Il pleut sur Champo.
Des mille couleurs du ciel, il n’en reste qu’une, et ses nuances.
Du rose d’hier, il ne reste que des cendres ; du bleu de demain, on n’aperçoit qu’une ombre.
Le monde me fixe de son regard vide, de celui qui a tout vécu.
Il se fait silence.
Puis il s’éveille.
Aiguille par aiguille.
Impact par impact.
Avant que j’aie pu lever mon parapluie, le voilà déjà qui m’assaille.
S’infiltrant sous ma veste, se collant contre ma peau et hérissant mes poils.
Voici qu’il s’en prend à mes carnets, floutant mes notes, soudant leurs pages et m’offrant un aperçu de ce qui compte vraiment, en perçant mon front et mon palais :
Un avant-goût de la vie et de sa beauté,
Aiguille par aiguille.
Impact par impact.
Je sens comme des petites piques sur ma peau, des petites gouttes sur mes cheveux,
Je vois des peintures sur mes lunettes, de minuscules rivières le long des fenêtres.
Je vois une infinité d’éclats dans ce ciel de verre, dans cet azur multiple, dans cet étranger qui finalement ne m’a jamais quitté.
Je sens des abandonnés des cieux qui se plantent dans mon corps et sur les immeubles.
Je les vois couvrir titans comme enfants.
Et je sais leur père travailleur,
Je le sais attelé à son œuvre :
Un patchwork d’eau et de miracles.
Un art éphémère que sur nous tous aujourd’hui il tisse.
Aiguille par aiguille.
Impact par impact.
Arthur