Sous le soleil exactement

Le soleil nous arrache la peau, on dégouline, on fond. Le cuir à vif, agglutinés dans un fossé comme du vulgaire bétail, je regarde la boule de feu dans le ciel à la manière de Clint Eastwood, et je me dis que là, cette fois-ci, c’est mon heure. Non, ce n’est pas pour voir un concert de Rihanna que l’on risque nos vies, mais pour obtenir une Unité d’Enseignement d’Ouverture. Et si on shine bright like a diamond, c’est bien à cause de notre sueur.

Les parapluies en guise d’ombrelles, c’est une nuée de motifs à pois jaunes sur fond rouge, bleus à fleurs blanches, jaunes à rayures vertes, jacquards, tartans, pied de poule, marocains, écossais, vichy, à carreaux, à écailles, camouflage ou encore palme. Un cliché de Martin Parr version française.

Cinq heures. Cinq heures à rester là, dans la terre sableuse, avec à peine la place pour allonger nos jambes, cinq heures collés entre étudiants, à se partager nos fonds de bouteilles d’eau, à secouer la dernière goutte au-dessus de notre gosier. Peut-être pensez-vous que cela a permis une cohésion, une entraide émouvante entre jeunes personnes. Que nenni !

Les trente dernières minutes sont les plus douloureuses… nombre d’étudiants sont à bout. Un groupe de quatre jeunes hommes passe sur le côté et double pour foncer jusqu’à l’entrée. Hués par quelques âmes courageuses, ils font comme s’ils n’entendaient rien, leurs regards de poissons morts évitant de croiser celui de leurs victimes.

Enfin, la porte s’ouvre. Humanité perdue, nous sommes une horde de zombies shootée à l’adrénaline qui force et s’entasse pour chercher le Saint Graal à l’intérieur du bâtiment.

Mais alors, cette récompense, quelle est-elle ?

Ce texte. Car si vous le lisez, ça veut dire que je suis une survivante de l’insolation, et que j’ai eu ma place parmi les vingt heureux élus, écrivains en herbe de l’atelier d’écriture de Champollion.

Eléa

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