La Croix-Rouge critiquée

Pas de dénonciation publique des camps

      Selon certains historiens, comme Gerald Steinacher, les employés du CICR savaient très bien ce qui se passait réellement dans les camps. Par exemple, la Maréchale Pétain, qui était la présidente d’honneur du comité central de la Croix-Rouge française, demande des informations sur un camp de concentration dans la zone libre. Ces informations ne semblent pas claires et paraissent être masquées par des membres de la Croix-Rouge, comme le général Verdier, qui était délégué de la Croix-Rouge française dans la zone Sud et qui écrit dans ses rapport : « conditions médicales : nous ne les connaissons pas », « conditions de nourriture : nous ne les connaissons pas ».

C’est sans doute là le plus gros échec de l’organisation et ce pourquoi elle a été remise en question dès la fin de la guerre. D’ailleurs, l’une des critiques les plus virulentes prononcées à l’égard de la Croix-Rouge, et du CICR, a été son manque d’action et sa passivité alors que des milliers de personnes ont trouvé la mort. Or, ce manque d’action est dû, en particulier, à l’opposition de quelques hommes puissants et non de la volonté des bénévoles.

Une Croix-Rouge qui est trop proche du régime nazi, selon certains historiens

      Avant même la Seconde Guerre mondiale, en 1938, peu après la Nuit de cristal, Max Huber, le président du CICR de l’époque, qui est aussi le président du Tribunal international de la Haye, minimise la situation en soulignant que ce qui se raconte sur les camps et sur le sort des Juifs est exagéré. Certains historiens, comme Gerald Steinacher, pensent que c’est parce qu’il est à la tête de grandes entreprises suisses, notamment dans l’acier et qu’il fait de bonnes affaires avec l’armée allemande. Le vice-président du CICR de l’époque, Carl Jacob Burckhardt est lui aussi proche du Reich et a vite oublié ses appréhensions face aux nazis, qu’il trouvait trop radicaux et violents. Il approuve notamment certains points de leur idéologie, par exemple, l’hostilité des nazis face aux communistes, comme beaucoup d’hommes fortunés de la première moitié du XXe siècle.

Deutche_Rote_Kreuz_wwii_s
Affiche de pub pour la Croix-Rouge allemande, dépendante du Reich

Cependant c’est la Rote-Kreuz, la Croix-Rouge allemande, qui a été la plus vivement critiquée. En effet, le président de la Croix-Rouge allemande de l’époque, le docteur Grawitz, qui était le chef du service de santé de la SS, est lui-même très impliqué dans l’assassinat des Juifs. Il est responsable, entres autres, du meurtre en masse des handicapés et des expériences pseudo-médicales sur les détenus des camps de concentration de Sachsenhausen et de Dachau.

.

.

.

Un exemple de l’absence de la Croix-Rouge dans le Sud-Ouest de la France

      Lors de la Seconde Guerre mondiale, des Juifs, français et étrangers, furent assignés à résidence à Lacaune, dans le Tarn, pour être surveillés avant d’être, pour la plupart, déportés dans des camps d’extermination. Lacaune était un endroit stratégique pour l’État français. En effet, cette ville étant en altitude, la population de l’époque ne pouvait pas facilement être en contact avec les détenus. Par ailleurs, en étudiant les archives, on remarque que la Croix-Rouge a quasiment été absente à Lacaune. Cela s’explique, par ailleurs, en raison de la situation géographique de la ville et des moyens de transports de l’époque qui ne permettaient pas une visite régulière et efficace des camps, les Français se déplaçant principalement en bicyclette.

Dans d’autres camps, comme celui de Noé ou de Brens, des témoignages montrent que l’absence de la Croix-Rouge s’est avérée pesante pour les internés, notamment en ce qui concerne les naissances, dans le camp de Brens, qui est le seul camp pour femmes de France, ou encore en ce qui concerne les maux dus aux mauvais traitements.

Plus d’informations sur la Croix-Rouge tarnaise pendant la Seconde Guerre mondiale et sur la Pouponnière de Castres.

Pour en savoir plus.