La Croix-Rouge française après la décolonisation

La Guerre du Biafra, naissance de l’humanitaire moderne

Du 6 juillet 1967 au 15 janvier 1970 une région à l’est du Nigeria a décidé de faire sécession et proclame la République du Biafra. Cette volonté d’indépendance a déclenché une guerre civile opposant les forces du Biafra, menées par le colonel Olukwu, aux troupes gouvernementales du Nigeria commandées par le général Gowon.

Ces événements vont attirer l’attention du grand public des pays développés et promouvoir l’action humanitaire des Organisations Non Gouvernementales telles que Médecins sans frontières ou encore la Croix-Rouge Française qui va prendre une importance toute nouvelle sur la scène humanitaire Africaine. Cette action est capitale dans l’histoire de la Croix-Rouge Française : il s’agit en effet de la première véritable opération humanitaire à grande échelle qu’elle a eu à mener dans un contexte postérieur à la décolonisation. Il se trouve que les principales ONG internationales vont intervenir en faveur des populations touchées, et même aller jusqu’à organiser un pont aérien de nuit pour outrepasser le blocus nigérian hermétique aux humanitaires1, vus comme un soutien essentiel aux rebelles.

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Engagement post-décolonisation de la Croix-Rouge française

Les puissances mondiales (Royaume-Uni, États-Unis et URSS) prennent position pour les nigérians, alors que la France, ignorant sa politique de non-ingérence, va pousser les médecins de la Croix-Rouge Française à rejoindre le CICR dans son intervention. L’intervention de la Croix-Rouge au Biafra va donner une nouvelle importance à cette organisation jusque là principalement active auprès des blessés et prisonniers militaires. Cette intervention va montrer au monde l’importance de l’existence d’une organisation indépendante de tout pays et agissant seulement pour le bien des populations civiles. Ainsi la Croix-Rouge va investir un secteur qui monopolisera une grande partie de ses ressources pour la période à venir, l’aide humanitaire. Les actions du CICR portent principalement sur les soins médicaux au populations touchées par la famine ou les combats.

 

Action durant le génocide du Rwanda

 De 1990 à 1994, le Rwanda, pays d’Afrique de l’Est, traverse une période de trouble durant laquelle l’une des deux principales ethnies du pays va massacrer les membres de l’autre. Cette guerre civile qui est en réalité plus un génocide a apporté avec elle un flot continu d’atrocités, de blessés et de morts. Ce genre de situation est assez représentative des interventions humanitaires lors de conflits se déroulant après la fin de la guerre froide.

La Croix-Rouge française ainsi que de nombreuses autres ONG vont bien sûr intervenir durant ces événements afin de venir en aide au populations civiles et parfois également aux militaires. Durant toute la durée du conflit, la Croix-Rouge Française va s’efforcer, sous l’égide du CICR, de faire respecter les conventions de Genève bien qu’elle n’y parvienne pas en général. On peut dire que la position de neutralité de cette ONG est fortement remise en cause pendant et après la guerre par les instances internationales et aussi par le gouvernement post-génocide. En effet, après que le Front Patriotique Rwandais, fondé par Fred RWIGEMA, a repris le contrôle du pays, débute une épuration sauvage contre les militaires Hutu responsables du génocide. Les organisation militaires ou civiles étrangères présentes dans le pays ont pour beaucoup été accusées soit de n’avoir rien fait pour empêcher les massacres soit de les avoir favorisés. Ainsi la Croix-Rouge Française, malgré sont intervention en faveur des civils, va voir sa réputation grandement détériorée au Rwanda. Si bien que fin 1995 le ministre Rwandais de la réhabilitation et de l’intégration Sociale a signifié à un certain nombres d’ONG leur possible expulsion du territoire national : les différentes Croix-Rouge nationales encore présentes sont cités comme menacés d’expulsion1

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Action de la Croix-Rouge nationale du wanda

Le Rwanda va alors favoriser les actions de sa propre Croix-Rouge nationale crée en 1964. Ce conflit met clairement en lumière la difficulté pour une organisation humanitaire nationale d’agir de façon impartiale lors d’un conflit même avec le soutien d’une organisation internationale comme le CICR. Il démontre aussi la méfiance des populations et des dirigeants des pays en crise face à la volonté d’aider de façon « désintéressée » qui semble l’apanage des ONG telle que la Croix-Rouge française.

1 site officiel de la Revue humanitaire