L’origine
L’Histoire de l’université de Toulouse est un projet initié par le professeur Jean-Marc Olivier, qui sollicite au milieu des années 2010 deux historiens du laboratoire Framespa (université Toulouse-Jean Jaurès-CNRS), Caroline Barrera (INU Champollion) et Patrick Ferté (UT2J), membres de l’atelier Studium, pour diriger une histoire globale de l’université de Toulouse du Moyen Âge à nos jours. Ce projet ne relève pas, comme c’est souvent le cas, d’un anniversaire ou de quelque commémoration pluricentenaire, même si en 2019, on est à dix ans du huitième centenaire de la création de l’université de Toulouse. Différents éléments ont cependant compté dans l’émergence et la réalisation de cet ouvrage : la structuration de l’université fédérale de Toulouse, le développement du Quai des savoirs et la rénovation des locaux historiques de la faculté des sciences, la reconstruction ou le développement de campus, l’attention portée par les institutions à leurs archives ou à leurs collections. Il en va de même pour la convocation de l’histoire dans des stratégies de valorisation des institutions contemporaines qui nécessitent, de plus en plus, une réponse d’historiens. C’est un mouvement national et international auquel Toulouse ne saurait échapper. Encore fallait-il se garder de toute histoire apologétique. Éviter toute monographie d’autoglorification a été le souci constant des auteurs.
Les atouts
Ce projet éditorial a pu s’appuyer sur la qualité et la masse exceptionnelles du fonds archivistique conservé pour les huit siècles de l’existence de l’université. Cette masse requérait du recul et cet ouvrage a bénéficié de nombreux travaux de fonds menés par des chercheurs passionnés, ainsi que des avancées de l’historiographie depuis une quarantaine d’années.
Il a aussi pu compter sur des chercheurs toulousains ou hexagonaux, historiens ou non, capables de s’atteler à la tâche, d’avoir des regards croisés, ouverts à la démarche diachronique et à l’examen des contextes politiques, sociaux ou culturels. Aux côtés des historiens médiévistes (Jacques Verger et Patrice Foissac), modernistes (Patrick Ferté et Jérôme Lamy), contemporanéistes (Caroline Barrera, Jacques Cantier, Isabelle Lacoue-Labarthe, Rémy Pech, Gérard Périé), on trouve donc des historiens du droit (Olivier Devaux), de l’art (Nicolas Meynen), du sport (Fabrice Auger), de la médecine (Jean-Yves Bousigue), des juristes (Delphine Espagno, Laurent Grosclaude), des sociologues (Michel Grossetti et Christophe Jalaudin), un théologien (André Gounelle), un économiste (Alain Alcouffe) et une spécialiste du patrimoine universitaire (Anne-Claire Jolivet).
Les objectifs
Ces trois volumes ont pour objectif de couvrir l’histoire universitaire toulousaine, entendue au sens large, c’est-à-dire du Moyen Âge aux années 2010, dans toutes ses déclinaisons institutionnelles et disciplinaires, y compris celle de ses grandes écoles – pour beaucoup créations universitaires – ou de certains établissements aujourd’hui qualifiés de « privés », mais historiquement fondamentaux, comme l’institut catholique de Toulouse. C’est le principe d’une approche globale qui a été choisi et non pas celui d’un traitement fragmenté par établissement.
La même ambition a prévalu pour le spectre géographique de cette université « de Toulouse », dont la dimension régionale a été prise en compte, puisque des institutions extérieures lui sont plus ou moins rattachées, comme jadis les établissements cadurciens ou la faculté de Montauban. L’époque récente a préféré parler d’université de « Toulouse Midi-Pyrénées », incluant, entre autres, Albi, Tarbes, Rodez ou Castres. Considérer l’espace impliquait aussi de se soucier du rayonnement national et international de l’université toulousaine.
Sans occulter ni les grandes césures ni les grandes figures, il s’agissait encore de faire une place à la polyphonie d’une institution éminemment protéiforme en abordant l’ensemble de ses acteurs, des « vedettes de la science » aux acteurs ordinaires que sont nombre d’enseignants, que sont les étudiants, que sont aussi les « suppôts » de l’université – actuels personnels administratifs et techniques –, en rendant visibles les substrats, les pollinisations discrètes ou les stratégies palliatives, fussent-ils peu visibles ou moins glorieux, mais parfois essentiels quand on envisage le long terme.
L’écriture et les outils
Les auteurs et autrices de ces volumes ont adopté une écriture accessible à des publics variés, spécialistes ou non de l’histoire universitaire. Les différentes parties ont le souci d’être pédagogiques, d’être incarnées, en sortant de l’oubli nombre des acteurs et des actrices de cette riche histoire, mais aussi de s’inscrire dans les débats historiographiques européens ou internationaux.
Divers outils sont proposés au lecteur :
- des index recensent les noms de personnes, de lieux ou d’équipements pédagogiques ou scientifiques, ainsi que les principales matières traitées,
- des chronologies par périodes historiques qui facilitent les repérages temporels,
- des bibliographies qui guident vers d’autres travaux de référence.
Tandis que de larges extraits de textes et une iconographie variée et riche accompagnent la lecture.
Trois volumes mais un seul livre
Cette histoire s’organise en trois volumes qui respectent les découpages chronologiques traditionnels : le Moyen Âge (Jacques Verger et Patrice Foissac), l’époque moderne (Patrick Ferté) et l’époque contemporaine (dirigé par Caroline Barrera).
Mais chaque période reprend dans quatre ou cinq parties une trame assez similaire. La première partie de chaque période se focalise sur le déroulé chronologique institutionnel, repère et analyse les piliers structurels, les grandes réformes, aborde les questions matérielles et patrimoniales. Il replace l’université dans les différents contextes de son histoire, identifiant les « champs de force » au milieu desquels elle évolue. Les suivants, tout en proposant des périodisations claires, sont davantage thématiques sur les enseignants et leurs activités, sur les étudiants et sur les relations de l’université avec l’extérieur.
Au-delà des spécificités de chaque période, le lecteur pourra donc repérer des thématiques récurrentes : la construction institutionnelle, la question de la sécularisation, celle de la cohésion universitaire, les fonctions de l’université, la relation de l’université de Toulouse avec la ville rose, son rayonnement national ou international, les questions pédagogiques et scientifiques…