La place des formateurs
Au début des années 1960, l’État français développe les formations, avec, à la clé, le premier brevet d’État de la protection civile, dans la fin des années 1960. En 1967, l’État lance les apprentissages pour devenir formateur. Ce sont les médecins-instructeurs qui sont en charge de ces formations destinées aux futurs instructeurs, leur donnant la capacité d’enseigner, à leur tour, les rudiments médicaux (massage cardiaque, garrots en cas d’hémorragie etc.) aux moniteurs. Si l’on ne connaît pas le nombre de moniteurs qui ont alors été formés, on sait grâce à l’abbé Caminade, que ces formations se déroulaient dans le centre de la France et à Antibes. Comme ces formations impliquaient le déplacement des bénévoles, elles devaient mettre en œuvre une pédagogie adaptée, être dynamiques et attrayantes. Les instructeurs formaient alors les moniteurs dans cette optique. Le choix de ces moniteurs est essentiel, car c’est le moniteur qui est en contact avec le bénévolat et constitue le « dernier maillon » de la chaîne d’apprentissage. La Croix Rouge est à l’origine des cours de monitorat et de secourisme puisqu’elle est la première association à former ses propres moniteurs par le biais de ces « grands instructeurs ».
Dans le Tarn, les premières formations de formateurs remontent à la fin des années 1960. L’abbé Caminade, encore représentant de la Croix-Rouge en 2015, en est un exemple. Ces formations, qui consistent donc à préparer des moniteurs au contact du bénévolat, font partie des formations pédagogiques, beaucoup d’entre-elles sont organisées dans la caserne militaire d’Albi de l’époque (photo ci-dessous).
On l’a dit, les formations étant proposées à l’échelle nationale, les moniteurs doivent se déplacer dans certains départements ou certaines régions pour former ou être formés. En effet, les stages de formations de formateurs ont lieu à divers endroits en France, on demande alors à plusieurs instructeurs ou moniteurs de se rendre à ces stages pour y dispenser des cours, ou en recevoir, c’est un moyen de rassembler un grand nombre de moniteurs et instructeurs et donc de minimiser les coûts de formation. Ces formateurs exercent des professions différentes. Certains travaillent déjà dans le domaine médico-social, mais la majorité n’appartient pas à ce corps de profession et n’a reçu que la formation de moniteur, dispensée par les instructeurs de la Croix-Rouge (Cf. M. Caminade, entretien du 13 novembre 2014). La difficulté pour eux, qui sont donc bénévoles, c’est de trouver du temps libre pour s’investir dans ces formations. Une fois formés, ils sont à la disposition de l’association pour dispenser des cours de sensibilisation (comme lors de la Journée De Citoyenneté) ou encore des cours plus approfondis à des bénévoles voulant s’investir à long terme au sein de l’association. Dans les années 1960, il y avait très peu de femmes, au cours du temps, le tendance s’est stabilisée et il y autant d’hommes que de femmes chez les bénévoles, les moniteurs, instructeurs et médecins-instructeurs. Il faut surtout savoir que le bénévolat est très varié, et brasse beaucoup de différences culturelles ou sociales (Cf. M. Caminade, entretien du 13 novembre 2014).
Des formations de bénévoles recentrées autour d’Albi
Au début des années 1970, le centre permanent de la Croix-Rouge à Albi ouvre ses portes, c’est la première structuration de l’association dans le Tarn. En effet, ce centre joue désormais le rôle de relais dans le département, sur le plan logistique mais également sur celui de la formation. On y trouve bien sûr tout le nécessaire pour d’éventuelles interventions médicales à l’extérieur, mais aussi des locaux destinés à la formation ainsi que du matériel adapté (mannequins, défibrillateurs, etc…); (témoignage de Jean-Pierre Bayourte le 02/12/14). Deux à quatre sessions de formations y sont organisées par an, avec un groupe d’une vingtaine de bénévoles, encadré par huit ou neuf formateurs. Dans le domaine du sport, les moniteurs de l’association ont formé des dirigeants du Sporting Club Albigeois de rugby aux gestes de premiers secours ainsi que le club de football et de judo (Cf. M. Caminade, entretien du 13/11/14).
C’est à Réalmont, dans le Tarn, que beaucoup de formations de moniteurs se déroulent, dans la Base Logistique Régionale inaugurée le 30 septembre 2000. Il s’agit des formations donc plus avancées qui concernent les futurs moniteurs.
Au début des années 1980, le matériel de formation se développe mais les types de formations restent les mêmes, axées sur la pédagogie et les secours « de base », visant à former les bénévoles à une action rapide et efficace. Les formations aux gestes de premiers secours se déroulent désormais avec l’aide de défibrillateurs automatiques, même si le recours à des de mannequins reste indispensable. En France, 20 % des citoyens ont une formation de base aux gestes de premiers secours. Sans chiffre disponible pour le Tarn, on imagine que la part est plus ou moins la même. Par conséquent, en 1992 le temps de formation se ralentit à douze heures au lieu de quarante, afin d’attirer un plus grand nombre de personnes. Les formateurs vont droit au but, c’est nettement moins spécialisé que les apprentissages d’une quarantaine heures. Il s’agit simplement que les personnes concernées donnent une alerte et connaissent les gestes de premiers secours. C’est ce qu’on peut appeler des formations légères, mais qui ont le rôle de « pré-requis » pour les bénévoles afin de s’engager plus avant auprès de la Croix-Rouge. Ces réformes de réduction du temps de formation sont établies car l’État investit dans les formations de premiers secours, et il est donc dans son intérêt qu’elles soient plus courtes et accessibles à tous, dans le but qu’elles soient démocratisées au maximum. Il faut savoir que les formations pour les gestes de premiers secours nécessitent un coût en moyenne d’une cinquantaine d’euros pour le bénévole. Le prix varie en fonction des régions.
En revanche, les bénévoles qui s’investissent dans la Croix-Rouge de manière régulière obtiennent des formations plus longues d’une trentaine d’heures, ce qui reste cependant inférieur aux anciennes formations, qui s’étalaient sur une quarantaine d’heures. Il s’agit de s’adapter aux contraintes budgétaires en essayant de garder la même qualité de formation dans un temps réduit. Depuis les années 2010 certains pompiers viennent se former à la Croix Rouge ainsi que des routiers avec l’association de la protection civile, ce qui renforce le sentiment professionnel du bénévole volontaire.
Jouissant d’une meilleure structuration, les formations ont pu alors se moderniser depuis les années 2000.