La fondation de l’école
Dès la fin des années 1740, une dizaine d’officiers de la marine se retrouve régulièrement à Brest, pour échanger sur leurs expériences et sur leurs passions pour les sciences et les techniques de la mer (hydrologie, astronomie, construction navale,…). Ils souhaitent alors rédiger un Dictionnaire de la marine et former des jeunes marins. Roullé, le secrétaire d’État à la marine, érige alors une Académie des ports qui s’établit à Brest, en 1752.
À partir de 1771, elle accueille des officiers, des ingénieurs constructeurs, des astronomes, des mathématiciens, des hydrographes, des dessinateurs et des médecins. Sa devise est : Per hanc, Omnibus artes prosunt (grâce à elles, les arts profitent à tous).
Dès 1777, le roi permet à l’académie de diriger l’atelier de fabrication des boussoles du port de Brest, instruments dont la qualité était jusqu’alors négligée. C’est à un élève de Berthoud qu’est donc confiée la direction de l’unité de contrôle et d’entretien des horloges marines en 1786.
L’académie aborde avec ses élèves les sciences de la navigation de façon théorique et pratique en organisant pour eux des voyages, comme celui de la Flore en 1771 et 1772. Lors de ce voyage, les élèves testent des instruments et diverses méthodes pour déterminer la longitude. L’académie diffuse également ses connaissances à des savants comme Bougainville, Borda, Kerguelen.
L’organisation de l’école
L’école était dirigée par un capitaine de vaisseau qui avait sous ses ordres différentes catégories de personnel :
– Des militaires : un capitaine de frégate, un commandant en second, cinq lieutenants de vaisseau, un chirurgien-major, et un équipage composé de sous-officier marins et soldats, dont le nombre sera fixé d’après les besoins du service.
– Un religieux : un aumônier catholique,
– Un commis d’administration
– Des enseignants : deux professeurs de navigation, un professeur d’hydrographie et de géométrie descriptive, un professeur de mécanique et de physique générale, un professeur de belles-lettres, histoire et morale, un professeur de langue anglaise, un professeur de dessin
Le commandant avait autorité sur toutes les personnes attachées à l’établissement et il surveillait toutes les parties de service de l’administration. Il devait surveiller continuellement les officiers, les professeurs, le chef d’escouade, les sous-officiers et les élèves.
La gestion de l’établissement est placée sous la surveillance du préfet maritime, lequel donnait tous les ordres relatifs à la bonne marche de l’établissement. Avec le major-général, ils inspectent l’établissement plusieurs fois par an (tous les mois pour le major-général et tous les trois mois pour le préfet maritime). Un conseil d’instruction est formé pour améliorer les études et le régime administratif. Ce conseil est composé du commandant de l’École, du président, du commandant en second, de deux lieutenants de vaisseau de l’état-major, et de l’un des professeurs.
L’emploi du temps se décompose comme suit :
Un examen est prévu chaque samedi, mais il a été décidé qu’un garde ne pouvait avancer en grade que s’il connaissait par cœur le cours de mathématiques de Bezart. Cependant les campagnes peuvent à tout moment changer la routine de l’examen du samedi matin.
L’admission à l’école
L’accès se fait par des concours publics organisés chaque année. Un prospectus publié par le ministère de la marine indiquant l’âge requis, les formalités d’inscriptions, ainsi que les pièces à fournir par la famille était publiés en janvier de chaque année. Pour ces concours, les élèves devaient justifier d’un très bon niveau d’arithmétique, d’algèbre, de géométrie…mais également de français, de latin et de dessin.
Les candidats admissibles étaient choisis par un jury réuni à Paris, présidé par un officier-général de la marine. Les familles recevaient une lettre de nomination d’élève à l’École navale, du ministre de la marine.
L’enseignement
À l’École Navale, les élèves suivent différents enseignements. La navigation est l’un des plus importants car les futurs marins apprennent les notions fondamentales de l’astronomie, du pilotage, de la description et de l’usage des instruments utilisés pour l’observation en mer, et de l’astronomie mécanique. Avec l’hydrographie, les élèves suivent un enseignement pour les levers sous voiles, pour la détermination des sondes, pour la construction des cartes marines, géographiques, topographiques. Ils apprennent également la géométrie descriptive avec ses applications à l’architecture navale et aux machines employées sur les vaisseaux et dans les ports. La physique générale est aussi enseignée par les éléments de la dynamique et de l’hydrostatique, les théories de la chaleur, des gaz, de la vapeur, l’électricité, le magnétisme terrestre, les lois principales de la lumière, la météorologie. L’École navale, en plus des enseignements pratiques en rapport avec la marine, enseigne la grammaire générale, les belles-lettres, la morale, l’histoire moderne, la langue anglaise, le dessin pittoresque et linéaire, les manœuvres des vaisseaux, la tactique navale, la théorie et l’exercice du canon et du fusil. Les exercices de manœuvres ont lieu sur une corvette de guerre affectée à l’École.
Pendant leur séjour à bord du vaisseau, les élèves jouissent d’une rente de 1 franc par jour. La durée des cours d’études et des exercices pratiques de l’École Navale va du 15 novembre au 15 septembre de l’année suivante précédant l’examen de sortie.
Les examens
Tous les mois, les élèves doivent passer un examen. Il a lieu devant le conseil d’instruction et chaque professeur est appelé à poser les questions relatives à son cours. Durant cet examen, les élèves sont interrogés sur tous les enseignements suivis. Le jury comprend le major-général de la marine, deux capitaines de vaisseau, un officier supérieur d’artillerie de la marine, un ingénieur des constructions navales et l’examinateur des élèves de la marine royale. Ce dernier pose les questions de théorie et possède une voix délibérative. Tous les membres de cette commission sont nommés par le ministre d’après la proposition du préfet maritime.
Statut et uniforme
Les élèves qui réussissent le concours avaient le titre d’Élève de la marine de 2e classe. Ils réalisent par la suite 20 mois de navigation sur les bâtiments de l’État (comprenant les séjours faits avec l’école). Ils sont ensuite nommés élèves de 1re classe et inscrits sur la liste générale de la marine. Cela implique qu’ils effectuent en plus 48 mois de navigation. Selon leur comportement, ils peuvent obtenir le titre d’enseigne de vaisseau.
Les élèves qui n’ont pas réussi le concours ou bien qui n’ont pas eu une bonne conduite durant leur séjour à l’École Navale, sont renvoyés et remis à leur famille.
L’uniforme des élèves de l’École Navale était bleu foncé : à la mer ils portaient toujours l’habit-veste, le pantalon et le chapeau à la matelote, et un sabre. Dans le port ils portaient un habit long en drap bleu, revers, collet et parements de même couleur, le chapeau monté et l’épée d’officier. Les élèves de 2e classe étaient distingués par une aiguillette mélangée d’or et de soie bleue, qu’ils portaient sur l’épaule droite, et ceux de 1ère par une aiguillette en or. Les professeurs et autres officiers de l’École portaient l’aiguillette avec l’uniforme de leur grade.
En savoir plus : historique de l’école navale.