- Géolocalisation et climat de la baie.
La baie d’Hudson se situe au Nord-Est de l’Amérique du Nord, au Canada, dans la zone du bouclier canadien. Le climat y est subarctique. Les terres situées au Nord de la baie forment une sorte de toundra appelées les « Barrens Grounds » traditionnellement peuplées par les Inuits tandis que celles du Sud sont constituées de taïga ou forêt boréale et sont peuplées par les indiens (Cree et Chipewyan notamment). Le fort Prince of Wales se situe au niveau de transition entre ces deux climats profitant ainsi d’une position avantageuse dans le commerce de fourrure. Fort York se trouve plus au Sud entre la rivière Nelson et la rivière Hayes. La faune de la baie d’Hudson est le facteur de l’implantation de la Hudson’s Bay Company qui fait le commerce de ces fourrures. Trois zones se démarquent, la forêt boréale, la savane subarctique et la toundra toutes caractérisées par des espèces animales particulières. Lapérouse arrive en vue de la baie d’Hudson le 18 juillet. Le détroit n’est jamais entièrement libre des glaces. Au XVIIIe siècle, le détroit n’est praticable que durant une courte période de mi-juillet à la fin septembre.
- Naviguer dans la baie.
Après un retard d’un an sur le départ initialement prévu, Lapérouse appareilla du cap Français en Haïti le 13 mai 1782 et arriva en baie d’Hudson le 18 juillet mais ne trouva un passage que le 5 août. En effet, pénétrer la baie n’est pas chose aisée, le détroit n’est praticable que durant une courte période de l’année en raison des glaces. Il faut attendre les environs du 20 juillet pour pouvoir s’engager. Lapérouse et ses hommes étaient habitués à naviguer dans des eaux chaudes. L’expérience faisait défaut aux marins ainsi qu’aux officiers qui disposaient en tout et pour tout de seulement deux livres anglais écrits par Ellis, dont ils tiraient des informations quant à l’emplacement des principaux caps, des recommandations et de nombreux relevés mais aussi de quelques cartes anciennes, peu fiables, comme la carte de Bellin. Les cartes françaises avaient déjà près d’un siècle. Les informations changent d’un document à l’autre ce qui rend difficile à Lapérouse de se positionner correctement. De plus, les instruments de mesure à bord sont imprécis comme la boussole dont la variation est très importante du fait du rapprochement du pôle Nord. Entre les mesures effectuées et les estimations faites, la marge est souvent trop importante. Pire encore, le vaisseau et les deux frégates, dont dispose Lapérouse, arrivent à des relevés très différents les uns des autres.
Régulièrement les équipages sondent les fonds marins afin de déterminer à la fois la profondeur des eaux, mais également le tapis marin de l’endroit. La première information est vitale si l’on ne veut pas échouer les navires. Ceux-ci ont effectivement de forts tirant-d’eau, notamment le Sceptre. La profondeur permet également, en plus de la longitude et de la latitude, de se repérer grâce aux informations relatives qu’apportent les récits d’Ellis. Cette deuxième fonction de la sonde a elle aussi une grande importance : enduite au préalable de suif, elle permet de déterminer, par exemple, si le fond marin est constitué de roche ou de sable.
Les glaces forment le principal obstacle à l’avancée de la mission : Lapérouse et ses compagnons sont constamment à la recherche d’eaux libres. À plusieurs reprises, les équipages ont dut manœuvrer dans l’urgence au risque de rencontrer un iceberg masqué par le brouillard qui se serait avéré fatal pour les navires. Les marins vont jusqu’à préférer une légère collision entre bâtiments. Lapérouse, La Jaille, et de Langle naviguent rapprochés les uns des autres afin qu’aucun navire ne se perde dans les brumes. Les impacts réguliers des glaces flottantes créent des avaries et obligent l’examen régulier de la coque ainsi que sa réparation.