Gestion et éthique

La source des financements est le premier acteur des enjeux éthiques auxquels sont confrontées les ONG. En effet, la présence de firmes transnationales comme partenaires financiers, 4,21% pour le CICR en 2013 d’après le graphique suivant, conduit à une réflexion morale sur les valeurs défendues par les ONG et souvent contournées voire bafouées  par les entreprises. Par exemple, la Croix-Rouge française reçoit des dons de la part de Total, Aviva, EDF, Orange, Société Générale, Mondelez International, Coca-Cola, PSA… De même les Etats financent leurs propres sociétés nationales, créant ainsi une situation délicate lorsqu’un conflit oppose deux Etats et que l’intervention humanitaire doit faire preuve de neutralité, comme dernièrement le conflit russo-ukrainien en Crimée. Les ONG doivent donc prêter une précaution particulière vis-à-vis des Etats afin de préserver leur neutralité.

Sur la base de la somme des dons du CICR pour l’année 2013
https://www.icrc.org/fre/assets/files/annual-report/current/icrc-annual-report-financial-overview-2013-fre.pdf

Afin d’atteindre un idéal de neutralité, les ONG tentent de se prémunir de cette dépendance envers les grandes entreprises et les Etats financeurs essentiellement en diversifiant les sources du financement. La quantité et la complexité des partenariats financiers permettent donc aux ONG de ne pas être « prises en otage » ou manipulées par les bailleurs. La neutralité peut donc, de cette manière, être garantie même si des partenaires financiers sont impliqués.

Les contestations relatives à la neutralité sont justement portées par les donateurs privés désireux de connaître les agissements financiers des ONG bénéficiant de leurs dons. Cependant, il ne s’agit pas pour celles-ci de fournir une transparence financière totale, au risque de faire fuir ces mêmes donateurs. Effectivement, tout l’argent collecté par les ONG ne sert pas exclusivement aux missions sociales : parmi divers postes de dépenses, on relève ainsi qu’une partie est consacrée au marketing. Notons que la Croix-Rouge réservait, en 2013, 88,41% de ses bénéfices aux missions sociales, ce qui représente l’un des meilleurs pourcentages des ONG françaises.

Quant aux placements financiers, ils sont censés rapporter de l’argent mais certaines ONG se retrouvent au centre de la controverse après de mauvais choix d’investissements.

Par exemple, en 2008, Greenpeace a placé des fonds en bourse sur des valeurs monétaires instables mais la crise a participé à la création d’une bulle spéculative et son explosion a entraîné une perte de 3,8 millions de $.

Malgré ces échecs de placements, la spéculation financière est nécessaire pour faire fructifier les fonds et faire fonctionner les ONG dont certaines admettent d’ailleurs avoir recours à des « systèmes de gestion proches de ceux utilisés par les grandes entreprises internationales ». C’est pourquoi, une partie des fonds est réinvestie dans le fonctionnement interne pour permettre un fonctionnement optimal.

Autre objet de contestation, la sous-traitance. Certaines ONG font appel à des prestataires sous-traitants tels qu’ONG Conseil, qui organisent contre rémunération des campagnes de collectes de fonds dans la rue. Le véritable problème se situe cette fois au niveau de la rentabilité de ces campagnes. En moyenne il faut en effet attendre le dixième paiement mensuel des nouveaux donateurs pour que la collecte soit rentabilisée et que les dons soient donc désormais affectés au seul fonctionnement de l’ONG. Ainsi une partie des dons est utilisée dans le remboursement de prestations de services. Un tableau, issu du site internet dONG Conseil, met en avant le coût d’un programme de collecte et le retour sur investissement qui est présenté 5 à 8 ans après l’investissement initial. Ainsi la rentabilité est véritablement conséquente plusieurs années après. Ce délai et cette gestion de l’argent à long terme peut alors faire hésiter les donateurs. C’est ainsi que s’explique une transparence incomplète de la part des ONG.

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