Malgré les efforts mis en œuvre pour résoudre les problèmes de gestion, les donateurs sont exigeants et demandent un droit de regard pour contrôler par eux-mêmes la gestion financière des ONG.
Afin de répondre aux attentes des donateurs, des organismes indépendants mettent alors en place des critères de classement des ONG, notamment basés sur la transparence. Outre la Cour des Comptes, organisme public qui contrôle les finances, des associations collaborent avec les ONG pour établir un contrôle et fournir ainsi aux donateurs un aperçu du parcours de leurs dons. Par exemple la fondation Prometheus propose un baromètre de la transparence pour classifier les ONG selon les informations qu’elles fournissent.
Transparence moyenne des ONG ayant répondu, selon les critères établis
En participant à ces initiatives et en collaborant aux différents organismes de contrôle, les ONG « jouent le jeu », en prenant leurs responsabilités face aux enjeux éthiques auxquels elles sont confrontées. Les classements proposés créent alors une émulation qui conduit encore une fois à la recherche d’une gestion idéale sans questionnements ni problèmes.
Cependant une transparence totale n’est pas souhaitable ni réalisable pour des systèmes financiers complexes. Pour une meilleure efficacité, les stratégies de gestion sont développées sur du long terme. Les dons ne sont alors pas immédiatement investis dans les missions sociales. Mais comprenons bien que si de telles stratégies sont mises en place, c’est que l’objectif est de faire fructifier l’argent donné. C’est pourquoi, face au risque d’incompréhension des donateurs, la transparence totale des actions financières peut présenter des effets paradoxaux.
Les ONG doivent donc pouvoir garder un contrôle sur les données financières qu’elles souhaitent publier. Toutefois, elles restent responsables de la gestion de leurs finances, et se doivent d’inscrire leur politique budgétaire et financière dans l’environnement moral des valeurs défendues. En somme, la complexité du fonctionnement des ONG, difficilement compréhensible par le grand public, permet de justifier, dans une certaine mesure, un manque de transparence dont on peut penser qu’il constitue ici un « mal nécessaire ».
Finalement, face à ces enjeux éthiques, engageant leur responsabilité, les ONG tentent d’apporter des solutions permettant une gestion financière respectant les valeurs morales de l’action humanitaire. Mais celle-ci ne doit pas être entravée, c’est pourquoi certaines libertés sont prises en matière de financement. Face aux problèmes qui sont alors soulevés, une nouvelle éthique de gestion de l’argent est mise en place. Ce n’est pas la résolution de ces problèmes qui est recherchée, mais plutôt l’amoindrissement de leur impact. La prétention n’est pas d’avoir un comportement en tout point parfait et indiscutable, mais de tendre à diminuer les aspects immoraux présents dans la gestion de l’argent. De cette manière, alors que les apparences peuvent parfois montrer le contraire, la plupart des ONG assument les responsabilités qui leur incombent et s’évertuent à trouver et appliquer des solutions pour une meilleure gestion de l’argent.