Des bénévoles de plus en plus professionnalisés depuis les années 2000

Un renouveau des formations

Les besoins de la société du début du XXIe siècle sont multiples au niveau social et médical. Les normes sanitaires sont devenues intransigeantes, la médecine et les lois sociales ont progressé. Par exemple, les ambulances de l’organisme doivent être contrôlées par l’État et le Samu avant leur mise en service et répondre à des normes précises et à une capacité matérielle spécifique. D’autre part, les formations comme celle menant au Brevet National de Secourisme, sont contrôlées et régulièrement modifiées par l’État. La Croix-Rouge a dû adapter ses formations et ses formateurs aux nouvelles normes et lois.

A ces adaptations des formations aux normes, s’ajoutent celles aux objectifs. Depuis 2007, l’objectif de la Croix-Rouge est ainsi de former au moins 20 % de la population au BNS, Brevet National de Secourisme. 

La Croix-Rouge met donc en place plusieurs dispositifs d’adaptations à ces nouvelles contraintes. Elle a ainsi augmenté le nombre des centres de formations avec plus de 600 établissements désormais dédiés à la santé et 112 centres de formations (source : APEC, Croix-Rouge française, consulté le 12 février). Elle a aussi augmenté le nombre des ses formations à travers la France, avec plus 150 sessions dédiées aux salariés de la Croix-Rouge.3 Elle a encore innové sur le plan des formules et de la pédagogie.  Pour attirer un plus grand nombre de personnes, certaines formations sont créées en 2004, comme celles résultant de l’accord entre le ministère de la Défense et la Croix-Rouge pour proposer un module de soixante quinze minutes d’initiation aux alertes et aux premiers secours (I.A.P.S). Ce dernier est dispensé aux jeunes passants la journée de préparation à la défense (JAPD) et a permis en 2004 de former 450 000 jeunes. Même les enfants d’écoles primaires ont désormais un module obligatoire depuis 2005 visant à les initier aux principes du secourisme.

Enfin, la Croix-Rouge a poursuivi l’effort déjà engagé concernant la réduction de temps de formation puisque le format de quarante heures est aujourd’hui dédié au CFAPSE (Certificat de Formation au Premier Secours en Équipe). Ce dernier permet aux bénévoles d’exploiter leur formation de manière plus professionnelle. Cette diminution en termes de temps des formations a permis à la Croix-Rouge de rendre les formations multiples et plus accessibles.

Au final, les formations ont évolué en nombre, en diversité et en durée. Ce qui a permis aux femmes d’accéder plus facilement aux formations. Auparavant la part des femmes en tant que bénévoles était bien inférieure à celle des hommes. Aujourd’hui la part de femmes bénévoles en-dessous de soixante ans est de 62 % et de 70 % pour les femmes de plus de soixante ans. Donc au sein du bénévolat les femmes sont aujourd’hui majoritaires.

Une politique novatrice de sensibilisation 

Les méthodes d’approche de la Croix-Rouge ont aussi évolué : des interventions de la Croix-rouge sont organisées dans les écoles, collèges et lycées de la région pour familiariser la jeunesse aux gestes de premiers secours mais également aux actions de la Croix-rouge du quotidien pour susciter d’éventuelles vocations. Des campagnes de prévention sont organisées pour attirer la population à suivre les formations de la Croix-rouge et les sensibiliser aux risques quotidiens. Beaucoup de professionnels viennent également se former à la Croix-Rouge les pompiers, médecins, secouristes, ambulanciers…

Ce qui donne aux bénévoles une occasion de prendre part aux métiers professionnels de la santé et du secourisme. Les formations de la Croix-Rouge ont alors évolué à tout niveau. Et elles se préparent dès le plus jeune âge, en effet la Croix-Rouge s’est lancé dans une campagne de sensibilisation des plus jeunes.

Un cours de sensibilisation pour des élèves du primaire. (Photo: croix-rouge.fr)
Un cours de sensibilisation pour des élèves du primaire. (Photo: croix-rouge.fr)

Lier le bénévolat à une démarche professionnelle

La Croix-Rouge possède relativement peu de professionnels. En effet en France, en 2014 il y a cinquante mille bénévoles et dix-huit mille professionnels (Croix-Rouge française, devenez salarié en France, consulté le 21/02/2015, http://www.croix-rouge.fr/Je-m-engage/Espace-recrutement), donc deux fois plus de bénévoles que de professionnels. Un nombre important de professionnels dans la santé ou le social (d’ambulanciers, médecins, secouristes, éducateurs spécialisés, assistants sociaux,) s’investissent dans la Croix-Rouge pour se reformer ou en tant que bénévole. Quant aux professionnels de la Croix-Rouge, ils gèrent l’administration de l’association et sont appelés lors d’interventions majeures (catastrophes naturelles importantes, interventions à l’étranger, conflits armées, etc.). Lors de missions importantes, les professionnels ont le devoir de diriger les bénévoles, de leur donner un axe d’action tout en portant secours à la population. Toutefois, les bénévoles et les professionnels se côtoient peu sur les missionsEn effet, Tout poste de secours basique est formé de deux équipes avec cinq à six bénévoles, un chef d’équipe (bénévole) et un véhicule. Le chef d’équipe doit avoir une parfaite connaissance des techniques de secours et une bonne pédagogie. Les points communs entre professionnels et bénévoles sont l’uniforme, les compétences et les formations. Leur but est de valoriser et de faire vivre l’ONG.

Des bénévoles de la Croix Rouge posent avec des cadres de l'association, en vue d'une opération de SAMU social, en 2014 à Toulouse. (Photo DDM, Manu Massip)
Des bénévoles de la Croix Rouge posent avec des cadres de l’association, en vue d’une opération de SAMU social, en 2014 à Toulouse. (Photo DDM, Manu Massip)

Une dimension professionnelle ?

Le terme professionnalisme désigne l’action des professionnels, une action de qualité visant à respecter ses engagements envers une entreprise ou autre organisation. Rappelons que les centres de la Croix-Rouge forment des professionnels notamment des pompiers, des ambulanciers, des infirmiers, des secouristes … et des bénévoles. En effet bénévoles et professionnels reçoivent les mêmes formations. Donc ces dernières doivent être professionnalisantes au point de vue théorique (différents brevets, transmission d’un savoir-faire et d’un savoir être face à la population, mise à jour des savoirs réguliers, etc.) et pratique puisque les formations sont suivies de stages. Certaines sont reconnues par l’État puisque l’on peut parler de brevet d’État. La Croix-Rouge donne une dimension professionnelle au travail des bénévoles. Si elle veut s’avérer efficace et rapide lors d’interventions elle doit disposer d’un personnel qualifié et expert à tout niveau. Donc, les formations Croix-Rouge visent à mettre en valeur les compétences des bénévoles.

Enfin, au terme de leur formation et pour permettre aux bénévoles de valoriser leurs acquis et expérience l’État a mis en place un système appelé VAE (Validation des Acquis de l’Expérience)(Source : Croix-Rouge française, La politique de formation,, consulté le 12 février). Les bénévoles et salariés peuvent acquérir des connaissances et expériences sans avoir forcément reçu une formation. Tout le monde peut envoyer un dossier au jury de la V.A.E. Ce dernier évaluera si, avec l’expérience de la personne, il peut lui donner la formation désirée sans l’avoir passée. Ce système permet aux bénévoles de faire reconnaître leurs formations et expériences au sein d’une association pour avoir un accès simplifié aux métiers de la santé et du social. Les formations de la Croix-Rouge font preuve d’un réel professionnalisme puisqu’elles permettent aux bénévoles de réaliser des actions dignes d’un professionnel puis d’intégrer un métier médico-social suite aux formations reçues.

Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter nos ressources complémentaires.