Les bénévoles de la Croix-Rouge demain ?

Les bénévoles et le développement de l’activité Urgence et Secourisme.

« L’urgence regroupe toutes les actions menées lors des situations d’urgence, inondations, incendies… Le secourisme c’est être présent à la demande d’un organisateur sur des manifestations sportives, culturelles. Les bénévoles ont pour but d’être une sorte de vigiles, être sur les lieux au cas où il y aurait un problème, intervenir rapidement auprès de la victime. »

On a constaté le développement de l’activité « Urgence et Secourisme ». C’est l’une des principales activités menées par la Croix-Rouge aujourd’hui. Cette activité s’est développée avec la création « d’une direction centrale des groupes secouristes » en 1944. Les moniteurs apprennent aux secouristes à réaliser « les bandages, le transport des blessés, les méthodes de respiration artificielle et la connaissance du corps humain ».

Miguel Palhares, formateur de la Croix-Rouge

 La Croix-Rouge française est le premier organisme qui forme aux gestes qui sauvent. C’est en 1966 que la Croix-Rouge met en place les gestes qui sauvent « 4 gestes pour une vie ». La Croix-Rouge assure plus de 50 % des formations pour le grand public. Près de 3 000 formateurs apprennent les gestes de base à 200 000 personnes par an. Les 10 500 secouristes bénévoles français font l’objet de révisions de formation tout les ans. Guillaume Bouyssou, annonce : « Tous les ans, il y a un recyclage dans les personnes et leur niveau de formation. Si des personnes ont des difficultés à valider leur formation, elle ne leur est pas renouvelée et ils doivent la repasser ». La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge parle de l’enseignement des premiers secours comme « la pierre angulaire du mouvement ». Pour Guillaume Bouyssou, ce que font les bénévoles est crédible aux yeux du grand public du fait que « nous avons les mêmes formations que les pompiers.» Il ajoute : « Mon frère qui est pompier volontaire, me répète souvent qu’en terme de matériels et d’équipements des véhicules, la Croix-Rouge n’a rien à envier aux Pompiers !» L’action des secouristes bénévoles français n’est pas négligeable. Les secouristes tiennent principalement des postes de secours lors d’un rassemblement de personnes, pour un événement sportif -cyclisme, sport automobile…- ou bien lors d’un congrès ou une manifestation. Leur rôle est de protéger la victime, alerter les secours, secourir la victime avec les gestes de premiers secours. Chaque année, 15 000 secouristes bénévoles portent secours à près de 200 000 personnes. Au sein même des bénévoles, on se sent utile, on prend son action à cœur :  « Nous sommes encore utile pour la société et les personnes. Les pouvoirs publics n’assurent pas tous les postes de secours, c’est à nous de nous en en charger. Mais chacun a une utilité à condition qu’il soit formé » affirme Guillaume Bouyssou. Certains chiffres de 2013 ont été donné par la Croix-Rouge tarnaise dans le domaine de l’Urgence et du Secourisme. Ils comptabilisent 33 658 heures de bénévolat, pour 583 interventions et 195 postes de secours assurés. Il s’agit de chiffres importants montrant l’activité incessante de l’association. Mais outre l’intensification des actions de promotion des premiers secours, la Croix-Rouge ne veut pas oublier ses autres secteurs d’activités comme les actions sociales, où chaque année, 35 000 bénévoles aident un million de personnes en situation de précarité.

Sensibiliser les jeunes : le futur de la Croix-Rouge.

« Nous voulons faire une place particulière aux jeunes. La capacité d’engagement des jeunes est sans limite. Ils représentent une force vitale, une capacité de générosité et d’initiatives, une stimulation et une relève que nous voulons mettre en avant ». Dans les jeunes d’aujourd’hui se trouvent les bénévoles de demain. Il s’avère alors indispensable pour la Croix-Rouge de les sensibiliser, de les intéresser, de manière à en faire les prochains bénévoles. Pour attirer les jeunes, la Croix-Rouge décrit le bénévolat comme un acte citoyen, donnant de l’expérience, des responsabilités nouvelles.

Dès 16 ans, les jeunes peuvent devenir bénévoles à la Croix-Rouge. De 16 à 25 ans, la Croix-Rouge reçoit les volontaires dans le cadre du Service Civique. Aujourd’hui en France, on compte près de 13 000 jeunes bénévoles, qui agissent sur le territoire français.

Cette importance accordée à la jeunesse a été renouvelée au travers de deux textes fondateurs : le Projet Jeunesse et la Déclaration Jeunesse. Ces deux textes déterminent les grands enjeux de la dynamique jeunesse pour relever les défis futurs. Le projet Jeunesse date de mars 2009 et détermine les bases de la politique jeunesse de la Croix-Rouge française. Il souhaite améliorer l’intégration des jeunes de moins de 30 ans. La Déclaration Jeunesse a, elle, été rédigée par les jeunes lors des Assises de la Jeunesse en 2010. Elle développe les souhaits d’actions des jeunes de la Croix-Rouge en termes de solidarité, santé, citoyenneté, inter-culturel et environnemental.

L’intérêt de la Croix-Rouge pour la jeunesse ne date pas d’aujourd’hui. Très tôt, la Croix-Rouge française a senti l’importance d’éduquer les jeunes vers le bénévolat. Entre 1922 et 1940, la Croix-Rouge de la Jeunesse – CRJ – se lie avec les écoles. La CRJ donne aux instituteurs des missions : ils doivent développer des programmes d’apprentissage de l’hygiène et de la solidarité. Très vite, les établissements d’enseignement secondaire rejoignent ce mouvement. Par exemple à Paris, les lycées Fénélon et Lamartine. « Les élèves des lycées et collèges de France, gagnés de longue date à l’idée d’entraide, apparaissent prêts à renoncer à leur travail isolé et à agir de concert avec ces amis inconnus de la Croix-Rouge de la Jeunesse qui se tendent la main à travers le monde entier. » disait Mlle Caron, en 1930, alors directrice du Lycée Fénélon.

Miguel Palhares fait partie de ces personnes qui ont commencé le bénévolat à la Croix-Rouge très tôt. « J’ai démarré en juillet 2010, à l’âge de 16 ans » dit-il. Guillaume Bouyssou dès 1981, était tout juste âgé de 18 ans quand il a intégré l’équipe des bénévoles de l’unité d’Albi. Il détaille : « À l’époque il se disait que pour passer le permis il faudrait le Brevet National de Secouriste. Alors j’ai rejoint la Croix-Rouge ». Son entrée à la Croix-Rouge a été facilitée par son contexte familial : «  Ma mère et ma sœur aînée étaient déjà bénévoles, ce qui m’a incité encore un peu plus à m’engager. Pendant ma jeunesse j’ai baigné dans la Croix-Rouge ». Mais, entre une vie professionnelle et privée bien chargée, il est parfois compliqué pour lui de remplir pleinement son activité de bénévole. « Je consacre moins de temps aujourd’hui qu’à l’époque à la Croix-Rouge. On intervient selon nos disponibilités. » La Croix-Rouge est dépendante de ses bénévoles. Guillaume Bouyssou évoque l’importance d’intéresser les jeunes : «Avant nous intervenions dans les écoles, au cours d’une journée de sensibilisation avec la Police, les associations de lutte contre les addictions. Mais l’Éducation Nationale nous proscrit d’intervenir, ils ont pour principe qu’il y a des personnes formées pour ça : les instituteurs. »

Les retraités, une activité incessante au service de la Croix-Rouge.

Les retraités sont la pierre angulaire de la Croix-Rouge française. Les plus de 60 ans représentent 30 % de l’effectif des bénévoles. Les retraités sont actifs le plus souvent sur le plan social. Du fait de leur non-activité professionnelle, ce sont eux qui sont le plus à même de mener des actions bénévoles au sein de l’association. Leur liberté est un enjeu considérable pour la Croix-Rouge. La Croix-Rouge française cherche à sensibiliser les retraités afin de les inviter à être membre de l’association.

Nous avons rencontré un de ces nombreux bénévoles de la Croix-Rouge française : Jacques Caminade. Prêtre à Albi, il s’est engagé et investi dans la Croix-Rouge pendant quarante ans, de 1967 à 2007. « Je suis rentré en 1967 à la Croix-Rouge. Avec un copain, nous venions de fonder le centre professionnel St Jean à Albi. C’est une école pour des jeunes en difficulté de 14 à 21 ans, pour essayer de leur apprendre un métier. On a donc rejoint la Croix-Rouge au cas où il y aurait un pépin» détaille Jacques Caminade. La Croix-Rouge est une association prenante, où une fois qu’on y est rentré, on devient de plus en plus actif. Jacques Caminade en a fait la preuve :« J’ai commencé à m’impliquer que très peu, puis mon implication est devenue de plus en plus grande. » Jacques Caminade n’est plus actif à la Croix-Rouge depuis 2007, après quarante années pleines, il a choisi de délaisser ses fonctions de bénévole. Pendant ses longues années de bénévolat, l’abbé Caminade a été très actif, notamment dans le domaine de l’Urgence et du Secourisme. «Il y avait des activités liées à la formation appelées « Aide à la formation ». On tenait également des postes de secours notamment pour les dons du sang. Nous étions aussi sur le terrain pour s’occuper des activités sportives comme le football, le rugby, le moto-cross, les courses cyclistes… Nous avons également été présents sur les Circuits d’Albi et de Nogaro pour les grands prix.» explique-t-il. Après quarante années de bénévolat, il a pu constater une réelle évolution dans les matériaux utilisés ainsi que dans les techniques du secourisme. « Les formations ont évolué. Avant pour désincarcérer une personne, on le faisait à la hache, puis après on nous a prêté des cisailles électriques. Pour immobiliser une personne, on utilisait de simples planches en bois. Maintenant sont apparus les attelles, les matelats-coquilles ». Ces évolutions ont permis une meilleure prise en charges des victimes pour un meilleur secours d’urgence. Pour lui, le principal dans le bénévolat est le don de soi, le don de son temps: « Ce qui est délicat c’est que dans une activité bénévole, il faut savoir donner de son temps gratuitement pendant que les autres s’amusent ou se reposent. ».

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