Un humanisme qui passionne les navigateurs à sa recherche.
Suite à la disparition de Lapérouse, une certaine fascination semble émerger et s’établir autour de ce personnage admiré. Les navigateurs qui s’intéressent à son voyage s’impliquent personnellement dans des recherches afin de lui rendre hommage en élucidant le mystère qui règne sur la fin tragique de l’expédition.
Durant toute sa vie et particulièrement lors de son dernier voyage, il a su exploiter sa personnalité exceptionnelle afin de surmonter les difficultés. « Lapérouse représente le type le plus accompli du marin du XVIIIe siècle. Excellent navigateur, brillant combattant, chef très humain, esprit ouvert […]. Aussi habile qu’infatigable, aussi aimable que ferme, il savait se faire aimer de tous ».1 C’est ainsi que Etienne Taillemite, historien spécialiste de la marine, décrit le modèle du héros qui passionne de nombreux navigateurs depuis sa disparition. De plus, Lapérouse s’entoure de scientifiques rendant ainsi son voyage unique en son genre, expliquant alors la fascination des chercheurs pour l’expédition disparue.
L’humanisme dont il fit preuve durant son voyage est en réalité la dimension la plus appréciée du héros. Il prit un soin particulier à protéger ses matelots des maladies et autres dangers les guettant au milieu de l’océan. Il préserva aussi la vie des indigènes rencontrés, comme aucuns autres explorateurs avant lui. C’est ainsi que la disparition de l’expédition a mis au jour l’humanisme et l’héroïsme de Lapérouse qui aujourd’hui passionne quiconque s’intéressant au fameux et tragique voyage.
Concevoir le héros dans son siècle.
Il est difficile de concevoir le personnage de Lapérouse comme un héros à part entière. La perception que l’on a de ce dernier a évolué durant les deux siècles qui ont suivi sa disparition. Tout d’abord, il est portant de se questionner sur les origines sociales du marin. Lapérouse était un noble ; ce titre le lie dès lors à la monarchie française, n’oublions pas par ailleurs que le navigateur fut envoyé par Louis XVI. De sa noblesse que retenons nous aujourd’hui au XXe siècle ? La réponse à cette question est simple, rien. En effet, son titre social n’est pas l’élément qui nous permet de rattacher le personnage à l’idée qu’il représente aujourd’hui. Humaniste, explorateur, navigateur, albigeois, c’est en ces termes que nous percevons Lapérouse dans notre siècle. Cette caractéristique se présente sous la même forme au XIXe siècle ; comme nous pouvons le voir dans un recueil de légendes albigeoises, son caractère noble est oublié, Lapérouse est présenté en tant que grand héros populaire baignant dans le mystère de sa disparition, «Son caractère chevaleresque, ses aventures merveilleuses, le doute qui plane encore sur le drame lugubre de sa disparition»2, ce mystère donne de l’envergure au personnage ; un envergure qui est d’autant plus développée par le style romantique de la légende ; Lapérouse, le noble et marin français devient un héros romantique bercé dans la mélancolie littéraire du XIXe siècle.
Cependant, aujourd’hui la dimension médiatique du personnage Lapérouse est limité. Les raisons qui nous poussent à affirmer cela sont dans un premier temps le cours dans lesquel les étudiants développent différents aspect et particularités sur le personnage : TER valorisation du patrimoine ; c’est dans ce terme de «valorisation» que nous percevons la nécessité de donner une impulsion à cet héros. De plus, l’unité d’enseignement est en partenariat avec le musée Lapérouse à Albi ; ce dernier comme le développe amplement un autre dossier ne connaît pas l’ampleur de la cathédrale sainte-Cécile ou du musée Toulouse-Lautrec. Ce manque d’attirance ce traduit certainement à cause d’une méconnaissance du navigateur. Ce dernier n’a pas la popularité de Cook ou de Bougainville, nous remarquons grâce à quelques questionnements et échanges succincts entre étudiants que ce héros albigeois n’est connu que de façon très sommaire. Lapérouse au XXe siècle est donc un personnage populaire mais peut diffusé ; il n’est pas cité dans les manuels scolaires par exemple ; à croire que son rayonnement ne se cantonne qu’à la communauté albigeoise et à la marine. Dans cette dernière, la mémoire du navigateur français n’est pas délaissé, on lui accorde toujours autant d’importance à tel point que chaque année depuis 1945[3], une commémoration est faite à Vanikoro par la marine française sur le lieu du mémorial qui lui a été dédié. Or, ce héros connait une envergure bien plus importante dans d’autres pays.
1 Taillemite E., Galaup, Jean-François de, comte de Lapérouse , dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 1880, consulté le 28 nov. 2013
2 Anonyme, Légende albigeoise, A.Chauvin, Toulouse, 1866, p 73
3 Belmessous Saliha. Le monument Lapérouse à Sydney ou l’histoire d’un mythe colonial franco-australien. In: Outre-mers, tome 93, n°350-351, 1er semestre 2006. Sites et moments de mémoire. pp. 51-68.