Faire face à la crise (1974-2014)

L’action sociale, la priorité de la Croix-Rouge dans un contexte de crise

    Une crise économique a été engendrée par les chocs pétroliers de 1973 et 1975 plongeant de nombreuses familles modestes dans la précarité. La Croix-Rouge française tient donc ici son défi : se consacrer à la résolution des problèmes liés à la précarité tout en continuant d’assurer l’action sanitaire et les activités de secourisme. Elle choisit pour cela d’organiser méthodiquement ce dispositif en se concentrant sur cinq points centraux : la famille qui a besoin d’une écoute, la lutte contre les discriminations, l’éducation civique et humanitaire (les droits de l’Homme, l’éducation pour la santé), l’insécurité (réinsertion des détenus), et enfin l’accompagnement des retraités.

L’aide aux migrants

    Après les événements de mai 68, la Croix-Rouge va devoir s’adapter aux nouvelles conditions de vie d’un monde plus moderne. Elle se remet en question. Elle renouvelle ainsi une réflexion sur son passé, son présent et l’avenir de ses activités. La Croix-Rouge entreprend alors de nouveaux projets impulsés par la vague révolutionnaire de mai 68 : elle modernise ses établissements, elle réforme l’enseignement en donnant un nouveau souffle à la vocation d’infirmière et en créant de nouvelles pédagogies. Elle améliore sa communication. La Croix-Rouge entame également dans les années 1970 des efforts de démocratisation, de rajeunissement et de renouvellement dans ses effectifs. Le congrès national de mai 1975 apparaît comme un tournant dans les directives de la Croix-Rouge : « une Croix-Rouge française dynamique et jeune, au service des plus déshérités et tournée vers l’an 2000 »1.

Des moyens mis à disposition pour contrer une pauvreté de plus en plus présente

    La Croix-Rouge doit faire face à un monde qui change : les sociétés et les populations apparaissent de plus en plus fragiles. C’est pourquoi, l’association se doit d’accentuer et d’intensifier son aide sociale, et plus particulièrement envers des personnes déjà très sensibles. Parmi celles ci, les chômeurs, les travailleurs précaires, les migrants, les réfugiés ou encore les malades.

    Cependant l’organisme poursuit son action dans le sanitaire notamment à l’échelle internationale comme dans le cadre de la lutte contre la tuberculose au Cambodge en 1992 ou à l’échelle nationale, en France, avec  en 1990 la création d’une unité de soins palliatifs pour accompagner les malades en fin de vie. La Croix-Rouge mène également un combat pour améliorer l’accès à l’eau, dans les pays africains notamment. Elle y intervient aussi pour assurer la sécurité alimentaire et la santé auprès de ces populations vulnérables.

    Parmi les moyens mis en œuvre pour lutter contre la pauvreté, on trouve tout d’abord les moyens humains : les bénévoles, on en compte en 2014 près de 54 000, majoritairement des femmes (62%) mais les postes à responsabilités (président des délégations locales, président de conseil d’administration par exemple), eux, sont occupés par des hommes. Toutes les tranches d’âge sont représentées. Les activités au sein de la Croix-Rouge sont réparties de la manière suivante : 37% de volontaires dans l’action sociale et 33% dans l’urgence et le secourisme, les deux principaux champs d’action de l’association2. Enfin il existe aussi des personnes qui travaillent en tant que salariées dans la Croix-Rouge, 18 000 environ.

    La Croix-Rouge déploie également des moyens financiers dans la formation. La Journée d’Appel à la Participation et à la Défense, journée durant laquelle les jeunes de 16 à 18 ans peuvent apprendre les premiers gestes de secours en est un bon exemple, tout comme les centres de formation au secourisme créés un peu partout en France par François Novellino en 1982.

    La communication apparaît comme étant un autre moyen important. En effet, la Croix-Rouge doit faire parler d’elle pour pallier le manque de financements accordés par les pouvoirs publics ainsi qu’une évolution structurelle du bénévolat et des dons privés toujours très difficiles à solliciter. Elle utilise pour cela diverses campagnes conçues pour attirer le regard sur l’association et les problèmes qu’elle souhaite soulever.

Les vedettes médiatiques au service de la Croix-rouge.

La Croix-Rouge, une association à l’écoute de toutes les populations

    L’ambition de la Croix-Rouge a grandi : elle se tourne désormais vers toutes les demandes d’aide, et se soucie de toutes les difficultés ressenties individuellement ou collectivement. Mais cet engagement auprès des plus marginalisés n’est pas nouveau. Dès la Libération, des mesures avaient été prises pour venir en aide à ces populations pauvres et souvent stigmatisées. L’ action en faveur de ces dernières s’inscrit donc dans la continuité de celle réalisée lors des Trente Glorieuses. Ainsi, aujourd’hui, une action est menée pour chaque type de population : toutes les personnes en difficulté sont prises en charge.

    La crise économique et ses conséquences néfastes sur les populations fragiles ont participé à l’émergence de ce que l’on appelle, les « nouveaux pauvres ». Parmi ces derniers, on trouve des personnes vulnérables tels que des jeunes, des étrangers en situation irrégulière ou encore des chômeurs en fin de droit ayant eu un incident de parcours, un accident du travail par exemple.

    Ainsi, aujourd’hui, l’aide aux plus démunis apparaît comme l’un des axes majeurs de la Croix-Rouge. Celle ci mène des actions pour les personnes en situation de handicap : mise en place en 1974 de centres spécialisés (on en compte 95 au total répartis dans 32 départements3). Les personnes immigrées, qu’il s’agisse de migrants politiques, économiques ou familiaux, ont aujourd’hui, elles aussi, leur aide personnalisée de la Croix-Rouge : 6 centres d’accueil pour demandeurs d’asile (498 places) et 9 centres d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile (519 places). De plus, les toxicomanes, habituellement mis à l’écart car considérés comme dangereux peuvent, eux aussi, bénéficier d’un droit d’accompagnement  grâce à plusieurs centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) implantés un peu partout en France. Enfin avec l’allongement de l’espérance de vie,  la question de l’isolement social est devenu un véritable enjeu de société. On compte aujourd’hui, en France, 1,4 million de personnes âgées en perte d’autonomie. Respecter leur souhait de vivre chez elles est devenu un grand défi, que la Croix-Rouge souhaite relever. L‘association veut donc mobiliser pour sensibiliser les français sur la question et dénoncer les services d’aide à la personne qui ne cessent de se dégrader. C’est dans ce cadre là que la Croix-Rouge lance régulièrement diverses campagnes chocs comme celle d’octobre 2014 intitulée : « Les vieux feraient mieux de rester chez eux » ayant pour but de créer l’étonnement du public.

Choquer pour sensibiliser

    La Croix-rouge française agit depuis de nombreuses années en France pour aider les populations dans le besoin. Elle réalise ses actions en apportant des moyens humains et matériels pour assurer ses principales missions : le secourisme, l’aide à la personne et la prise en charge sanitaire. Aussi, la multiplication des problèmes sanitaires et sociaux a incité l’association à se tourner vers de nouvelles méthodes, la communication par exemple et à élargir son champs d’action. Au fil du temps, la Croix-Rouge a du se renouveler pour s’adapter aux évolutions des sociétés : les reconstructions de l’après-guerre, les changements socio-culturels des Trente Glorieuses, la crise économique de 1970 à nos jours et cela dans un seul et ultime but : lutter contre une pauvreté de plus en plus présente.

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1 Frédéric PINEAU, La Croix-Rouge française : 150 ans d’histoire, Édition Autrement, 12 mars 2014

2 Dossier de presse : 1864-2014, 150 ans Croix-Rouge française, mars 2014, site internet de la Croix-Rouge

3 Dossier de presse : 1864-2014 150 ans Croix-Rouge française, mars 2014, site internet de la Croix-Rouge