La Croix-Rouge s’adapte à l’évolution de la société du XXe siècle

Une diversification des formations proposées
Élèves infirmières pilotes secouriste formées par la Croix-Rouge en 1934

En 1923, les infirmières formées peuvent participer à la défense aérienne. Ce qui amène la SSBM, l’ADF, et l’UDF, à créer la Fédération de l’air : c’est à dire des infirmières-pilotes et convoyeuses.

L’ADF organise des cours spécifiques pour les infirmières convoyeuses en avion sanitaire. Suite à cette formation, les infirmières pilotes/parachutistes et secouristes de l’air (IPSA) existent pour la première fois en 1936, mais le diplôme de spécialisation aéronautique pour les infirmières diplômées d’État qui appartient à l’association n’est créé qu’en 1940.

Plus tard, en 1971, un nouveau programme de formation de sécurité aéronautique et au sauvetage se développe avec Air France qui a pour but la préparation du personnel à l’examen de l’école nationale d’aviation civile.

L’UFF met en place en 1937, la section d’automobilistes-convoyeuses qui, en cas de catastrophe, est mobilisée. Ce n’est qu’en 1939 que la formation se développe pour le transport en ambulance des blessés et malades au sein de l’UFF, de l’ADF et aussi de la SSBM.

Bien plus tard en 1970 alors que le danger se trouve de plus en plus sur les routes, l’État promulgue la loi du 10 janvier de la même année instaurant une réglementation afin d’organiser le métier d’ambulancier. Suite à cette la Croix-Rouge à ouvrir un premier centre d’enseignement dans la ville de Toulouse.

À partir de 1938, la spécialisation des visiteuses d’hygiène sociale mais elle est remplacée par celle d’assistant(e) de service social dont le brevet de capacité professionnelle est créé 6 ans plus tard. Alors que les effets de l’anesthésie sont connus depuis 1844, ce n’est qu’en 1940 que l’enseignement pour être infirmière-anesthésiste est créé par la Croix-rouge, donnant accès à un certificat. Dans les métiers de puériculture, un diplôme d’État voit le jour en 1947. La Croix-Rouge française dispense déjà une formation dans ce domaine depuis 1943 proposant des certificats d’aide maternelle et d’aide puéricultrice. Mais pour rester en conformité avec le programme officiel de 1947, elle le modifie en certificat d’auxiliaire de puériculture.

Dans le domaine sanitaire, la Croix-Rouge crée une nouvelle formation en 1949 qui est proposée à tout le monde et est dispensée par des infirmières ainsi que par des assistantes sociales. Puis en 1954, apparaît la formation d’auxiliaires sanitaires destinée à aider le personnel du service de santé de l’armée en cas de guerre. Afin d’étendre son action, la Croix-Rouge lance en 1956 un programme d’aide à domicile qui privilégie les zones rurales. En 1966, à l’école d’infirmières de la Croix-Rouge de Marseille, une nouvelle spécialisation est proposée aux élèves : infirmière de bloc opératoire, mais ce n’est qu’en 1971 que l’État propose un certificat d’aptitude. À peine un an plus tard, le 1er octobre 1957, le brevet de sauveteur de la protection civile remplace deux anciens brevets : celui de brancardier-secouriste (1952) et celui de sauveteur-spécialiste (1947).

Toujours dans le but d’aider le plus grand nombre, à la fin de ce mois d’octobre 1957, la Croix-Rouge s’étend au monde du travail grâce à son programme de secours dans les usines pour les ouvriers, ce qui entraîne en 1964, un nouveau brevet national, celui de moniteur de secourismes et deux ans plus tard (1966), celui de secouriste. Dès 1977, le brevet national de secouriste s’étend aux jeunes de l’âge de 12 ans minimum, pour l’apprentissage des gestes des premiers secours et en 1991, ce brevet devient l’attestation de formation aux premiers secours (AFPS). Encore aujourd’hui dans les collèges, ce brevet est proposé aux élèves afin d’apprendre les gestes qui sauvent.1 En 1995, un brevet européen des premiers secours se développe. Puis en 2003, la Croix-Rouge participe à la Journée d’Appel pour la Défense afin d’initier les jeunes entre 16 et 18 ans aux premiers secours. La dernière formation mise en place par la Croix-Rouge remonte à 2011 avec la formation de formateurs au sauvetage secourisme au travail (SST). Cette dernière est prise en charge par la caisse d’assurance et de sécurité sociale.

Cela fait à présent 150 ans que la Croix-Rouge opère et est présente dans plusieurs pays du monde, avec près de 50 000 bénévoles en France. Les formations de la Croix-Rouge se renouvellent au fils du temps afin d’aider le plus grand nombre de personnes dans le monde.


Un enseignement ouvert à tous

À l’origine, les enseignements des écoles de la Croix-Rouge sont destinées aux femmes venant de milieux aisés qui sont volontaires pour soigner les blessés de guerre. Le docteur Duchaussoy, qui a pu constater les problèmes de formation des bénévoles, a fondé la première école laïque et gratuite en avril 1877. Les deux autres associations : L’UFF et la SSBM font de même. Très vite, en juin 1893, en parallèle de la mise en place du concours de l’armée, naît la formation de brancardier de l’ADF dans les lycées des garçons à Paris et à Versailles. Puis en 1902, dans les lycées des filles de ces mêmes villes, c’est au tour de la formation de premiers soins destinés aux blessés. 

Au sein même de la Croix-rouge et ce depuis ses premières formations, les personnes formées ont eu la possibilité au fils des années de se spécialiser avec les nouvelles formations qui sont apparues pour accroître leurs connaissances. La possibilité d’évolution professionnelle a aussi fait son apparition avec les formations d’infirmières-cadres grâce à l’évolution des métiers mais aussi grâce à l’évolution des mentalités en France notamment avec la reconnaissance du travail des femmes par l’État. Aujourd’hui, les formations de la Croix-rouge sont multiples et elles ont un coût minime qui a pour but de financer le matériel pédagogique, la formation des formateurs bénévoles et la mise en place de projets spécifiques de formations.

La Croix-rouge a aidé et formé plusieurs générations d’hommes et de femmes, autant les jeunes que les plus vieux, qu’ils vivent modestement ou bien plus aisément. Encore aujourd’hui, il est possible d’être former que l’on soit un professionnel ou bien un particulier, sans distinction de sexe, de nationalité ou de religion.

Voiture ambulancières
Ambulancière de la Croix-Rouge examinant son véhicule (1914 – 18)

Il est important de souligner que ces formations ont constitué pour les femmes une avancée féministe indéniable en contribuant à les former, à les doter de diplômes et à leur permettre de gagner leur vie. Cette évolution s’inscrit dans l’accroissement général du niveau d’éducation des femmes depuis l’époque moderne et surtout depuis les lois du XIXe siècle qui peu à peu soustraient les femmes à l’enseignement de l’Église. Les lois Jules Ferry (1881-1882) rendent ainsi l’école primaire publique, gratuite et obligatoire pour tous les enfants de 6 à 13 ans avec un programme scolaire mixte. Tandis qu’au lycée et ce jusqu’en 1925, les filles reçoivent un enseignement différent des garçons. Le programme des lycéennes ne leur permet pas de passer le baccalauréat mais d’obtenir un diplôme de fin d’étude. En effet il inculque simplement les bases du calcul, de l’écriture et de la lecture. Cette modification du programme éducatif a alors pour conséquence de retarder leur entrée dans la vie active.

La crainte d’un conflit franco-allemand crée un besoin en personnels formés, ce qui pousse à l’ouverture de nombreuses écoles de la Croix-Rouge. Ainsi, la demande de femmes formées aux soins médicaux, avant mais également après le conflit, s’accentue avec la Première Guerre mondiale. La reconnaissance par l’État du diplôme d’infirmière en 1922 évoqué plus haut, permet  à ces jeunes femmes d’accéder à plus d’indépendance au sein de la société française. Le décret Léon Bérard de 1924, confère la possibilité d’un enseignement facultatif destiné aux filles, leur permettant alors d’arriver au baccalauréat dans les mêmes conditions que les garçons. Cela donne la possibilité à la Croix-Rouge française, de créer des diplômes divers et variés tout au long du XXe siècle afin de former au mieux les femmes, ce qui leur apporte petit à petit une véritable place au cœur de la société française.

La Croix-Rouge française et ses écoles ont donc été actrices des mutations de la société française grâce à amélioration de la condition féminine qu’elles ont apporté tout au long du XXe siècle.

Les réformes médicales: une nouvelle façon d’envisager l’enseignement des soins médicaux

Les écoles de la Croix-Rouge ont subi au cours du dernier siècle de nombreuses adaptations. C’est ainsi que le personnel médical formé par ces écoles a dès la Première Guerre mondiale sut s’adapter. En effet durant ce conflit la Croix-Rouge s’est doté de formations permettant d’utiliser le matériel de pointe et les nouvelles techniques médicales comme par exemple la manipulation de la radiographie, la stérilisation des instruments médicaux ou la rééducation.

Depuis la révolution pasteurienne et sa nouvelle approche de la maladie, le personnel médical formé est devenu essentiel au bon fonctionnement de l’hôpital. Suite à la Première Guerre mondiale s’opère un changement dans l’approche du corps du malade. En effet, le personnel soignant a une conscience accrue du danger que représente l’infection. Pour lutter contre cela, les soins sont appris dans les écoles de manière chronologique et répétitive permettant au corps soignant d’uniformiser les soins et de mettre à distance le patient. Ainsi on passe du « prendre soin » à « faire des soins ».

Suite à la Seconde Guerre mondiale le Conseil national de la Résistance annonce la création de la Sécurité sociale pour assurer à tous les citoyens le même accès aux soins. Pierre Laroque est chargé d’élaborer cette création. Pour cela il s’inspire du modèle allemand de Bismarck, qui repose sur l’assurance professionnelle et le modèle anglais issu du rapport Beveridge de 1942 basé sur l’unité de gestion, l’universalité des bénéficiaires et l’uniformité des prestations. Ainsi le 4 octobre 1945 le texte fondateur de la sécurité sociale est adopté par le gouvernement français. À la suite de cela, Ambroise Croizat ministre du Travail et de la Sécurité sociale met en place l’organisme administratif du système.

Ce nouveau régime prend en charge tous les risques liés à la santé que ce soit la maladie, les invalidités, la vieillesse, les décès et les accidents du travail. Il renforce le besoin de personnel médical en France, et ainsi l’importance de la présence des écoles de la Croix-Rouge et de leur capacité de proposer des formations adaptées aux besoins de santé. C’est ainsi que dans les années 60 les formations subissent une réforme de leur composition et de leur durée. Désormais elles se déroulent sur deux ans. La première année est un tronc commun réunissant les élèves infirmières et les assistantes sociales, la spécialisation n’intervient qu’en seconde année.

En 1978, la profession médicale donne une nouvelle définition au métier d’infirmière en leur reconnaissant un rôle propre, indépendant de celui des médecins. Déjà en 1975 un diplôme de cadre-infirmier est crée mettant là aussi en avant le rôle des infirmiers dans le corps médical en ôtant aux médecins leur dominance sur les infirmières.

Les écoles de la Croix-Rouge ont alors grandement participé à l’amélioration du milieu médical et ont été également un atout majeur pour la France durant les deux guerres mondiales.