Les Français arrivent sur l’île en 1640 sous le règne de Louis XIII et lui donnent le nom d’Ile Bourbon. Elle devait alors servir d’escale vers la conquête de Madagascar. La Compagnie des Indes se devait de mettre en valeur l’Ile Bourbon grâce aux plantations de café. C’est à l’arrivée des premiers colons, en 1665, que la société bourbonnaise se met en place. L’historien Prosper Eve divise cette société en plusieurs groupes : on trouve tout d’abord des élites économiques et administratives, puis des gros propriétaires d’esclaves, des propriétaires moyens et membres des professions libérales, puis des petits propriétaires et des affranchis, et enfin des esclaves[1].
Une vingtaine de colons, les premiers, sont dirigés par un membre de la Compagnie des Indes Orientales, Etienne Regnault. Les colons, sans tenir compte de leur profession d’origine, reçoivent tout d’abord des exploitations sans contrat et sont considérés comme des employés de la Compagnie. Cela continue au début du XVIIIe siècle mais l’inquiétude vient du fait que ceux qui reçoivent ces exploitations peuvent à tout moment être expulsés et ne peuvent transmettre ces terres par hérédité. En 1703, ils sont obligés à un minimum d’élevage et contraints de payer une redevance pour leur concession, et ils produisent dans un but d’autosubsistance[2]. Dans les années qui suivent, plus de 200 français arrivent sur l’île et, plus tard, des Françaises venues de l’Hôpital de la Salpêtrière à Paris. Des jeunes filles venues d’Inde s’y installent s’y installent également, se font épouser et ont des enfants. En 1704, l’Ile Bourbon est peuplée de 734 habitants, dont 423 Français, 311 esclaves et des domestiques noirs. De nombreux esclaves arrivent de Madagascar et de l’Afrique orientale, afin de pouvoir cultiver le café mais aussi des épices. Cela permet ainsi de continuer l’expansion économique de l’île. En 1711 est créé « un conseil provincial composé des directeurs généraux de la Compagnie des Indes, du gouverneur, de marchands, d’habitants et de prêtres, qui en furent toutefois exclus en 1723 »[3]. En 1732, on compte plus de 8000 habitants, dont 6000 esclaves noirs. En 1765, ils sont 15 000 de plus, pour 25 000 habitants au total.
Pour des besoins de communication entre maitres et esclaves se développe la langue créole. Les colons parlent parfois mal le français et c’est sur celui-ci que le créole se base. La langue créole, qui varie selon les colonies, naît du contact de populations d’origines diverses présentes sur l’ile[4]. Au départ le terme « créole » désigne une population dont les parents sont nés à l’extérieur de l’ile et, bien vite, il devient aussi une langue.
Avant la Révolution Française, la religion, c’est-à-dire le catholicisme, doit être la même pour tous les habitants, esclaves inclus. Néanmoins, cela n’empêche pas des réformés de venir s’installer dans la colonie[5]. En 1789, on compte peu de prêtres : seulement onze, qui ne perçoivent pas la dîme et peuvent être expulsés s’ils contestent le régime en place[6].
Parmi le reste de la société bourbonnaise, on trouve également des nobles, présents sur l’ile dans le but de faire fortune, et qui se trouvent être aussi bien ceux qui ont servi dans l’armée royale, qui se sont mis au service de la Compagnie des Indes, que des nobles dont l’anoblissement n’est que récent. Ils ont eux-mêmes des concessions cédées par la Compagnie, mais aussi des dots de leurs épouses. Ils possèdent des esclaves qu’ils font travailler dans des cotonneries, la soie et divers milieux agricoles. La plupart des nobles n’ont pas d’habitat particulièrement fastueux et ne perçoivent aucuns droits seigneuriaux, mais paient le cens[7].
[1] Site du Centre de Recherches sur les Sociétés de l’Océan Indien : http://www.cresoi.fr/IMG/pdf/societe_bourbonnaise.pdf
[2] Ibid.
[3] G. AZEMA, Histoire de l’île Bourbon depuis 1643 jusqu’au 20 décembre 1848, Paris, Plon, 1862, 360 p., p. 25
[4] Site de la Sorbonne : http://www.paris-sorbonne.fr/IMG/pdf/Les_langues_creoles-relu_corrige_17_5.pdf
[5] Ibid.
[6] Site du Centre de Recherches sur les Sociétés de l’Océan Indien : http://www.cresoi.fr/IMG/pdf/societe_bourbonnaise.pdf
[7] Ibid.