A l’annonce de la consigne, presque immédiatement, une idée me vint. Il faut distribuer des livres ? Parfait. Et si je saisissais l’opportunité pour aller en offrir un à une vieille amie terrée dans sa demeure ? Ça fait bien un moment qu’elle est seule maintenant, elle doit s’ennuyer. Peut-être que ça lui fera plaisir. Bon..
Quelques jours plus tard, je prends le volant. Sur le trajet, un tas de questions se bousculent dans ma tête, et je ne peux m’empêcher de penser à nos retrouvailles. Sera-t-elle contente de me revoir ? Est-ce que mon livre lui fera plaisir ? Est-ce vraiment légitime de prendre le risque de la déranger ? Je la connais, et j’ai bien peur qu’elle n’en reste muette.
Le trajet me semble interminable. Je retrouve sur mon passage les lieux d’enfance que j’ai tant aimés. Que nous avons tant aimés. Et que nous avons dû quitter. J’arrive presque à destination et ma gorge se serre. Je prends un temps pour souffler un bon coup, et je quitte ma voiture.
Mes pas sont fébriles, je ne veux pas déranger ses voisins. Et quel silence de mort, drôle d’endroit pour habiter. C’est petit et étroit, mais je me surprends à redécouvrir une maison toujours aussi encombrée et fleurie qu’à mon départ, quelle douceur.
En m’approchant, je la salue et lui dis combien elle m’a manqué. Sans surprise, sa réponse est froide et elle, elle reste de marbre. Je me permets de m’asseoir devant chez elle et de déposer sur le pied de sa porte un livre que j’ai pioché au hasard avant de partir. J’assiste à une envolée de corneilles, la bise me fouette la peau et fait s’agiter les arbres.
C’est sur ce dernier geste que je m’en vais. En me retournant, je jette un dernier coup d’œil derrière moi. Fruit du hasard ou du destin, je ne sais pas trop, Sweet ohm, lui, est bien arrivé à destination.
Je prends un temps pour souffler un bon coup et je quitte le cimetière.
Clara