Le journal de bord n’est pas le seul type de documents qui relate l’expédition. En effet, Lapérouse écrit aussi une lettre au Ministre de la Marine a chaque fois qu’il se prépare a appareiller. La dernière est datée du 7 février 1788, avant d’appareiller pour la nouvelle Calédonie. De plus, entre 1783 et 1788, les deux principaux destinataires des lettres de Lapérouse sont sa femme Eléonore, ainsi que le Marquis de Castries, ministre de la marine. Mais les correspondances avec sa femme sont plus difficiles à consulter, car elles sont d’ordre privé, contrairement aux correspondances officielles qui sont d’ordre public. De plus, les listes et les inventaires sont une source de premier choix puisqu’ils sont les premiers points de la préparation de l’expédition. En effet, ces documents présentent l’équipage, la quantité et les types de vivre présents à bord, ainsi que la dotation des navires en matériels scientifiques. La mise à jour de ces listes est faite tous les huit jours par l’écrivain de bord, qui est aussi chargé de tous les inventaires.
L’organisation d’une expédition maritime est très complexe, et nécessite beaucoup de correspondances. C’est ainsi que l’on compte 79 lettres échangées entre le 6 mars et le 13 août 1785. Parmi ces lettres, trente-deux proviennent du ministre de la marine De Castries. Elles sont envoyées depuis Rochefort, Brest ou encore Versailles. Cependant, on apprend que la transmission du courrier est longue et qu’elle a un poids dans la préparation de l’expédition. En effet, il faut en moyenne neuf jours pour que les informations soient transmises entre Brest et Paris, et sept jours entre Rochefort et Paris. D’autres écrits faisant référence à la préparation du voyage ont été retrouvés , comme les instructions personnelles du roi Louis XVI. Ce document est très important, car c’est le premier projet qui a été rédigé par le directeur des ports et arsenaux de la Marine, Pierre Claret de Fleurieu. Dans ces instructions, le Roi a rajouté des annotations qui montrent qu’il porte intérêt aux découvertes océaniques mais également à l’équipage et aux populations avec qui ils rentreront en contact. Ceci montre une nouvelle organisation structurée, et un professionnalisme dans la marine.
Grâce aux différentes sources, on sait comment la poste maritime s’est développée aux XVIII° et XIX° siècles. Avant 1783, lettres et paquets traversent les mers sur les navires marchands sans organisation réelle, ni réglementation, ni régularité. Les capitaines des navires marchands avaient pour obligation de « router » lettres et paquets gratuitement jusqu’à leur port de destination. Avec l’amélioration de l’organisation des transports maritimes, le courrier gagne en régularité. Dans le cas de Lapérouse, il existe d’autres manières de transporter les écrits,comme lorsque par exemple des membres de l’expédition sont débarqués, ou encore lorsque Lapérouse remet directement les mémoires entre les mains de capitaine de la marine anglaise.