Guerre d’Indochine, premier engagement lors d’un conflit après la Seconde Guerre mondiale
Quand éclate la guerre d’Indochine, la Croix-Rouge française, et le CICR (comité international de la Croix-Rouge), demandent à la France un accès aux prisonniers de guerre dans le cadre de la convention de Genève1. Mais la France refuse, justifiant son opposition en ne reconnaissant pas le statut de soldats à ses prisonniers Viet-Minh, mais celui de simples rebelles. Dans un second temps, cette aide est finalement acceptée par peur de représailles sur les prisonniers français du Viet-Minh. Cependant, l’action de la Croix-Rouge se limitera, selon le souhait de la France, aux prisonniers civils. La France veut en effet garder l’ascendant sur la Croix-Rouge, qui agit dans une certaine désorganisation. Mais c’est tout de même une première victoire pour l’organisation.
La guerre d’Indochine, du fait de la situation internationale, apparaît à la fois comme un conflit de décolonisation mais aussi un des premiers conflits dans un contexte de guerre froide. Dans ce contexte, le CICR tente toujours d’entrer en relation avec la République démocratique du Vietnam en insistant sur sa neutralité et son impartialité. Mais ce sont des termes et une position toujours plus difficiles à faire accepter aux partisans d’Hô Chi Minh. Le CICR n’obtient d’ailleurs pas de réponse. La Croix-Rouge va alors démarcher les puissances voisines, comme l’URSS ou la Chine afin de faire pencher la balance en leur faveur vis-à-vis de la République démocratique du Vietnam.
Cette fois, Genève a réussi. Les relations ont ainsi été maintenues jusqu’aux accords d’armistice. La Croix Rouge va alors remplir un rôle de soutien aux déplacés, qui seront, à l’heure de l’armistice, plus de 800 000 à quitter précipitamment le Nord (communiste) du pays vers le Sud (pro-occidental).
Guerre d’Algérie, un soutien lors d’une décolonisation brutale
La Croix-Rouge française possède un important dispositif sanitaire et social en Algérie, et ce dès les années 1920. Ce dispositif permet de venir en aide aux femmes, aux enfants et aux personnes malades ou dans le besoin, avec la présence de foyers d’hébergement et de centres de santé. Les populations musulmanes, majoritaires en nombre mais très peu alphabétisées, font l’objet d’une attention particulière de la Croix-Rouge française et d’une aide dans leurs démarches administratives et juridiques. Enfin, la Croix-Rouge française effectue des interventions dites « d’urgence », en cas de catastrophe naturelle ou d’événement imprévisible. Elle dispose aussi de plusieurs écoles d’infirmières et d’assistantes sociales qui permettent d’accéder plus facilement aux familles musulmanes. La Croix-Rouge française est aussi très engagée auprès des militaires.
La Croix-Rouge française mène de nombreuses actions auprès des soldats et apparaît comme un soutien auprès des soldats blessés ou dans le besoin. Cette activité sera accrue en 1954, quand de nombreux soldats algériens seront de retour d’Indochine. La Croix-Rouge française met également en place des « Dar El Askri », foyers réservés aux anciens combattants musulmans et à leur famille, qui permettent une aide quotidienne à ces dernières, que ce soit pour les médicaments, la nourriture ou encore les vêtements. Pendant la guerre, les « Dar El Askri » seront toujours aussi fréquentés. La Croix-Rouge française agit, pour les soldats français, comme un soutien moral dans cette mission française dite de « pacification », qui laissera beaucoup de traces. Les soldats trouvent dans des centres aménagés par la Croix-Rouge un lieu de répit. Cette dernière assure aussi la distribution des colis aux soldats. Dans des grandes villes comme Marseille, Lyon ou Paris, la Croix-Rouge française s’occupe de l’accueil des rapatriés.
La fin de la guerre d’Algérie voit la naissance du Croissant-Rouge algérien, qui va travailler en collaboration avec la Croix-Rouge française, cette dernière se recentrant sur l’aide aux ressortissants français encore présents en Algérie. A partir de mai 1962, les établissements de la Croix-Rouge française sont toutefois obligés de fermer, soit pour des raisons de sécurité, soit par décision de l’État Algérien, comme ce fut le cas pour les établissements d’Alger. Le personnel européen mis à la porte sera alors rapatrié.
Le Croissant-Rouge algérien est officiellement créé début 1963, et il sera reconnu par le CICR en juillet 1963. La Croix-Rouge française a alors deux rôles à jouer : assurer l’assistance à la population française encore présente comme nous l’avons souligné précédemment, mais aussi soutenir le nouveau Croissant-Rouge algérien, tout cela en coopérant avec le ministère de la Santé algérien. Les délégations apportent leur aide à ceux qui n’ont pu partir, comme les personnes âgées ou isolées, malades ou sans moyens, et prennent parfois en charge leur rapatriement. Ils sont encore 2000 en 1965.
1grotius.fr : la Croix-Rouge française dans la guerre d’Indochine