La notion d’humanitaire est liée à celles des mentalités ( religieuses ou laïques) concernant le genre humain. En effet, on note ainsi en Europe plusieurs inflexions charnières telles que la Renaissance ou les Lumières, qui amènent à une redéfinition du rôle et de la place de l’Homme dans l’Univers.
Avec la mise en place du CICR et les deux conflits mondiaux du vingtième siècle, s’ouvre une nouvelle réflexion autour du statut de l’humain (appartenance ethnique, religieuse…). Parallèlement les débuts de l’utilisation de l’ingérence humanitaire à des fins géostratégiques pose la question de l’utilisation de l’humanitaire comme outil politique. Enfin, le dégel et l’ouverture des interactions mondiales permet l’apogée de l’action philanthropique avec de nouveaux acteurs et terrains.
Suite aux événements dont il a été le témoin à Solferino, Henry Dunant et quatre collaborateurs : Guillaume Henri-Dufour, Gustave Moynier, Louis Appia et Théodore Maunoir ; se réunissent lors d’une commission en 1864 dans le but d’organiser une forme de secours aux blessés militaires. Ce désir d’apporter une aide humaine et matérielle au cœur des conflits est avant tout motivé par des considérations éthiques ; des idéaux que ces hommes vont s’efforcer de traduire sur le plan juridique. La création d’un droit est un passage obligé pour rendre possible l’action humanitaire mais tous les idéaux ne peuvent pas être traduits sur le plan juridique, comme en témoigne dans les années 1980 la question du droit d’ingérence. De plus la prétention à créer un droit international oblige à composer avec les mœurs de chacun et des compromis doivent être accordés.
Concilier idéal humanitaire et droit représente donc un défi ; défi sans cesse renouvelé puisque le droit international humanitaire se réinvente continuellement pour s’adapter aux nouvelles formes de conflits.