L’île de France

L’île étant abandonnée par les Hollandais, la France prend possession de l’Ile de France en 1715 par Guillaume Dufresne d’Arsel car cette dernière se trouve sur la route des Indes.

Au XVIIIe siècle, certaines îles et les ports qu’elles contiennent sont aménagés afin que les vaisseaux puissent s’y installer lorsqu’ils sont en relâche et cela en toute sécurité. Ces ports permettent également d’accueillir les navigateurs. C’est le cas par exemple de Port-Louis, principal port de l’Ile de France, que la France entreprend d’aménager à partir de 1721.

Le site est renommé Port Louis au moment où la colonisation française débute, peut-être d’après le roi Louis XV ou d’après Port Louis en Bretagne. Le premier gouverneur de l’île est Nicolas de Maupin, en 1729. Le manioc, qui est amené d’Amérique à l’Ile de France est diffusé dans les Mascareignes, et cela à partir du jardin de Pamplemousse crée la même année sur l’Ile de France[1].

C’est à cette époque-là que Port Louis devient la capitale de l’Ile de France et son principal port. En 1732, afin de participer à la construction du port et à la fortification de la ville, la Compagnie des Indes envoie l’ingénieur Cossigny à Port Louis. Prolifération de rats et d’ouragans rendent difficiles l’exploitation agricole, tandis que la compagnie des Indes cherche à se servir de l’ile comme point de relâche et de ravitaillement sur la route des Indes. L’Ile de France subit de véritables difficultés d’autosuffisance et la gérance de l’ile devient de plus en plus difficile[2].

En 1735, le gouverneur Bertrand François Mahé de La Bourdonnais (1699-1753) tâche d’entreprendre des grands travaux de construction : sont bâtis une rade permettant aux bateaux d’accoster en toute sécurité et qui est dotée d’un équipement important, mais aussi un centre de construction de navires[3]. On y trouve également divers édifices tels qu’un hôpital afin de soigner les malades du scorbut qui accostent, un arsenal, une armurerie, des greniers. On y construit également un aqueduc afin de recevoir l’eau potable, et enfin un Hôtel du Gouvernement, siège du conseil supérieur de l’île. La présence de nombreux esclaves venus d’Afrique, mais aussi d’artisans de Madras, en Inde, permet par le travail de ces derniers la construction de tous ces bâtiments à Port Louis[4]. Le chantier naval, qui sert au départ à réparer les navires, produit des navires et des armes, permettant ainsi à la marine coloniale de prendre part à diverses expéditions militaires dans l’Océan Indien, décisives pour la prospérité de l’établissement français. Mahé de Labourdonnais développe grandement la ville en encourageant les entreprises agricoles, tout en cédant des concessions à de nouveaux immigrants. Ces derniers arrivent pour certains en 1735 avec lui et sont principalement des artisans, puis plus tard des familles bretonnes et normandes, des travailleurs de l’Ile Bourbon, ainsi que des Indiens artisans[5].

Grâce à l’intendant royal Pierre Poivre, la ville s’agrandit et sort de l’état dans lequel elle se trouvait à la fin de l’administration par la Compagnie des Indes, qui fait faillite, avant de passer sous tutelle royale de 1767 à 1790 : délabrement des bâtiments, épaves de navires échoués à cause de cyclones, notamment. Port-Louis devient alors un repaire corsaire, dont le roi utilise les services pour attaquer les navires anglais et s’emparer de leur cargaison[6]. Au départ de Pierre Poivre, en 1772, un ingénieur naval, le Chevalier de Tromelin, agrandit lui aussi le port.[7]


[1] J. BERSANI, L. LECOMTE, H. SCHWEIZER, M. LARDY, Le Grand Atlas Universalis des explorations, Paris, EncyclopediaeUniversalis France, 1991, 339 p.

[2] D. AUZIAS, J.-P. LABOURDETTE, Maurice-Rodrigues 2012, Paris, Le Petit Futé, 2011, p. 75.

[5] D. AUZIAS, J.-P. LABOURDETTE, op. cit., pp. 75-76.

[6] Ibid, p. 77.