JACQUES VERGER ET PATRICE FOISSAC
L’université de Toulouse a pris forme entre 1229 et 1245 et a acquis ses statuts définitifs au début du XIVe siècle. Elle atteignit alors son apogée médiéval ; ses effectifs de maîtres et d’étudiants en faisaient la seconde université française après celle de Paris et son aire de recrutement s’étendait de l’Atlantique à la Méditerranée, du Massif central aux Pyrénées, avec d’importants prolongements dans la péninsule Ibérique. Après 1350, elle entre dans un siècle de difficultés : guerres, épidémies, désordres religieux, mutations politiques, incertitudes morales et intellectuelles. Elle parvient cependant à surmonter, mieux que d’autres, ces crises successives et, dans les années 1470, une importante série de réformes lui permettent de reprendre sa croissance et d’entrer dans une ère nouvelle, celle de l’humanisme et de la Renaissance.
L’université de Toulouse a été l’une des plus anciennes et des plus importantes universités occidentales du Moyen Âge. Elle s’est illustrée en particulier, comme les autres grandes universités du versant méridional de l’Europe, – Bologne, Padoue ou Salamanque, –, par l’excellence de ses enseignements juridiques. Mais elle ne se réduit pas à un modèle préexistant. Elle a été une création originale, qui se distinguait par l’équilibre de ses institutions, l’ampleur de son rayonnement et le dynamisme de ses maîtres – les doctores Tholosani. Tout en préservant son autonomie, elle s’intégrait profondément dans le tissu social et culturel de la ville de Toulouse et de la région toulousaine ; elle est devenue un élément de leur identité même, y fondant, sur des bases historiques solides, une tradition d’enseignement supérieur qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
SOMMAIRE
Avant-propos, Philippe Raimbault, président de l’université fédérale de Toulouse-Midi-Pyrénées
Introduction générale au trois volumes (Caroline Barrera et Patrick Ferté)
Introduction au volume 1
Partie I : Naissance et premier essor de l’université de Toulouse (vers 1230 – vers 1330) – Jacques Verger
- . La fondation et son contexte
- Les antécédents
- Le traité de Paris (1229)
- La mutation décisive
- . Des décennies d’obscure croissance
- La théologie et les arts libéraux en retrait
- L’avènement des doctores Tholosani
- La conquête des privilèges
- . Les grands statuts du début du XIVe siècle (vers 1300 – 1329)
- De l’essor à l’épanouissement
- L’édifice institutionnel
- Entre modèles parisien et bolonais : un système mixte
- La réaction de l’Église
Partie II : Université et société à Toulouse à la fin du Moyen Âge (v. 1330 – v. 1450). Étudiants et professeurs – Jacques Verger
- . Stabilisation institutionnelle
- La création de la faculté de théologie
- Les « petites réformes » des années 1391-1425
- . Une documentation plus riche
- . La population universitaire
- Les effectifs étudiants
- Le groupe des maîtres
- La répartition des professeurs par discipline appelle trois commentaires
- Aux marges de l’université : « suppôts » et protégés
- Le recrutement géographique
- . Diversité et unité
- Clivages et différences
- La question de l’âge
- Clercs et hommes d’Église
- Nobles et non-nobles
- Facteurs d’intégration et identité universitaire
- Un statut privilégié
- Habiter et paraître
- La vie commune
- Clivages et différences
Partie III : La vie quotidienne et les études – Jacques Verger
- Problèmes individuels
- La solitude
- L’argent
- . Des solidarités nouvelles
- L’école
- Parents et commensaux
- . Délinquance et criminalité
- L’affaire Aymery Bérenger
- L’affaire du prieur de Saint-Circq
- . Etudier et enseigner
- Les programmes
- Arts et théologie : le modèle parisien
- Droit civil et droit canonique : la référence italienne
- Les exercices
- Horaires et calendrier
- L’horaire journalier
- Le rythme hebdomadaire
- Le calendrier annuel
- L’accès au livre
- Les bibliothèques individuelles
- Les bibliothèques de couvents et de collèges
- La rareté du livre : problème économique ou blocage culturel ?
- . « Des fleurs magnifiques et des fruits en abondance »
- La culture universitaire
- Une pédagogie répétitive ?
- Un enseignement conformiste ?
- Durée des études et taux de réussite
- . De l’acquisition des savoirs à la consécration du diplôme
- Les sans grades
- Le système des grades
- Maîtres ès-arts et en grammaire
- Bacheliers et licenciés
- La gloire des docteurs
Partie IV : « Le petit monde des collèges » (Patrice Foissac)
- – Naissance et affirmation des collèges séculiers
- Un mouvement tardif mais continu
- Les pionniers
- Collège du pape et fondations cardinalices : une consécration
- La dernière vague
- Petits collèges et fondations incertaines
- Des débuts chaotiques à la fixation d’un « modèle toulousain »
- Disparitions et refondation
- Controverses autour du droit patronal
- Le modèle toulousain
- Vivre et étudier au collège
- Intégrer une communauté et s’y insérer
- La vie quotidienne dans la domus
- L’organisation générale
- Les lieux de vie
- La bibliothèque
- Les espaces périphériques
- Le domaine : une école de gestion ?
- Les temps propres aux collèges
- Collèges et collégiats dans l’université et dans la ville
- Une présence longtemps conflictuelle
- L’apaisement
- Collèges et université
- Études et carrières : la naissance d’une élite ?
- Les exigences statutaires
- La prosopographie des boursiers : l’épreuve des faits
- Un mouvement tardif mais continu
Partie V : L’université entre l’Église, le roi et la ville (Jacques Verger)
- L’autonomie et ses limites
- L’université et l’Eglise
- L’université de Toulouse et la papauté
- Archevêques et chanceliers, conservateurs des privilèges apostoliques et commissaires réformateurs
- Les fidélités toulousaines à l’épreuve du Grand Schisme
- Normalisation « gallicane » et nostalgies ultramontaines
- L’université et le prince
3.1« En notre royale protection et spéciale sauvegarde »
3.2 L’université au temps des Parlements
- L’université et la ville
- Deux corps étrangers ?
- Vers la municipalisation de l’université ?
Conclusion du livre 1, Jacques Verger
Chronologie
Bibliographie
Index