A partir de 1919 avec la création de la Société des Nations qui représente la première grande organisation internationale, un nouvel ordre mondial apparaît. Cette dernière veut créer un monde en paix pour éviter une nouvelle guerre. Pour cela, elle fait appel aux ancêtres des actuelles ONG pour tenter de répondre aux urgences, qu’elles soient économiques, humanitaires, politiques et sociales. C’est le début de la relation entre OI et ONG. Cette relation sera plus ou moins tumultueuse mais aura représentée un véritable rempart contre la guerre. Cela est particulièrement renforcé dès 1945, avec la création de l’Organisation des Nations Unies, qui remplace la Société des Nations. En effet, cette dernière va donner un statut et une identité à ces organisations dites « de soutien » jusque là, ce qui va les rendre plus puissantes et plus aptes à contrer les diverses crises de la seconde moitié du XXe siècle, et qui expliquera pourquoi elles existent encore aujourd’hui.
C’est à partir de la création de la SDN en 1919 que naissent les premiers liens entre OI et ONG avec la création d’organisations de soutien (car les ONG ne portent pas encore le titre d’ « ONG »). En voici quelques exemples.
Ils naissent notamment entre ONG au niveau international pour fonder la SDN avec la League to Enforce Peace aux USA, la League of Nations Union en Angleterre et l’Association française en France. Ils fondent l’Union internationale d’aide à la société des nations. Cela à permis à la SDN de dévoiler une certaine entente cordiale de toutes les nations.
La fondation Rockefeller créée par John Davison Rockefeller et Frederick Gates pour « promouvoir le bien être de l’humanité dans le monde » représente un atout financier et intellectuel crucial pour la SDN.
Le Comité de protection de l’enfance de la SDN qui dura de 1924 à 1927 dévoila les premières tentatives d’une volonté de construction d’une nouvelle vision vis à vis de la protection de l’enfance. Ce comité témoigne des nouveaux enjeux qui apparaissent au début du XXe siècle.
On se rend compte malgré tout que les relations internationales entre ces deux types d’organisations du temps de la SDN étaient plutôt bonnes. On observe en effet une dépendance réciproque entre la SDN et ses futures ONG qui prouve que la SDN n’aurait jamais pu faire face à toutes les difficultés d’après-guerre sans l’aide des futures ONG. Quant à ces dernières, elles n’auraient pu se faire connaître ni se développer sans la SDN. C’est donc en s’unissant que ces deux types d’organisations ont pu répondre aux urgences du monde de l’entre-deux-guerres.
On constate cela très clairement après la Seconde Guerre Mondiale avec la création de l’Organisation des Nations Unies, qui remplace la SDN à partir de 1945. En effet, on décrit ces organisations de soutien comme étant des « organisations non gouvernementales » dans l’article 71 de la Charte des Nations Unies en 1946, ce qui leur attribuent désormais un statut au niveau international et qui accroît leur importance.
Ces deux grands types d’organisations ont désormais de nouveaux problèmes à gérer, qu’ils soient politiques, économiques, écologiques, humanitaires ; mais contrairement aux relations d’antan avec la SDN, les ONG perçoivent mal cette nouvelle organisation qu’est l’ONU, et ces nouvelles relations semblent plus compliquées.
Malgré cela, si l’on s’intéresse à la création de l’Union pour la protection de la nature (aujourd’hui IUCN), on se rend compte qu’elle n’aurait sans doute pas été possible sans l’aide de l’Unesco, c’est à dire l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la culture ; ainsi que celle d’autres petites ONG. Pour traiter des questions environnementales plus efficacement, l’Unesco s’est alliée avec de multiples ONG, et a même permis la création de quelques-unes pour avoir un meilleur impact sur les débats environnementaux et les décisions environnementales de l’époque. Les ONG peuvent ainsi se faire entendre dans les débats internationaux à tout les niveaux et ainsi avoir leurs mots à dire face aux organisations internationales. L’Unesco deviendra ainsi, dix ans après sa création, la plus importante des institutions des Nations Unies coopérant avec les ONG environnementales.
La coopération entre le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’Organisation internationale des réfugiés, le Comité intergouvernemental pour les migrations européennes et les ONG, ont permis une meilleure assistance aux réfugiés des différents conflits d’après-guerre, notamment ceux apparus dans les années 60 pour l’indépendance, ou ceux dus à la Guerre Froide. On retrouve à nouveau cette collaboration entre OI et ONG malgré quelques rivalités qui ont rendu les choses plus délicates et ont parfois rompu la collaboration.
Enfin, la collaboration entre le Conseil de l’Europe, créé à Londres en 1949, et les ONG est un exemple intéressant car c’est la première fois qu’une OI chercha dès le départ à s’associer aux ONG pour ses travaux. En effet, elle leur accorde un statut qui leur permet de participer activement aux chartes, aux conventions et aux accords européens. Elles obtiennent également un statut consultatif et finalement un statut participatif en 2003, ce qui a constitué une première mondiale.
Ainsi, à travers ces multiples exemples, nous pouvons être sûr qu’il y a eu de nombreux cas de collaborations entre OI et ONG sur presque un siècle, qui ont parfois abouti à une certaine complémentarité démontrée par ce lien de dépendance réciproque.