La formation au sein de la Croix-Rouge, voie de professionnalisation pour les femmes
La fondation de l’Association des Dames de françaises et de l’Union des Femmes de France impulse un changement au sein de la Croix-Rouge. Ces associations ouvrent l’accès à une voie de professionnalisation et à la création de diplômes pour les femmes.
Le professeur Auguste Duchaussoy, co-fondateur de l’association des Dames de France et le chirurgien des hôpitaux de Paris, qui constatent que les femmes possèdent peu de compétences, furent les pionniers dans l’idée qu’il faut former les femmes. En effet, par exemple, dès 1887 Auguste Duchaussoy fonde la première école publique et gratuite de gardes-malades et d’ambulancières.
Face à la montée de l’ADF et de l’UFF, la SSBM décide d’intégrer des femmes. Au début sont confiées aux femmes des missions qui sont considérées de leur ressort, comme la constitution de stock de linge, de pansements, la quête, etc. En revanche, en 1899, un dispensaire est créé dans le quartier de Plaisance à Paris dans le XIVe arrondissement. Elles sont sous la tutelle et la surveillance de monitrices. Dans ce dispensaire un enseignement court est créé pour les auxiliaires, un cursus de 8 mois pour le titre d’ambulancière, et un enseignement de deux ans pour obtenir le titre d’infirmière major. Dans son association l’Union des Femmes de France, Emma Koechlin-Schwartz propose tout de suite des premiers cours et fonde en 1906 un hôpital rue de la Jonquière à Paris. Une formation courte est mise en place pour permettre d’être infirmière adjointe, et une autre de deux ans pour avoir le diplôme d’ambulancière. L’État ne prenant pas en charge la formation des dames dans les domaines médicaux, des écoles privées et souvent payantes se créent. Marie-Léonie Guénin devient ainsi la fondatrice de l’instruction donnée aux infirmières à la SSBM.
La Première Guerre mondiale a ouvert une certaine voie de professionnalisation pour les femmes. Par exemple, en 1922, suite à la guerre le diplôme d’infirmière est créé trois brevets de capacité permettant de porter le titre d’infirmière qui sont l’infirmière hospitalière, l’infirmière visiteuse de la tuberculose ou encore l’infirmière visiteuse de l’enfance. Ces femmes sont préparées dans des écoles privées et publiques.
Des postes à responsabilité de plus en plus accessibles aux femmes.
La durée des conflits a nécessité un recours important à la main d’œuvre féminine. En occupant des emplois réputés masculins, les femmes s’éloignent alors des stéréotypes qui s’attachent au «sexe faible». Les femmes de la Croix-Rouge étaient en premier lieu des infirmières à l’arrière du front, mais aussi, elles sont à l’origine des ouvertures des pouponnières. Les femmes de la Croix-Rouge étaient aussi ambulancières, l’une des premières était Marie Curie et sa fille Irène. Marie Curie finira par être nommée directrice du service radiologique de la Croix Rouge.
La quête est plus qu’une institution à la Croix-Rouge française, c’est un moyen de communication avec la population. Elle remonte à la guerre de 1870, lors de la fondation du comité de l’association de l’Union des Dames de France. Les femmes qui étaient en charge des quêtes étaient surnommée «les Quêteuses». En 1912, le Conseil Central de la Croix-Rouge organise des quêtes pour réunir des fonds afin d’aider les familles nécessiteuses et pour le financement des hôpitaux. Pour se faire, elles passent dans les rues et dans les gares des villes. Par ailleurs elles étaient plus précisément surnommées «Les quêteuses des gares». Il y a aussi des personnes qui ont donné leur biens et leur fortune au financement de la Croix-Rouge. Après la Première Guerre mondiale, la Croix-Rouge française participe à des quêtes au bénéfice d’autres œuvres. Le 24 juin 1934, l’association est autorisée par le ministère de l’Intérieur à organiser sa propre Journée nationale. Depuis, chaque année, l’autorisation est renouvelée. De nos jours, la Croix-Rouge organise des campagnes publicitaires et des appels aux dons avec pour tête d’affiche, des stars afin de mobiliser le plus de monde possible. La quête est un rituel immuable, une forme d’engagement, qui a certes évolué, mais dont les bases restent les mêmes.
Etude de cas : les femmes dans la Croix-Rouge tarnaise
On peut constater qu‘entre 1926 et 1999 pour toutes les tranches d’âge, les femmes sont majoritaires au sein de la Croix-Rouge. En effet, entre 1926 et 1939 les femmes bénévoles du Tarn sont 49 alors que les hommes ne sont que 11. Entre 1914 et 1959 les femmes sont largement majoritaires, elles sont 96 contre 41 pour les hommes soit plus du double. Entre 1960 et 1979 les femmes sont 44 et les hommes 35 et enfin entre 1980 et 1999 les femmes bénévoles sont 40 et les hommes ne sont que 28. On peut remarquer que pendant l’entre deux guerres et à l’aube de la Seconde Guerre mondiale les femmes bénévoles dans la Croix-Rouge tarnaise sont nombreuses. Pour autant, c’est entre la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 60 que l’écart se creuse entre les femmes et les hommes. Grâce à cet exemple du Tarn, on peut donc voir que les femmes sont toujours présentes dans la Croix-Rouge et sont largement majoritaires. Au fil des années, le nombre de femmes n’a pas diminué, elles sont toujours présentes et son plus présentent que les hommes.
En revanche, il est aussi primordiale de s’intéresser aux postes que les femmes occupent au sein de la Croix-Rouge tarnaise en particulier pendant après la Seconde Guerre Mondiale. En effet il y a 164 femmes qui exercent des postes dans les actions sociales contre seulement 62 pour les hommes. Le travail dans la branche soutien aux victimes est en majorité représenté par des femmes, 35 femmes pour 15 hommes. Enfin chez les élus de la Croix-Rouge tarnaise, il y a 11 hommes pour seulement 4 femmes. Seul l’activité urgence et secourisme semble a quelques personnes égalitaires : 27 hommes pour 25 femmes.