Le changement dans l’ordre mondial induit par la chute du bloc communiste ne pouvait qu’avoir un impact colossal sur la manière dont l’action humanitaire agit dans le monde. Devant faire face à un monde multipolaire, comment les différents acteurs de l’action humanitaire peuvent-ils répondre aux problématiques du 21ème siècle sur tous les fronts ?
Le code de conduite de la Croix Rouge, la distinction des catastrophes ou alors la mise en avant de trois étapes à l’intervention sont des exemples de tentatives visant une mise en place durable et plus efficace de l’action humanitaire. Dès les années 90, ces efforts apparaissent sur le plan juridique. Des campagnes de sensibilisation explicites permettront aussi une meilleure prise de conscience collective.
En revanche, une fois à l’épreuve sur le terrain, en Tchétchénie ou en Irak, des problèmes pratiques et éthiques se posent rapidement. La notion de missions intégrées cristallise en effet les questionnements des organisations humanitaires qui se retrouvent directement en contact avec les guerres nouvelles du 21ème siècle. Dans ces guerres, la prédominance de l’ONU et la nécessité du maintien de l’ordre mondial peuvent rentrer en conflit avec la conception traditionnelle d’un humanitaire juste. Les critiques qui surviennent alors sont vives et le terme « guerre humanitaire » se pose comme le plus dénonciateur de l’usage de la force qui a été fait pour protéger les populations.
Aujourd’hui, l’Afrique reste considérée comme le continent le plus sujet aux instabilités et aux crises de la planète. Depuis la crise du Biafra en 1967, l’Afrique et ses populations semblent être en besoin constant d’aide humanitaire.
Sur ce terrain, les acteurs de l’humanitaire doivent relever un autre type de défi, parfois au prix de leurs vies. En effet, l’insécurité du territoire et une certaine configuration d’hostilité des populations locales ont provoqués 460 cas d’incidents en 2013 dont 155 mortels. Cette méfiance envers les Occidentaux peut même se retrouver en hauts lieux politiques, ce qui doit amener une profonde remise en cause de la forme que prend actuellement l’action humanitaire en Afrique. Beaucoup pensent que « les nouveaux donateurs » (Vietnam, Bangladesh…) seront les acteurs de l’humanitaire de demain, ce qui permet de sortir du schéma classique de la suprématie occidentale qui peut être mal perçue. Ici encore, l’humanitaire continue à s’inscrire dans ce monde multipolaire, parsemé…
Cussac Clément