Interview de M. Caminade

Etudiants : Bonjour monsieur et merci de nous recevoir. Première question , quel était votre premier contact avec la croix-rouge ?

M. Caminade : J’étais responsable il y a 60 ans de l’école technique d’Albi qui ne recevait que des jeunes sortant de prison ou de la DAS.

On leur assurait une formation professionnelle sur 3 ou 4 ans. Puis en parlant a un collègue, nous nous sommes demandé : « Mais que fait-on si un jour il y a un accident ou un problème grave. »

Nous nous sommes renseigné et j’ai rencontré la croix-rouge pour suivre une formation qui à l’époque était de 40 heures, alors que actuellement le Brevet de secourisme s’effectue en 5 ou 6 heure. Puis mon collègue l’a fait après moi. Ensuite la directrice de la croix-rouge m’a proposé de rester l’aider dans un poste de secours. En 1967, elle savait que j’étais professeur donc elle m’a proposé de devenir moniteur de secourisme.

En 1968, la croix rouge avait inventé le brevet de secourisme et le monitorat. Le Brevet secourisme d’état est donc arrivé plus tard , après donc que des privés, tel que la croix rouge l’est inventé. Les principes de la croix-rouge me sont cher puisque nous portons secours à toute souffrance. Mais attention , le bénévolat ne signifie pas l’incompétence, donc on a demandé aux secouristes de passer les mêmes diplômes que les sapeurs pompiers.

Par la suite j’ai été responsable sur Albi puis sur l’ensemble du département et directeur local sur Albi et du département avant de faire parti de l’équipe de formateur National.

E : Alors pouvez vous nous dire, qu’est ce que vous avez accompli et quel fût votre rôle au sein de la croix rouge ?

M.C : Secouriste de base, bénévole donc cela ne ma jamais rien rapporté financièrement. Ensuite donc le Brevet d’état de secouriste puis par la suite le brevet de secouriste du travail, inventé par la sécurité sociale. La mutuelle sociale agricole a aussi inventé le sien.

J’ai du passé la spécialité obligatoire de la Réanimation qui était un brevet à part entière avec également 40 heures de formation où l’on découvrait les instruments et le massage cardiaque. J’ai donc eu le Monitorat d’état en 1969, dans des sessions régionales.

Après, l’instructorat fut inventé dans le but de former des moniteurs. J’ai donc suivi la formation d’instructeur croix rouge puisque le titre d’instructeur d’état est arrivé bien après, c’était en 1971.

Il y a eu enfin des formations plus spécifiques avec le secourisme routier en 1975, en Charentes, puis le secourisme nautique permettant entre autre d’être surveillant de baignade. Je l’ai passé en 1973 à Antibes.

 

E : Y a t-il des formations spécifiques au Tarn ou sur Albi ?

M. C : Non toutes les formations étaient issues de la croix rouge nationale.

 

E : Et y a t-il des formations que l’on pouvait passer dans le Tarn ?

M. C : Bien sur, on pouvait passer notamment le secourisme rural sur Albi, d’ailleurs on travaillait avec la mutuelle sociale agricole du Tarn pour faire passer des sessions.

Nous intervenions aussi beaucoup sur Albi, comme au circuit d’Albi ou sur la course de côte de Mazamet. Il ‘y avait donc le secourisme sportif sur Albi pour la surveillance du Judo ou d’une multitude d’activités sportives comme le rugby puis le secours de montagne. Vous voyez donc qu’il y a une multitude de formation pour tous les domaines.

 

E : Est-ce que les instructeurs sont des professionnels ?

M. C : Non, ils sont bénévoles et rendent service lorsqu’ils sont disponibles. Toute l’organisation d’une formation tourne autour de la disponibilité des participants et des formateurs. Après il y a des professionnels pour les formations avancées en écoles (environ 35 écoles) ; à un moment donné une infirmière sur deux était formée à la Croix-Rouge et le Tarn possédait 3 écoles.

 

E : Est-ce que d’autres professions sont venues se former à la Croix-Rouge comme les pompiers ?

M. C : Alors oui, notamment les salariés de la protection civile.

E : Le fait que la plupart des gens qui agissent soit des bénévoles ne pose-t-il pas des problèmes ?

M. C : Si parfois, notamment dans les catastrophes naturelles où il est essentiel que nous ayons des professionnels à nos côtés.

E : Il arrive que des instructeurs de la Croix-Rouge partent former à l’étranger ?

M. C : oui, personnellement on m’a proposé de partir en Algérie mais à cause de problèmes politique je ne suis pas parti. Je suis aussi partir faire quelques sessions en Espagne et Andorre

 

E : En mission sur le terrain bénévoles et professionnels ont-ils le même uniforme ?

M. C : Absolument, en mission il n’y a aucune distinction entre les deux

 

E : Est ce que à votre entrée dans la CR vous avez vu des changements se faire petit à petit par rapport aux formations que vous donniez au début ?

M. C :  Au début de la CR les premiers brevet faisaient 40h de formations alors que maintenant c’est en 6h.Dans les 40h on formait des secouristes de bases c’est à dire le bouche à bouche (réanimation) sans oxygène sans matériel mais il y avait aussi tous les transports (brancard, véhicule, ramassage des blessés). Tout ça faisait parti du secourisme de base. Petit à petit l’État s’est rendu compte qu’il voulait que 20 % des citoyens français soient formés. Pour cela que les formations sont passées à 6h. Les formations vont droit au but, pendant qu’un s’occupe du blessé, l’autre donne l’alerte. Elles sont nettement moins spécialisées. Le plus difficile dans les 6h c’est savoir si la personne respire ou pas pour faire le bouche à bouche. Les gestes de 1er secours sont utiles pour le professeur à l école ou la femme au foyer (donner l’alerte, stopper le sang qui coule, faire respirer la personne, faire battre le cœur)

 

E : Il existe aujourd’hui des formations qui durent plus longtemps ?

M. C : Oui le Certificat du Premier Secours en Équipe. La formation du secouriste c’est ; « je suis tout seul qu’est ce que je fais ? » et en deuxième temps les formations en équipe (ramasser quelqu’un minimum 3 personnes). Donc il faut travailler en équipe voilà pourquoi ils ont crée cette formation.

 

E :  Au cours du temps avez vous noté des événement marquants qui ont pu stimuler ou au contraire ralentir les formations ?  Est ce que quelque chose a pu marquer la population au point d’intéresser les citoyens français à s’investir ?

M. C : Il y avait davantage de formations car ils avaient raccourci les formations à 12h puis maintenant à 6h vers les années 2000 ça a beaucoup raccourci.

 

E : Aujourd’hui le secourisme en équipe c’est toujours 40h ?

M.C : Oui je ne sais pas si c’est toujours 40h mais les bénévoles ont déjà pas mal de base car quand ils passent la formation, ils sont déjà dans les équipes de secouristes et donc ils ont fait de l’entraînement. Il doit falloir quand même une bonne trentaine d’heure. Il faut savoir se servir du matériel (brancard, véhicule)

 

E : Donc en 1967 quand vous vous êtes proposés à la CR pour avoir une formation de secouristes, est ce que vous savez depuis quand ils étaient là et depuis quand ils proposaient ça ?

M. C : Ah non pas du tout. Cette année on fête les 150ans de la Croix Rouge française.

Les premiers brevet de secourisme, il me semble sont dans les années 1930. Juste avant la guerre, l’idée de former les populations à des premiers secours (instructions) mais il y avait pas beaucoup de médecins qui y croyaient (de peur qu’on leur prenne la place). Puis après ils s’y sont mit, on eu beaucoup de médecins bénévoles qui venaient pour des conférences ou pour des sessions de secourismes (suppléments). Ils venaient pour répondre aux questions des personnes qui étaient présentes et ils venaient pour surveiller les examens d’État car il fallait au moins un médecins.

 

E : Durant tout le temps que vous avez été à la CR, qu’est ce que vous avez réalisé comme interventions ?

M. C : De 1968 à l’an 2000 on assurait sur Albi le circuit automobile (également quand il y avait de gros entraînement), le motocross de Castelnau de Lévis, Lavaur et St Antonin de Lacalm. On assurait quasiment tous les motocross, on était au poste de secours. Ceci sur le plan mécanique.

Les courses automobile, de karting, de rallye, de côte et de vélo étaient nombreuse dans le Tarn. Ces compétitions étaient supervisées par la Croix-Rouge au niveau de la sécurité. Les organisateurs, associations de courses de vélo n’avaient pas le droit d’organiser une compétitions sans sécurité assurée. La Croix-Rouge devait suivre ces compétitions. Je ne crois pas qu’il y ait eu de grosses catastrophes durant ces événements. Toutefois les accidents individuels étaient fréquents. Dans ces cas-là, on s’occupait d’abord du ou des blessés puis on nettoyait le terrain des éléments dangereux, encombrants. Mais comme je le disais il n’y pas eu de catastrophe majeure. Les interventions sécurité de l’association tournait surtout autour du sport.

Par exemple pour le rugby on a formé une dizaine ou une quinzaine de personne avec une section dédiées aux responsables des clubs sportif d’Albi pour qu’ils puissent assurer leur propre responsabilité. Ils s’étaient achetés des brancards et le matériel nécessaire. Au final nous n’avions plus besoin d’y aller puisqu’ils avaient des brevets de secouriste. On en a formés un peu pour le football et après il n’ont plus fait appel à nous, sûrement qu’ils se chargeaient de la formation des dirigeants. Après nous étions souvent demandés pour les compétitions de judo, les dirigeants étant peu nombreux et ne disposaient pas de formations.

E : Et sur un poste de secours lors de rallie ou autre vous étiez combien en général  à vous déplacer?

M. C : Cela était à combiner avec les dirigeants. Dans un circuit par exemple il y avait la protection civile organisé par la préfecture, les pompiers et la Croix-Rouge. En générale nous étions deux équipes de cinq à six personnes avec un véhicule. Ce dernier a été amené par la suite et devait être agréé par le département et le Samu. Au début le seul véhicule Croix-Rouge que nous avions était une petite bétaillère pour charger le matérielle, il était alors impossible de transporter des blessés dans de bonnes conditions.

 

E : Et dans les équipes de secours il y avait plus de bénévoles, de professionnel où cela était réparti.

M. C : Il n’y avait que des bénévoles.

 

E : Même pour diriger les équipes ?

M. C : Il n’y avait que des bénévoles. Pour diriger les équipes, nous avons fait des sessions arrivées après coup appelés  »chef d’intervention’ et indispensables pour devenir officiellement chef d’intervention dans la Croix-Rouge. Puis nous avons fait agréée cette formation par l’État. Le titulaire de la formation est le seul à pouvoir prendre en charge, diriger une équipe de secours lors d’interventions sur un poste de secours.
E : Les chefs d’équipe forment-ils les instructeurs ?

M. C : L’instructeur et le moniteur ont une formation de base. Si par exemple vous êtes moniteur de secouriste routier, vous aller former l’ensemble des personnes voulant passer la formation. Le chef d’équipe a lui une formation spécifique.

 

E : Donc au final l’instructorat se base sur beaucoup de pédagogie.

M. C : Tout à fait, c’est la pédagogie pour faire passer le message. Toutefois il faut aussi une connaissance parfaite des techniques  puisque l’État suit les premières formations de la protection civile et de la Croix-Rouge afin d’améliorer les techniques. Par exemple le massage cardiaque je l’ai vu changer cinq ou six fois. Aujourd’hui lors du brevet national de secouriste si on oublie le bouche à bouche on peut avoir le diplôme, alors qu’avant nous étions directement éliminés.

 

E : Qui sont les personnes à la base des formations, au-dessus des instructeurs, des médecins ?

M. C : A l’échelle national, ce sont des groupes comprenant groupes de médecin, des instructeurs nationaux, des spécialistes des premiers secours, des membres du Samu, des urgentistes et des enseignants. Nous n’étions pas seulement des gens de terrains lors des formations et les enseignants avaient la dimension pédagogique.

Donc il n’y a pas que des médecins, j’étais moi-même dans une équipe. Mais en France nous étions seulement quatre personnes non médecins. Le problème des médecins c’est qu’ils sont habitués à travailler dans leurs cabinets. La plupart lors des secours routiers n’avaient jamais travaillés dans des talus ou autres. Mais au bout d’un certains temps ils se sont habitué. J’ai fait cinq ou six formations de secours routiers. Les pompiers venaient également se former chez nous.

 

E : Donc récemment les pompiers venaient se former à la Croix-Rouge ?

M. C : En effet puisque certains chef de caserne, notamment celui de Cordes voulait absolument faire former les pompiers par la Croix-Rouge.