Parution début 2020.

De la Renaissance au siècle des Lumières, l’université de Toulouse, la deuxième du royaume par la masse de ses étudiants, offre au chercheur des archives sérielles surabondantes, précises et quasi complètes, sans doute les meilleures de France. Il a fallu pas moins de trente ans à Patrick Ferté pour en achever le dépouillement et scruter tour à tour : les fluctuations des inscriptions et des différents diplômes, la géographie du recrutement comme la sociologie parentale, l’impact des réformes de Louis XIV sur les quatre facultés ou les stratégies des étudiants en vue du marché de l’emploi. La part entre ascenseur social et reproduction intergénérationnelle est dûment mesurée, tant pour les clercs que pour les laïcs. Dans une volonté d’histoire totale, l’histoire intellectuelle des différentes disciplines vient compléter l’approche institutionnelle, analysant les déboires des novateurs face aux crispations rétrogrades. La vie quotidienne fort chaotique des étudiants y est reconstituée, des salles de cours jusqu’aux échauffourées dans les rues et tavernes du quartier latin toulousain, à coup d’épées à deux mains, que ce soit entre « nations étudiantes » ou contre les soldats du guet. C’est donc à une radioscopie fine et d’envergure que P. Ferté convie le lecteur pour une immersion aussi pittoresque qu’érudite dans le monde universitaire d’Ancien régime, fort mal connu jusqu’ici.

SOMMAIRE

Introduction

Partie I : INSTITUTION, PATRIMOINE : STRUCTURE ET FRACTURES

D’UNE TUTELLE À L’AUTRE : LAÏCISATION DE LA GOUVERNANCE

• L’Église écartée au profit du parlement (fin xv^e)

• La tutelle salutaire du parlement

• Universitas et libertas

• L’archevêque et le chancelier mis en lisière

• Le rectorat : un monopole des laïcs

  • Fonctions du recteur
  • Du monopole des laïcs au monopole des juristes

• Les doyens de faculté

• Les jésuites et le maintien du monopole universitaire des graduations (XVI^e – XVII^e)

  • De la faveur à l’hostilité
  • L’affaire de la maison professe des jésuites de Toulouse
  • L’Esquile et le collège jésuite de Toulouse
  • L’incorporation manquée du collège jésuite à l’université de Toulouse
  • Tournon et l’union sacrée pour le monopole universitaire des diplômes (1622-1626)

L’ORGANISATION DE L’UNIVERSITÉ : UNE UNIVERSITÉ ÉCLATÉE 

• Cinq puis quatre facultés

  • Vers l’union des facultés de droit canonique et de droit civil
  • Complexité théologienne
  • La faculté des arts
  • La faculté de médecine, de pharmacie et chirurgie

• L’espace universitaire : des bâtiments dispersés

  • Les différents auditoires de théologie
  • La faculté des arts : errance et déshérence
  • Misère de l’enseignement médical
  • Les bâtiments des Écoles de droit
  • Les collèges de boursiers

 FINANCER L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

• Imprévision et misère à l’« âge d’or » (1470-1565)

• En quête de gages fixes (1540-1565)

• Les initiatives de cofinancement public : le cardinal d’Armagnac et Charles IX

  • L’archevêque Georges d’Armagnac, bienfaiteur de son Alma mater
  • L’appui du roi Charles IX

• Un siècle de remise en question (1565-1660)

  • Mauvaises volontés
  • Plaidoiries du recteur Cabot
  • État et prélats : des contributeurs récalcitrants

• Les privilèges fiscaux des docteurs régents

  • Université versus capitoulat
  • Le contentieux des contributions extraordinaires
  • Des privilèges fiscaux contestés

• Médiocrité financière et dommages collatéraux

• Des revenus longtemps précaires
• Rémunérations des théologiens
• Professeurs et agrégés de droit
• Les médecins
• Dommages collatéraux : fuite des cerveaux et laxisme

 

LES RÉFORMES DE LOUIS XIV ET DE LA RÉGENCE

L’université en instance de réformation (1667-1679)

• Les circonstances de l’inspection de 1668-1669 et ses acteurs
• Un état décadent
• « L’universelle prostitution »
• Vœux et aveux

La grande réforme des facultés de droit (1679-1683)

L’annexion de la faculté des arts par les jésuites (1681) puis par les doctrinaires (1717)

• L’affaire Santarelle
• La compagnie de Jésus dans un nouveau contexte
• Vaine parade du savant François Bayle et annexion jésuite de la faculté des arts
• L’agrégation du collège doctrinaire de L’Esquille (1717)

Réformes dans la faculté de théologie

• Deux chaires jésuites de théologie (1681)
• Deux chaires dominicaines de théologie thomiste (1716)
• La chaire (séculière) de libertés de l’Église gallicane(1716)
• Réformes à la faculté de médecine (1702-1707)

 

Partie II : ENSEIGNANTS ET ENSEIGNEMENT

LE MODE DE RECRUTEMENT DES PROFESSEURS

• L’idée précoce du concours public

  • Une exigence salutaire du parlement
  • L’ « affaire Cujas»
  • Concours versus postulation

• Les concours de recrutement ou disputes : un lourd dispositif
  

• Concours pour les chaires royales de théologie et controverses doctrinales

LE PERSONNEL ENSEIGNANT : UNE COMPAGNIE DECHIREE

• Sodalités et sociabilité

  • Rituels, solennités, costumes
    
  • Une certaine solidarité : la bourse commune

• Lignes de fractures et dissensions

  • Hétérogénéité des statuts
  • Conflits entre la faculté de droit et les trois autres : inégalités et rancœurs
  • Dissensions entre professeurs laïques et religieux
  • Querelles entre professeurs religieux
  • Chicanes entre juristes

• L’université dans la ville : un isolat en butte à des inimitiés foncières

  • L’archevêque
  • Les capitouls
  • Le parlement, un protecteur nécessaire

L’ENSEIGNEMENT: ESSAI D’HISTOIRE INTELLECTUELLE

• Droit : un pôle d’excellence

• Théologie, controverses  et intolérance

  • Protestantisme et répression  (XVI^e)
  • Thomisme et molinisme
  • Dominicains et thomisme battus en brèche (XVII^e)
  • Soutenances de thèses et querelles doctrinales au XVIII^e siècle

• La faculté des arts : docimologie et histoire des idées

  • Maîtrise ès arts : un programme hybride pour auditoire mixte : entre physique et métaphysique
  • XVII^e siècle : l’exclusivité aristotélicienne
  • Première moitié du XVIII^e siècle : une évolution épistémologique manifeste
  • L’après-jésuites: des combats retardateurs

• Médecine : vieilles lunes et quelques lumières

  • L’ancien paradigme : Augier Ferrier, médecin et astrologue
  • La chaire ostracisée de chirurgie et pharmacie
  • Francisco Sanchez le sceptique
  • François Bayle, un précurseur éconduit par deux fois
  • La faculté au XVIII^e siècle : ombres et Lumières

 

Partie III.  LES POPULATIONS ÉTUDIANTES : ÉTUDE QUANTITATIVE ET GEOGRAPHIE

Des effectifs surestimés

• Approche statistique des effectifs gradués au XVIe siècle

• Conjoncture des juristes aux XVII^e et XVIII^e siècles

• La conjoncture théologienne : miroir de la réforme catholique ?

• Conjoncture en médecine

  • Un recrutement modeste
  • L’embellie des Lumières, malgré Montpellier
  • Formation et graduations

• Le poids global de l’université de Toulouse 

Géographie du recrutement étudiant

• XVIe siècle
  

• Avant les réformes de Louis XIV, un rayonnement encore lointain

  • Attraction globale de l’université
  • Géographie des effectifs juridiques
  • L’attraction de la faculté de théologie au « Siècle des saints »

• Géographie des effectifs des réformes de Louis XIV à la Révolution

  • Panorama des sources sérielles
  • L’aire majeure des effectifs juridiques
  • Rétrécissement général du bassin de recrutement
  • L’attraction de la Faculté de théologie au siècle des Lumières
  • Géographie des maîtres ès arts
  • La faculté de médecine

 

Partie IV : LES ÉTUDES. DIPLÔMES, CURSUS  ET STRATÉGIES ÉTUDIANTES

LES ÉTUDES JURIDIQUES AVANT ET APRÈS LA RÉFORME DE 1679

• L’âge baroque : l’âge d’or du doctorat

• La grande réforme des études de droit (1679) : une réforme dénaturée et ses effets pervers

  • Un beau dispositif : des cursus contrôlés
  • Le bénéfice d’âge ou comment saborder une belle réforme
  • Droit et passe-droits : bénéficiers d’âge et dispensés d’études et d’interstices
  • Diplômes et inachèvement des études
    

 SOCIOLOGIE ÉTUDIANTE

• Les trois fonctions sociales de l’université d’Ancien Régime

• Sociologie des étudiants en droit

  • Un ascenseur social, ou un marqueur d’ascension sociale
  • Marché de l’emploi, débouchés : réfutation de la théorie des intellectuels frustrés
    
  • Chiffres et trompe-l’œil
    
  • Avocats et pseudo-avocats

• Évolution des stratégies clérico-étudiantes : de la méritocratie aux frustrations

  • Sociologie des filières ecclésiastiques
    
  • L’expectative des prêtres gradués et le système bénéficial
    
  • Des cursus à géométrie variable : des prêtres gradués au rabais
    
  • Constituer et financer son quinquennium et son titre clérical
  • Les « intellectuels frustrés » ne sont pas ceux que l’on croit : les prêtres gradués 

 VIE ÉTUDIANTE STUDIEUSE

• Études et diplômes

  • L’année universitaire : un temps d’étude intermittent
  • Les inscriptions trimestrielles
  • Discipline en cours et absentéisme
  • Les graduations
  • Coûts des examens
  • Les placards de thèses
  • Indulgence des examinateurs et taux d’échecs
  • Ambiance studieuse et bibliothèques

• Les étudiants dans la ville

  • Les « nations» étudiantes
  • Des sociétés secrètes mais peu discrètes
  • Port d’armes, violence étudiante et zèle religieux
  • Mœurs estudiantines : « Tumultes et tragédies »
  • Danse, spectacles et jeux

• Les collèges de boursiers : la bourse et la vie

  • Le secours des bourses collégiales : état des lieux
  • Le titre de pauvreté souvent trahi
  • Des abbayes de Thélème (XVI^e– XVII^e siècles)
  • Des pétaudières en plein siècle des Lumières

Partie V. RAYONNEMENT INTERNATIONAL DE L’UNIVERSITÉ

LES UNIVERSITAIRES TOULOUSAINS ET L’ITALIE RENAISSANTE

TOULOUSE UNIVERSITÉ HISPANIQUE

• Une vieille tradition transpyrénéenne

• La « nation espagnole » à Toulouse au XVI^e siècle

• Grand siècle, petite présence hispanique

• XVIII^e siècle : le retour en force des étudiants catalans

PROFESSEURS ÉTRANGERS EN CHAIRE

PROFESSEURS TOULOUSAINS A L’INTERNATIONAL

CONCLUSION DU VOLUME 2

ANNEXES

NOTES

BIBLIOGRAPHIE

• Histoire de l’université et de ses facultés
• Travaux consacrés à des individus, étudiants ou professeurs

CHRONOLOGIE

INDEX