Le paradoxe de la Croix-rouge: mener des actions professionnelles avec des bénévoles

 

Des actions professionnelles

La Croix-Rouge est une organisation qui joue un rôle très important dans les catastrophes ou dans les périodes de crise, car elle apporte un renfort à l’État. On peut donc dire qu’elle est en première ligne dans les gestions des crises et dans l’aide aux populations en difficulté. Les actions dont les membres sont en charge nécessitent une grande rigueur et un professionnalisme important. La Croix-Rouge du Tarn intervient dans des domaines comme le secourisme. En effet, celle-ci possède un matériel et un personnel qui lui permettent d’intervenir efficacement et rapidement. Elle mène aussi des actions sociales.Pour cela, les bénévoles distribuent des denrées alimentaires ou encore des vêtements à bas prix dans des magasins affiliés à la Croix-Rouge.

L’association du Tarn peut intervenir à l’extérieur du département et les actions qui y sont menées sont avant tout des aides dans le domaine du secourisme, pour aider les équipes locales, parfois débordées, par une demande trop forte en cas de crise. En effet, en cas de problème tel qu’une catastrophe naturelle, la Croix-Rouge est équipée d’un système d’appel d’urgence nommé Viappel. Ce dispositif, une fois enclenché, va alors demander de l’aide auprès des bénévoles de la région, qui vont proposer leur aide auprès des sinistrés. Par exemple, en juin 2013 de grandes précipitations provoquent la montée des eaux dans les Pyrénées. Le petit village de Saint Béat est ravagé par les eaux. Les bénévoles de la Croix-Rouge tarnaise aident les sinistrés en leur apportant du réconfort, des vivres mais également en dégageant les rues couvertes de gravats et les maisons envahies par la boue.

Ces bénévoles sont formés aux premiers secours et cette formation nécessite que la Croix-Rouge engage des professionnels pour former des bénévoles dans le cas d’actions sérieuses de l’association.

Nous savons que 16 000 salariés travaillent au sein de la Croix-Rouge, à l’échelle nationale, mais les bénévoles représentent la grande majorité du personnel : ils sont 50 000 à offrir de leur temps pour l’organisation nationale. Dans le département du Tarn on en dénombre 465 en 2014. On est donc bien en face d’un paradoxe : Comment des bénévoles peuvent-ils mener des actions rigoureuses relevant de ce qu’il faut bien appeler un grand professionnalisme ? Comment la Croix-Rouge le gère-t-elle ?

La formation

Afin de permettre à ses bénévoles de mener des actions professionnelles, la Croix-Rouge met à disposition des formations leur permettant d’acquérir des compétences, qui sont nécessaires pour la prise en charge de certaines situations.

On observe cependant que la majorité des formations de la Croix-rouge se déroulent sur Paris. Or, la capitale est éloignée du Tarn, et cela représente pour les bénévoles, qui sont pour certains d’une génération peu mobile, un véritable périple. Prendre le train pour aller dans une ville, où ils ne se seraient pas rendus pour une autre occasion, peut décourager. Il y a aussi le problème de la disponibilité. En effet, certaines personnes, ayant des obligations professionnelles et personnelles, ne peuvent pas se rendre durant une semaine à une formation éloignée de leur domicile. Parfois, des séminaires sont organisés sur Toulouse, ce qui n’empêche pas le problème de rebondir et de se buter aux mêmes contradictions. Cette hantise à la mobilité freine les formations au sein de l’association, et donc son efficacité. Il est de la responsabilité des membres-dirigeants de la Croix-rouge tarnaise de mettre en avant l’importance des formations, pour obtenir plus de professionnalisme de la part de leurs bénévoles.

L’encadrement des bénévoles

Le bénévole est un élément indispensable au bon fonctionnement de la Croix-Rouge, mais nous avons vu que celui-ci avait des caractéristiques bien particulières, qui le différenciaient du salarié. Il est donc nécessaire de poser un cadre au bénévole pour que celui-ci puisse mener des actions précises et rigoureuses avec une prise d’initiative contrôlée. L’organisation a donc mis en place un système pour mieux encadrer ses bénévoles.

Carte des différentes unités locales dans la délégation départementale du Tarn.
Carte des différentes unités locales dans la délégation départementale du Tarn.

La Croix-Rouge du Tarn est subdivisée en plusieurs unités locales, dont l’organisation est en place depuis 1930. En effet, on en compte six qui se trouvent à Albi-Carmaux, Lavaur, Gaillac, Réalmont, Graulhet et Castres-Mazamet. Chacune de ces unités locales intervient sur une zone bien délimitée et ce découpage territorial optimise l’efficacité des actions menées, permettant ainsi aux bénévoles de mener leurs actions sur un territoire précis.

La Croix-Rouge est une association très hiérarchisée et cela est aussi le cas au sein de la délégation départementale du Tarn où il y a un président, un trésorier et un secrétaire. Ce système hiérarchisé est la caractéristique principale de la Croix rouge. En effet, cela permet d’encadrer les bénévoles dans leurs actions et d’éviter la prise d’initiative trop personnelle, déconnectée de l’action collective. Ces personnes (président-trésorier-secrétaire) ont un rôle très important car c’est avec elles que traitent les responsables ayant la même fonction au sein de chaque unité locale. Ainsi, le trésorier de l’unité locale d’Albi-Carmaux devra rendre un bilan de son travail au trésorier départemental. Nous pouvons donc voir ici que, même à l’échelle locale, il y a une véritable hiérarchie, encore une fois, qui est nécessaire pour encadrer les bénévoles et mener des actions rigoureuses. On peut dire que les unités interagissent assez peu entre elles, la lettre étant le premier moyen de communication, depuis la création en 1930 et jusqu’à il y a peu, avec le développement d’internet. Ces dernières permettaient ainsi aux présidents des différentes unités locales de s’échanger des renseignements de toutes sortes, ou encore servaient tout simplement à demander de l’aide.