La lutte contre la tuberculose
La tuberculose est un fléau qui a largement touché la France pendant l’entre-deux-guerres. Il a entraîné la mise en place de nouvelles structures et a également contribué à une professionnalisation des activités de soins et d’assistance. La Croix-Rouge française c’est particulièrement mobilisée dans la lutte contre ce fléau social, au vu de son ampleur après la Première Guerre mondiale. La tuberculose est une maladie infectieuse contagieuse due au bacille de Koch, qui est une bactérie. La tuberculose pulmonaire est la plus courante, mais beaucoup d’autres organes peuvent être touchés par cette maladie.1 La moitié des décès d’individus âgés de 20 à 40 ans étaient dus à la tuberculose pulmonaire.2 Celle-ci, aussi appelée phtisie, était à l’origine de 220 décès pour 100 000 habitants, en France au début du XXe siècle. L’aide sociale contre cette maladie se développa notamment par le biais de la loi Léon Bourgeois de 1916 instituant les dispensaires d’hygiène sociale et de préservation antituberculeuse, et la loi Honnorat fixant les conditions de fonctionnement des sanatoriums.3 Dès 1919, l’entre-deux-guerres voit fleurir partout des dispensaires généraux, antituberculeux. Ceux-ci ont pour mission de « faire l’éducation antituberculeuse » et d’assurer ou de faciliter l’entrée dans des sanatoriums. Dans ces dispensaires on délivre des consultations gratuites et des distributions de médicaments, qui sont offerts aux malades atteints de la tuberculose.4 De nombreuses structures d’assistances aux militaires tuberculeux mais également aux civils atteints par cette maladie, sont mises en place après la Première Guerre mondiale par la SSBM.5 À Lyon et à Paris, l’action sociale de la SSBM concerne majoritairement la lutte antituberculeuse. Par exemple à l’hôpital-école des Peupliers, depuis la fin de la Grande Guerre, l’enseignement comprenait huit leçons sur le bacille de Koch, qui est à l’origine de la tuberculose, mais également sur l’équipement antituberculeux. Au cours de cet enseignement, on insistait sur la traque de la tuberculose et cela en priorité dans les foyers les plus déshérités.6
En 1921 est mis au point un vaccin antituberculeux par Albert Calmette et Camille Guérin, respectivement médecin et vétérinaire. Le vaccin, nommé BCG permet d’améliorer la lutte contre ce fléau d’envergure.7 C’est le 18 juillet 1921 qu’eut lieu la première vaccination à la crèche de la maternité de l’hôpital de la Charité à Paris. C’est un nouveau-né qui reçut le vaccin du BCG, puis 121 nourrissons se verront administrer le vaccin par voie buccale. Sur 317 personnes vaccinées à la Charité entre 1922 et 1926, un seul meurt de tuberculose.8
La mobilisation contre le cancer
Le cancer est un fléau social qui a fortement touché la France pendant l’entre-deux-guerres. Par exemple en 1926, il y eut 40 000 décès pour cause de cancer.9 La ligue contre le cancer fut créée en 1918, et elle est reconnue d’utilité publique en 1920. Se met alors en place une intense propagande relayée notamment par les infirmières. La Ligue contre le cancer lance un appel à la Croix-Rouge pour l’aider à lutter contre ce fléau. Puis avec l’appui des pouvoirs publics, elle développe l’implantation régionale de comités.10
C’est en 1922 qu’est prise la décision d’installer sur l’ensemble du territoire français des instituts spécialisés. Le but est de centraliser les différents traitements et d’organiser la prise en charge des malades et notamment le diagnostic précoce. Pour répondre aux attentes locales, des acteurs locaux sont mobilisés, comme notamment les facultés de médecines et les conseils généraux. Des cours sur le cancer sont également organisés par la Croix-Rouge et ce dès 1923, ainsi que des conférences sur le thème du cancer à destination des infirmières de la Croix-Rouge. On mène notamment des campagnes de sensibilisation pour la lutte contre le cancer. Le diagnostic précoce de ce fléau social est le centre de la lutte contre celui-ci. Avec l’apparition de nouveaux traitements, notamment celui par radiation, apparaissent de nouveaux espoirs. Pour dépister au plus tôt cette maladie, il faut une propagande inlassable auprès du public et des moyens d’enseignement et de renseignement à l’usage des médecins, d’où les conférences à destination des infirmières de la Croix-Rouge. Le Comité central des Dames, les comités locaux de la Croix-Rouge et les écoles d’infirmières intègrent dans leur programme de formation la question du cancer. De plus en 1923, une dizaine de centres de traitements contre le cancer voient le jour en province.11
Pendant l’entre-deux-guerres une forte action politique se met en place, dans le but de créer et de développer des centres et des dispensaires anticancéreux et également de développer les formations d’infirmières visiteuses. Il est donc important pour la Ligue contre le cancer que le Comité des Dames des dirigeants des trois sociétés de Croix-Rouge participe à la lutte contre ce fléau et contribue ainsi à la professionnalisation du métier d’infirmière. Le Comité des Dames intervient aussi directement auprès de malades atteints de cancer. Elle les prend en charge et joue un rôle d’assistance auprès d’eux. Les Dames visiteuses qui passèrent de 17 en 1918 à plus d’une centaine en 1930, vont alterner entre le suivi des malades à domicile et à l’hôpital. Elles vont tenter d’apaiser les souffrances des personnes atteintes de cancer.12 La Ligue contre le cancer va ainsi pouvoir mener ses actions avec d’autres associations privées.13
Rédactrice : Angeline ALET.
1 La santé de A à Z, Tome 6 : les maladies infectieuses, Bruxelles, 2003, p. 114.
2 http://www.ipubli.inserm.fr, Notes sur l’histoire de la vaccination par le BCG en France, 1921-1970, publication de l’Institut National de la santé et de la recherche médicale (Inserm), directeur de publication Yves Lévy, Président-directeur général de l’Inserm.
3 Jean Guillermand, op.cit.
4 Pierre Guillaume, Du désespoir au salut : les tuberculeux aux XIXe et XXe siècles, Paris, Aubier, 1986, p. 180.
5 http://archives.cg37.fr, archives départementales d’Indre-et-Loire, édité par le Conseil Général d’Indre-et-Loire.
6 Jean Guillermand, op.cit.
7 Site france.fr, Service d’information du Gouvernement.
8 Yves Biraud, Rapport de la Conférence pour l’étude de la vaccination antituberculeuse par le BCG tenue à l’Institut Pasteur de Paris du 15 au 18 octobre 1928 (Genève : 1928), Société des Nations (1928), Organisation d’hygiène, Archives de la Société des Nations.
9 www.la-maison-du-cancer.com, site édité par l’association La Maison du Cancer association d’intérêt général régie par la loi 1901.
10 www.biusante.parisdescartes.fr, la Bibliothèque interuniversitaire de Santé Issue de la fusion en 2011 des bibliothèques interuniversitaires de médecine et de pharmacie.
11 Jean-Pierre Camilleri, et Jean Coursaget, Pionniers de la radiothérapie, EDP Sciences, 2005 pp. 192 et 193.
12 www.biusante.parisdescartes.fr, op.cit.
13 Patrice Pinell, Fléau moderne et médecine d’avenir [La cancérologie française entre les deux guerres], numéro 68, pp. 50 et 51