifiques, militaires, industriels, politiques, corps techniques ou médicaux…), génère des occasions, des séquences ou des lieux inédits de travail et de rencontres (camps, laboratoires, usines, institutions…). C’est aussi, plus que d’habitude, un temps de connexions et de globalisation. Enfin, le volet matériel et pratique y prend une acuité inédite. Les sciences studies, qui ont renouvelé l’histoire des sciences depuis les années 1970 (Pestre, 2006), en la considérant comme une histoire sociale, économique, politique, culturelle et non plus seulement comme la seule histoire des disciplines (histoire des corpus, des résultats, des concepts ou des idées) s’est depuis longtemps intéressé à la relation entre les sciences et la guerre. Elle l’a fait dans trois cadres chronologiques : court (une guerre en particulier), moyen (parfois de plusieurs décennies, prenant en compte l’avant ou l’après-guerre) et long (un siècle et plus). Les thématiques abordées se sont fixées sur le volet opérationnel des guerres et l’implication de certaines disciplines (invention des armes, maitrise de l’espace, conduite de la guerre, soins médicaux et protection), les formes et les modalités de la mobilisation scientifique (types, lieux, structures, profils), les discours et les représentations, et bien sûr sur les opportunités scientifiques permises par la guerre (moyens financiers, réorganisation de la recherche, terrains d’expérimentation, collaborations…). Les concepts de sciences pour la guerre (Dahan et Pestre, 2004), de preparedness (Stuart, 1993), de cet état de préparation continuel de la guerre qui lie la puissance militaire à la puissance tout court, générant des warfare states (Edgerton, 2005) ont été particulièrement féconds. L’histoire culturelle de la captivité éclaire de son côté toutes ces problématiques en les orientant vers la dialectique des contraintes et de l’agentivité déployée par les acteurs sociaux. Retiré d’une influence directe sur le cours de la guerre, les captifs ne sont pas pour autant réduits à la passivité. Une réflexion sur les différents environnements qui définissent leurs expériences est ici nécessaire : au-delà de leur commune privation de liberté, prisonniers militaires, prisonniers civils, déportés évoluent dans des contextes très différents dans lesquels les interstices de liberté permettant une initiative individuelle ou collective sont très variables. Une mise en évidence des ressources culturelles dont ils disposent s’impose également : ressources matérielles (accès aux livres et aux divers supports de la vie culturelle) et ressources humaines (réseau de solidarité, formes d’organisation collective). L’analyse des différentes formes de production culturelle et de leur modalité d’appropriation et de circulation au sein du monde de la captivité et au-delà mérite enfin l’attention.

Le colloque envisagé s’inscrit dans la lignée de ces deux axes forts de l’historiographie en souhaitant les croiser pour poursuivre et enrichir les réflexions en cours et pour réfléchir aux points peu abordés.

L’appel à communication porte donc sur les points suivants :

  1. La mobilisation scientifique et culturelle

Il s’agira d’abord de continuer à creuser les formes et les types de mobilisations scientifiques et culturelles en privilégiant les aspects peu traités (auto-mobilisations ; mobilisation indirecte ; mobilisation des femmes ; gestion des compétences scientifiques civiles par l’armée ; créations institutionnelles – type Institut d’Optique…) ou peu connues en France (les expériences étrangères, hors celles du monde anglo-saxon de la Deuxième Guerre mondiale).

Cette mobilisation pourra être abordée via les disciplines (scientifiques ou littéraires), en replaçant la/les guerres dans leur histoire, y compris sur le temps long et en ne prenant pas seulement en compte ce que la science a apporté à la guerre, mais aussi ce que la guerre a apporté aux disciplines (or périodes déjà bien connues), y compris celles qui n’ont pas de volet opérationnel immédiat.

  1. Science et culture en situation d’enfermement (captivité, déportation, internement, prison)

Plusieurs questions seront ici privilégiées. La première porte sur les scientifiques, les universitaires, hommes ou femmes de lettres en captivité. Que font-ils dans le domaine culturel et/ou scientifique ? Comment font-ils vivre leur discipline dans les camps (formes d’expression, pratiques, moyens, organisations) ? Sans exclure les cas individuels significatifs, il s’agira cependant de privilégier des bilans et des typologies.

On se demandera aussi si ces prisonniers ou prisonnières au profil particulier font l’objet d’un traitement différencié ? S’ils/elles développent une sous-culture scientifique ou culturelle de la captivité qui se réapproprie plus ou moins les codes de la vie scientifique ou culturelle, parvenant à dépasser les clivages nationaux ou, au contraire, en les reproduisant ?

La question des transferts culturels et scientifiques pendant la guerre sera particulièrement scrutée, de même qu’une approche comparative entre disciplines (quelles sont celles qui se prêtent le mieux au travail en captivité ?).

On s’intéressera aussi aux scientifiques prisonniers mobilisés et sur le camp, réservoir de scientifiques ou terrain d’expérimentation ou d’observation.

Enfin, on se demandera si le camp a été une étape pérenne dans la constitution d’un réseau scientifique, culturel, littéraire ?

  1. Science et culture sous l’uniforme

Tous les scientifiques n’ont pas été mobilisés en vertu de leurs compétences réelles ou supposées en science. Est-à-dire qu’ils ont abandonné toute pratique scientifique ou culturelle constitutive de leur identité professionnelle, sur le front, dans leurs casernes, dans les diverses affectations, à l’hôpital ou lors de permissions ?

  1. Perception, construction, mémoire de la guerre dans le monde culturel et scientifique

Une ouverture sur la réception dans la longue des expériences et des productions liées aux périodes de guerre permettra de mesurer leur place dans la construction des identiTés disciplinaires comme dans la mémoire individuelle ou collective des protagonistes et des sociétés concernées.

Les propositions devront s’inscrire dans le cadre temporel d’une guerre ou de guerres, s’étant déroulées depuis la Révolution française (incluse) à nos jours. Le cadre géographique est mondial, à des échelles variées (locales, nationales, internationales, coloniales). La science est ici entendue dans son sens générique et comprend donc toutes les disciplines savantes, y compris les sciences humaines et sociales. La culture sera elle aussi abordée dans une approche large incluant l’ensemble des aptitudes, savoirs et représentations propres à un groupe donné et l’ensemble des pratiques par lesquelles elles se manifestent. Les communications abordant des aires géographiques et des expériences extra-européennes et non-anglo-saxonnes (déjà bien connues) sont particulièrement bienvenues. Le cadre contextuel est celui d’une ou de périodes de guerre contre un adversaire étranger, y compris la situation d’occupation ou d’exil. La guerre civile n’est pas retenue.

Soumission des propositions

Les propositions de communication devront être adressées à caroline.barrera@univ-jfc.fr et cantier@univ-tlse2.fr avant le 15 septembre 2019. Elles devront contenir :

  • Le titre de la communication proposée
  • Un résumé d’une page maximum précisant les sources dépouillées, la méthodologie adoptée, la problématique et les principaux thèmes envisagés.
  • Votre institution de rattachement.
  • Vos coordonnées.

Prise en charge des intervenants : l’organisation du colloque prendra en charge pour 1 communication les repas pendant le colloque (2 déjeuners, 1 dîner) et 1 à 2 nuits d’hôtel (+ petits déjeuners et taxe de séjour) pour 1 intervenant (elle ne prend pas en charge les frais pour les communications d’un.e 2e communicant.e). Le transport sera à la charge des intervenants.

Publication des actes : le colloque fera l’objet d’une publication, soit sous forme de numéro spécial dans une revue universitaire, soit sous forme d’ouvrage collectif.